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Second tour de l'élection présidentielle: Lionel Zinsou : A la quête de ce crédit qui rassure

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Par   Eklou, le 18 mars 2016 à 09h31

Il pouvait se targuer d’être mieux loti que ses pairs à l’entame de la campagne présidentielle avec l’alignement à ses côtés de trois grandes forces politiques du pays. Economiste de son Etat, Lionel Zinsou devra s’assurer ce crédit qui rassure l’opinion publique plus que le legs d’un régime qui est loin d’être irréprochable.

L’homme qui nourrit l’espoir d’un Bénin gagnant à son avènement au pouvoir se veut être le nouveau venu dont le passé n’est entaché d’aucune indélicatesse. Un crédit que réfutent d’aucuns en tenant pour fait que ce métis à la silhouette longiligne originaire de Doïssa dans la commune de Savalou n’a eu pour fière chandelle que son désintérêt entretemps de la gestion des affaires de sa cité mère. Pour eux, aucun Béninois ne peut se prévaloir d’une virginité en occupant un poste au plus haut sommet de l’Etat. Lionel Zinsou arrivé au gouvernement en juin 2015 avait tout à prouver dans son pays quoiqu’affichant un profil des plus flatteurs au regard des postes qu’il a occupés dans l’Hexagone.

Beaucoup espéraient qu’en neuf mois il apporterait un substantiel souffle à l’économie nationale. Son parcours que ses proches disent qu'il s’est construit en France et sa réputation outre-Manche en fait l’une des cinquante personnalités les plus influentes d’Afrique. L’ancien cadre du groupe Danone et associé-gérant au sein de la banque d’affaires Rothschild devenu par la suite patron du plus important fonds d’investissement français s’est lancé dans la course pour la présidentielle suite à sa désignation par les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) comme candidat unique de l’alliance à cette échéance électorale. Première force politique du pays, cette désignation devrait être un atout certain pour le Premier ministre d’autant plus que d’autres formations politiques et pas des moindres ont été convaincues de ses capacités à prendre les destinées du pays.
L’assurance à peine cachée, Lionel Zinsou espérait une victoire au premier tour de la présidentielle, dopé par les promesses d’une alliance forte des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), le Parti du renouveau démocratique (Prd) et la Renaissance du Bénin (RB). Ce qui devrait se formaliser dans les urnes s’est révélé une chimère. Un second tour devant départager inéluctablement les deux challengers arrivés en tête de ce premier round. Et dans ce scénario, loin de la sérénité de la Coalition de la Rupture portant le candidat Patrice Talon, le Premier ministre croit dur en ses chances de l’emporter, arguant que le report de voix de la majorité des candidats sur son adversaire n’influencerait pas si tant le scrutin. Chantre de l’afro-optimisme, l’hypothèse vaut son pesant d’or et seuls les électeurs pourraient arbitrer le duel du dimanche 20 mars prochain.

La réalité du terrain

Lionel Zinsou entend, à travers son projet de société, écrire une nouvelle page de la vie de son pays. Faire en sorte que le Bénin entre dans une nouvelle ère de gouvernance où l’administration est davantage au service des populations et évolue au rythme des entreprises.
«L’administration ne doit plus constituer un boulet au pied des entreprises, mais plutôt le facilitateur de la vie de ces entreprises», note-t-on dans les lignes de cette vision qui se veut prospective et orientée vers la croissance. Une ère où la corruption et le népotisme n’auront aucune place. «La corruption est un délit, une atteinte à la démocratie et un obstacle majeur au développement du Bénin. Il faudra dans la perspective de la lutte contre la corruption accélérer la numérisation de l’administration», croit-il.
Des idées auxquelles se seront opposées entretemps diverses forces de la vie sociopolitique du pays. Dans un contexte où le régime du président Boni Yayi connaît sa fin, beaucoup d’acteurs de la vie politique béninoise voient en cette candidature un troisième mandat du chef de l’Etat et considère sa désignation comme un parachutage. Lui qui n’aura fait que six mois dans le gouvernement en son temps fait ainsi l’objet de critiques. Face aux vaines promesses de la table ronde de Paris, rencontre dont il aurait été la cheville ouvrière et à son flirt avec le milieu des affaires et politique français, nombre de ses contradicteurs évoquent le retour de la Françafrique considérée comme le mal français dont le soubassement est la défense des intérêts de la France au détriment de ceux de ses anciennes colonies. La pilule est amère et effleure l’image du Premier ministre qui devra batailler dur pour conquérir le cœur des populations, fragilisé qu’il était déjà par les départs de nombreuses figures de proue des Forces cauris pour un Bénin émergent parties explorer d’autres horizons à la suite de sa désignation et frustrées qu’elles étaient des conditions dans lesquelles s’est opéré son choix.
Pour ce second tour, Lionel Zinsou devra s’assurer ce crédit qui rassure l’opinion publique plus que le legs d’un régime qui n’est point irréprochable.
Face à un électorat qui est loin d’être acquis derechef à la cause du président de la République parce que le sachant au crépuscule de son mandat, l’homme devra en ajouter davantage aux atouts que constituent les trois alliances qui le soutiennent vu le score que ces dernières ont fait dans leurs fiefs respectifs. Le pouvoir de Boni Yayi s’acheminant mal an bon an vers sa fin et face à la volonté de certains de voir s’opérer une alternance au sommet de l’Etat, la tâche s’annonce herculéenne pour le Premier ministre.
Rien n’est gagné d’avance pour le candidat de l’Alliance dite républicaine surtout que le K.O tant annoncé a fait chou blanc et que le ralliement de la majorité des candidats engagés dans la course à la Coalition de la Rupture portant son adversaire n'augure pour lui, rien de rassurant. ?