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Sécurité alimentaire et nutritionnelle: Les priorités du secteur agricole en 10 points

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 21 déc. 2022 à 14h31
L’Etat entend améliorer en 2023 les performances de l’agriculture béninoise, pour la rendre capable d’assurer de façon durable la souveraineté et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour ce faire, dix priorités sont définies dans la politique sectorielle.Faire passer le taux d’accès aux financements adaptés des exploitants agricoles de 34,67 % en 2020 à 35,7 % en 2023 à travers le Fonds national de développement agricole (Fnda) et atteindre une couverture de 35 % au moins des besoins en semences améliorées contre 30 % en 2020. Ce sont des orientations de la politique de l’Etat dans le domaine agricole, contenues dans le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2023-2025. En 2023, un Programme national de développement des plantations et grandes cultures sera mis en route, avec la mise en place de l’Agence de gestion des grandes plantations, la poursuite de la conquête d’espaces à aménager et la mise en valeur des périmètres sélectionnés. Il est question d’améliorer la productivité et la production des filières agricoles prioritaires : anacarde, ananas, maraîchage, riz, maïs, manioc, palmier à huile, agrumes, karité, soja, viande, lait, œufs de table, poisson d’aquaculture, d’après le document du ministère de l’Economie et des Finances. Il s’agira aussi de promouvoir les chaînes de valeur ajoutée des produits végétaux, animaux et halieutiques, notamment à travers le Projet intégré de développement des chaînes de valeur agricoles (Pdicdva) avec le soutien de la Banque africaine de développement. La transformation, le stockage, la conservation des produits agricoles et le développement des clusters ne seront pas du reste. Il est prévu le renforcement des infrastructures résilientes aux changements climatiques, l’installation des unités de transformation par les privés, la diffusion des nouvelles technologies de l’information. La mise en place des matériels et équipements respectueux des normes environnementales et sociales en vigueur et adaptés à toutes les catégories d’acteurs contribuera à la mécanisation agricole, tout comme le renforcement du dispositif technique de maintenance des machines agricoles et du Partenariat public-privé dans l’importation et la mise en place des équipements agricoles.

Facteurs de production

Plusieurs projets inscrits dans le programme d’action du gouvernement (Pag 2021-2026) feront l’objet d’études de faisabilité dès 2023. Des ressources financières et techniques nécessaires à leur réalisation seront mobilisées. L’accès équitable des producteurs aux facteurs de production pour le développement et la valorisation des aménagements hydroagricoles est aussi une priorité. Il est prévu le développement de la petite irrigation, l’exploitation durable des ressources naturelles : la gestion durable des terres, la gestion intégrée des ressources en eau, la gestion efficace des ressources fourragères et la stratégie de l’Agriculture intelligente face au climat. En termes d’infrastructures marchandes et de développement de services logistiques, la poursuite de l’opérationnalisation du quai fruitier, l’installation de chambres froides, de camions frigorifiques, la digitalisation des transactions commerciales et financières font partie des priorités. Un nouveau type d’élevage résilient sera promu, afin de garantir plus de sécurité et de rentabilité aux éleveurs. Pour ce faire, le projet de sédentarisation des troupeaux de ruminants (Proser) qui est à sa deuxième phase et le Projet de cohésion sociale des régions nord du golfe de Guinée (Coso) devraient connaître une accélération l’année prochaine, selon les projections du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Maep). En fait, le Proser met l’accent sur la valorisation des sous-produits agricoles et agro-industriels dans l’alimentation animale, avec la cession à coût réduit de 180 000 tonnes de graines de coton au profit de 5000 éleveurs bénéficiaires. Ce projet prévoit également l’acquisition de 200 géniteurs de race performante (Azawak) pour l’insémination de 1000 vaches de race locale ainsi que le renforcement du Centre national d’insémination artificielle bovine (Cniab) en matériel et équipements.

Combler les gaps

Le projet Coso qui sera déployé dans les départements de l’Atacora, de la Donga, du Borgou, de l’Alibori pour le compte du Bénin, vise à améliorer l’inclusion et la résilience socioéconomique et climatique des communautés des zones d’intervention. Le Projet d’appui au développement des filières lait et viande et à la promotion des entreprises d’élevage (Prodefilav-Pel 2022-2026) amorcera sa phase active. Il s’inscrit dans le cadre du Programme national de développement des filières lait et viande (Pndflv 2019-2024). Un programme « Pêche et aquaculture » sera mis en œuvre, avec pour défi majeur la couverture des besoins de la population en produits halieutiques. La production halieutique est évaluée à 76 925 tonnes tandis que l’importation des produits congelés est chiffrée à 105 817 tonnes en 2021, d’après les données de la direction de la Statistique agricole (Dsa/Maep). Il en ressort un taux d’autosuffisance en produits de pêche et d’aquaculture de seulement 41,4 % en 2021, qui traduit une forte dépendance du pays des importations. Les interventions prévues, notamment à travers le Projet de promotion de l’aquaculture durable et de compétitivité des chaines de valeur de la pêche (Promac 2021-2026), devront permettre d’accroître la production de poissons tilapia, clarias et autres poissons d’aquaculture dans le but d’augmenter la couverture des besoins de la population en ces produits?

Près de 100 milliards à investir

Le secteur agricole bénéficiera d’une enveloppe de 99,758 milliards F Cfa en 2023, soit une hausse de 13,5 % par rapport à 2022, suivant le budget défendu à l’Assemblée nationale par le ministre Gaston Cossi Dossouhoui. Outre les investissements directs, il importe d’améliorer la gouvernance et la gestion des filières. A ce propos, il est annoncé la prise des textes d’application de la loi d’orientation agricole de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la loi portant conditions de création, missions, organisation et fonctionnement des organisations interprofessionnelles agricoles. A cela, s’ajoutera l’appui à la structuration des acteurs des filières à haute valeur ajoutée, des filières conventionnelles et les filières émergentes. Le gouvernement entend consolider les acquis de l’opérationnalisation des pôles de développement agricole. Sous la houlette du Maep, il s’agit d’œuvrer à un meilleur fonctionnement des Agences territoriales de développement agricole (Atda), des directions départementales de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Ddaep), des services de recherche agricole restructurés. Il est également prévu le renforcement de l’autorité compétente de sécurité sanitaire des aliments, qui se traduira par la fusion du Laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments (Lcssa) avec l’Agence béninoise pour la sécurité sanitaire des aliments (Abssa) et le renforcement des capacités du personnel? C. U. P.