La Nation Bénin...
A la faveur de la séance plénière de ce mardi 14 mai, les Groupes parlementaires Union progressiste Le Renouveau (Up-R) et Bloc républicain (Br) ont fait, à tour de rôle à la tribune de l’hémicycle, une déclaration pour apporter leur soutien ferme à la posture du président de la République, Patrice Talon, par rapport à la situation actuelle entre le Bénin et le Niger. La déclaration des députés Br a été lue par le président du Groupe parlementaire, Assan Séïbou et celle de l’Up-R par la députée Alice Dadégnon.
Lire l’intégralité des deux déclarations
Déclaration
du Groupe parlementaire Bloc républicain
Monsieur
le président de l’Assemblée nationale,
Honorables
députés,
Chers
collègues,
Le
lundi 6 mai 2024, le gouvernement de notre pays a notifié à l’ambassadeur de la
République populaire de Chine près le Bénin, ainsi qu’à la société de gestion
du pipeline, la Cnpc (China National Petroleum Corporation), sa décision de
bloquer l’embarquement du pétrole nigérien, à partir de la plateforme de
Sèmè-Podji, où atterrit l’oléoduc traversant notre territoire national. Le
mercredi 8 mai, à la sortie du Conseil des ministres, le chef de l’Etat,
Patrice Talon, a informé l’opinion publique nationale et internationale, des
raisons ayant fondé cette décision. On en retient trois points-clés :
C’est d’abord l’effort inlassable du Bénin
pour la normalisation des relations entre nos deux pays à la suite des
sanctions de la Cedeao. Notre pays, faut-il le rappeler, a longuement plaidé
pour la levée des sanctions décidées contre le Niger, ne serait-ce que pour des
raisons humanitaires.
C’est
ensuite, la promptitude du Bénin à rouvrir ses frontières, dès la levée des
sanctions par la Cedeao.
C’est
enfin, la disponibilité manifestée par le gouvernement, pour la relance de la
coopération entre nos deux Etats, à travers l’envoi de messages aux dirigeants
nigériens, mais aussi et surtout, en dépêchant à Niamey, son chef de la
diplomatie.
Malheureusement,
toutes ces preuves de bonne volonté, sont restées sans suite.
A
cette étape, il nous parait essentiel de rappeler que le Bénin, à l’origine de
la crise, n’avait procédé à la fermeture de sa frontière, qu’en vertu des
décisions de la Cedeao prises sur la base du Traité, des protocoles et
conventions ratifiés par tous les Etats membres. Les sanctions décidées et appliquées
par la Cedeao, ne sont pas nouvelles ; mais dans le cas présent, le Niger a
fait fixation sur le Bénin en l’accusant à tort, de vouloir lui faire la
guerre. Même le Nigéria qui a conduit les réunions de sanctions contre le Niger
et qui les a appliquées fermement, n’a pas été traité d’hostile par le Niger.
Aujourd’hui
encore, c’est avec stupéfaction que les Béninois constatent qu’après la levée
des sanctions de la Cedeao et l’ouverture des frontières par tous, le Niger
continue de garder fermée, seulement la Frontière du Bénin. Et pour toute
raison avancée, la seule ridicule et fausse information de l’existence des
bases militaires étrangères à ses frontières, citée enfin par le Premier
Ministre du Niger pour convaincre l’opinion nationale et internationale. Il
s’agirait de Tourou (Parakou), Porga, Kandi, Madicalli (Malanville).
Chers
collègues, vous comprenez avec moi qu’il y a manifestement une totale
incohérence avec les frontières du Niger et les informations que nous
connaissons sur notre pays.
Cette
situation interpelle tous les Béninois.
Pour
nous, le Bénin passe pour un bouc émissaire de la situation que traverse le
Niger. Car réellement, aucune menace sécuritaire liée à la présence de troupes
étrangères, n’explique l’attitude du Niger ; sinon c’est d’autres frontières
qu’il fermerait. Il faut se rendre à l’évidence que le Bénin devra redouter un
plan de sa déstabilisation militaire, car les raisons évoquées par le Niger ne
sont pas économiques.
Monsieur
le Président et Chers collègues,
Dans
le Préambule de notre Constitution, nous « affirmons notre volonté de coopérer
dans la paix et l’amitié avec tous les peuples qui partagent nos idéaux de
liberté, de justice, de solidarité humaine, sur la base des principes
d’égalité, d’intérêt réciproque et de respect mutuel de la souveraineté
nationale et de l’intégrité territoriale ». L’article 1er de notre Constitution
clame : « l’Etat du Bénin est une République souveraine ».
En
conséquence, le Président de la République du Bénin étant le garant de cette
souveraineté et de notre dignité, doit prendre des décisions et avoir des
attitudes qui les préservent. Le Bénin doit accepter des compromis
internationaux, mais jamais une humiliation.
