L’année 2024 est marquée par une relance significative des dépenses d’investissement, s’élevant à 42,3 milliards F Cfa, contre seulement 20,9 milliards en 2023. Sur la base des restes à réaliser en portefeuille, des projets représentant plus de 80,3 milliards F Cfa devraient être exécutés d’ici fin septembre 2025, selon la dernière Note de conjoncture des finances locales publiée par la direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp, mars 2025).
Les dépenses d’investissement sont principalement orientées vers la construction de mairies, d’ouvrages d’art, ainsi que des infrastructures d’assainissement et d’adduction d’eau. En effet, 19,98 milliards F Cfa ont été consacrés à ces constructions, dont 8,49 milliards pour les mairies et 7,22 milliards pour les ouvrages d’art, l’assainissement et l’adduction d’eau. Cotonou concentre à elle seule 24 % des investissements communaux de l’année, soit 10,3 milliards F Cfa, suivie d’Abomey-Calavi (2,14 milliards) et de Dassa-Zoumè (1,27 milliard). En tout, 47 % des investissements sont réalisés par seulement dix communes, montrant une forte concentration géographique des capacités d’exécution.
Malgré cette dynamique, la note de conjoncture met en évidence une gestion perfectible des ressources. Si le taux de croissance national a progressé de 6,7 % en 2024, la situation des finances communales reste plus contrastée. Fin 2024, plus de 80 milliards F Cfa de ressources non consommées demeuraient dans les communes. Les prévisions annuelles des dépenses d’investissement étaient chiffrées à 188,99 milliards F Cfa contre 192,77 milliards de recettes d’investissement attendues en 2024.
Cette situation de faible taux d’exécution, déjà observée les années précédentes, soulève la question de la capacité réelle des communes à absorber les financements, souvent mobilisés grâce aux dotations de l’Etat et des partenaires techniques. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les communes à statut intermédiaire et ordinaires, où les besoins sont importants mais les outils de gestion semblent souvent limités.
Performances en demi-teinte
Les communes béninoises sont attendues sur deux fronts : l’exécution des projets d’envergure programmés et la réforme de leur gouvernance budgétaire. En 2024, les recettes propres ont couvert seulement 63 % des dépenses réelles de fonctionnement, contre plus de 100 % il y a cinq ans, une dépendance qui invite à repenser la stratégie de mobilisation des ressources locales. De plus, les recettes de fonctionnement des communes ont chuté de 26,8 % par rapport à 2023, principalement en raison des retards dans les transferts des recettes fiscales. Ce manque de ressources a réduit l’épargne brute des communes à 18 %, le niveau le plus bas enregistré en cinq ans, selon la Dgtcp.
Face aux défis, des réformes structurelles ont été engagées. L’introduction d’un référentiel budgétaire, le passage d’une comptabilité de caisse à une comptabilité d’exercice, et une formation accrue des trésoriers et des élus locaux devraient améliorer le taux de consommation des ressources et renforcer la confiance dans la décentralisation financière.
A ces réformes s’ajoutent une nomenclature budgétaire harmonisée et des ateliers réunissant trésoriers, élus locaux et partenaires. Ces rencontres ont été organisées pour optimiser la gestion des finances publiques et des investissements locaux, avec l’objectif de sécuriser les financements, améliorer la qualité des dépenses et accélérer l’exécution des projets. Ces efforts visent également à rendre les communes plus autonomes financièrement