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Le président de la République a tenu un discours de vérité aux parlementaires participant aux travaux de la 52e session de l’Assemblée parlementaire Afrique Caraïbes Pacifique (Acp) et de la 36e session de l’Assemblée parlementaire paritaire Afrique Caraïbes Pacifique-Union européenne (Acp-Ue). Au regard des enjeux actuels de développement, il a fait part de ses suggestions quant au devenir desdites organisations.
Les parlementaires Afrique Caraïbes Pacifique-Union européenne (Acp-Ue) d’il y a dix ans et plus, c’est fini. Il faut une nouvelle race d’hommes et de femmes. Dans son adresse aux participants de la 52e session de l’Assemblée parlementaire Afrique Caraïbes Pacifique (Acp) et de la 36e session de l’Assemblée parlementaire paritaire Afrique Caraïbes Pacifique-Union européenne (Acp-Ue), le chef de l’Etat béninois, brisant ce qu’il appelle lui-même le « politiquement et le diplomatiquement correct » a servi un discours de vérité qui sonne, à vrai dire comme une exhortation pour un réveil de l’institution. Non pas qu’elle somnole ou sommeille, mais elle doit, de l’avis du président Patrice Talon, se tenir debout pour faire et opter pour la mise en œuvre d’un nouvel élan. La signature des accords de Cotonou II devrait établir, projette le chef de l’Etat, l’établissement d’un « modèle de coopération qui, sans remettre en cause les succès du passé, doit répondre aux défis à venir ». Pour le président Patrice Talon, l’état d’esprit, l’environnement global qui existaient autrefois et qui ont permis de construire ce bel instrument de coopération semblent désormais mis à l’épreuve. « Le multilatéralisme, la coopération n’ont plus, en ces temps, les bons jours qu’ils ont connus jadis et c’est dans ces conditions que se tiennent nos assemblées et vos sessions. Votre tâche est plus immense que ce qu’elle a été dans le passé. Chaque jour qui passe, renforce les difficultés des uns et des autres et met à l’épreuve la solidarité et le multilatéralisme », poursuit le chef de l’Exécutif devant les parlementaires en conclave à Cotonou. Son message d’exhortation ira encore plus loin pour « plus de réalisme et d’innovations dans la conception du rôle nouveau de la coopération Acp-Ue ».
Le chemin parcouru est appréciable, mais on peut constater depuis quelques temps que la dynamique s’essouffle. La coopération Acp-Ue semble manquer de plus en plus de contenu, relève-t-il. « Si nous gardons notre dynamisme et nos élans, notre façon de voir les choses, tels qu’ils l’ont été depuis plusieurs décennies, nous aurons le malheur de constater au fil des années à venir que la dynamique Acp-Ue s’estompera », analyse le président de la République. Son conseil à ce niveau, c’est qu’il faille prendre acte du recul et voir dans quelles mesures agir pour inverser la tendance.
Nouvel élan !
« Nous constatons chaque année que les peuples élisent des populistes. C’est de comprendre ce qui amène au populisme. Nous sommes interpellés à revoir notre façon de concevoir la coopération, le développement, la solidarité afin que nos sessions à venir proposent une gouvernance conforme à l’état d’esprit de nos peuples et de nos gouvernants », laisse-t-il entendre. Aussi, salue-t-il, la résolution envisagée par ces parlementaires pour la promotion des Pme, qu’il entrevoit comme un facteur important de développement. « L’aide au développement a montré ses limites », rappelle-t-il au passage.
Mieux, la coopération commerciale, jadis le principal objectif des parlements Acp-Ue doit faire place à la promotion du développement endogène, suggère le président Patrice Talon. Il se veut en effet formel sur le fait que « le développement de nos pays passe désormais par l’investissement privé, l’implantation et le développement des Petites et moyennes industries ». Le fait pour les sessions de Cotonou de s’y pencher est vu par lui comme « une avancée majeure et une innovation par rapport au rôle classique de l’Acp-Ue». Mais il faudra faire plus, lance le chef de l’Etat qui ne voudrait pas se contenter du peu. Il faut « exhorter à doubler d’énergies ». Les parlementaires d’il y a vingt ans et avant n’ont pas déployé beaucoup d’énergies parce que l’environnement était plus favorable, illustre-t-il. Puis, il indiquera que « désormais, dans un environnement aussi horrible ayant mis tant à l’épreuve la coopération », le rôle devient plus difficile.