C’est
pour cela que nous saluons et soutenons sans réserve, les décisions prises
courageusement hier et aujourd’hui, par le Président Patrice Talon, devant des
décisions extrêmes de fermeture de frontière contre notre pays. C’est dans ce
sens que le Groupe parlementaire Bloc républicain exprime du haut de cette tribune,
sa totale solidarité à la posture de notre Gouvernement dans cette affaire de
pipeline pétrolier du Niger, car elle permet à tout notre peuple de préserver
sa souveraineté, sa dignité et sa fierté d’être Béninois.
Le
Bloc républicain, tout en rejetant fermement les allégations militaires du
Niger en ce moment, affirme qu’il n’appartient à aucun pays au monde, le droit
de dicter au Bénin, les lieux qu’il doit occuper sur son territoire, pour
implanter ses forces de sécurité et de défense.
Nous
voudrions lancer un appel à tous nos collègues sans distinction et à tout le
peuple béninois, pour qu’ils perçoivent la profondeur, la justesse, et la
valeur patriotique de la posture du Gouvernement sur l’acheminement du pétrole
nigérien à Sèmè. La fermeture de la frontière c’est pour toute marchandise et
l’attitude autour de projets communs avec d’autres Etats, doit marcher avec
notre dignité. De même, il est impérieux de sortir de la posture
malheureusement alimentée volontairement ou non, avec la complicité de certains
de nos compatriotes, qui laisse croirent au Niger, que nous ne nous en
sortirons pas sans ce pays frère ou que nous lui sommes hostiles.
Le
Bénin et le Niger sont des frères condamnés à vivre ensemble. Il est mieux que
nous retrouvions rapidement la voie du dialogue fraternel, car nous nous sommes
assez donné en spectacle devant les autres. Nous savons que le gouvernement de
Patrice Talon est prêt à cela, nous espérons voir celui du Niger donner des
signes, pour que dans la dignité et le respect mutuel, nous dépassions cette
crise.
Vive le Groupe parlementaire Br
Vive le Bénin,
Je vous remercie.
Fait à Porto-Novo le 14 mai 2024
Déclaration
du Groupe parlementaire Union progressiste Le Renouveau
Le
Groupe parlementaire Up le Renouveau, à la suite de la Haute direction
politique du parti, félicite le gouvernement et le président Patrice Talon pour
avoir entrepris et soutenu la levée des sanctions décidées et mises en œuvre
par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après
le renversement par les armes, le 26 juillet 2023, des institutions
démocratiques de la République sœur du Niger. L’ouverture subséquente des
frontières de notre pays avec notre voisin ainsi que les nombreuses démarches
initiées par le gouvernement du Bénin en direction des autorités du Niger
depuis septembre 2023 sont la preuve irréfutable de la volonté du chef de
l’Etat, Patrice Talon à renouer les liens avec notre pays frère, le Niger.
Malheureusement,
force est de constater que les autorités nigériennes ont maintenu leur
frontière terrestre fermée à l’égard de notre pays après l’avoir ouverte en ce
qui concerne le Nigéria invoquant des raisons non fondées, relatives à une
prétendue installation de bases militaires étrangères sur le territoire
béninois.
Le
Groupe parlementaire Up le Renouveau regrette cette attitude de mépris des
autorités nigériennes vis-à-vis de notre pays qui n’a rien fait d’autre
qu’appliquer, au même titre que le Nigéria, une décision communautaire prise en
vertu des textes auxquels les pays membres ont adhéré y compris la République
sœur du Niger. Notre Groupe parlementaire condamne par ailleurs, les propos
regrettables et mensongers constamment tenus par les dirigeants du Niger à la
recherche d’un bouc émissaire, à l’égard des autorités et de l’Etat béninois à
des fins de manipulation de l’opinion nationale et internationale et qui sont
maladroitement amplifiés sur les réseaux sociaux.
Le
Groupe parlementaire Union progressiste le Renouveau soutient le gouvernement
du Bénin pour avoir pris acte du maintien par le Niger de la fermeture de sa
frontière en ordonnant subséquemment la suspension du chargement par navires
dans nos eaux territoriales du pétrole brut produit par la République du Niger.
Le
Groupe parlementaire Up Le renouveau condamne par la même occasion l’attitude
du parti Les Démocrates qui accuse et dit ‘’déplorer l’approche conflictuelle
adoptée par le pouvoir de la rupture et préconise le dialogue respectueux des
intérêts de toutes les parties notamment l’aspiration fondamentale des peuples
du Bénin et du Niger à la paix sans ingérence étrangère…’’
Que
reprochent-ils concrètement au président de la République et son gouvernement ?
Quelle faute particulière a commise le gouvernement du Bénin en condamnant la
prise de pouvoir par les armes dans la sous-région ouest africaine? Est-ce de l’ingérence étrangère que de mettre
en œuvre la décision de fermeture des frontières avec le Niger prise par la
Cedeao ; la même institution régionale qu’ils appellent à temps et à
contre-temps à intervenir au Bénin ? Pourquoi les pourfendeurs de la rupture se
refusent-ils de prendre parti pour leur pays en intégrant dans leur analyse les
efforts du président de la République ayant abouti à la levée des sanctions et
les nombreuses démarches du gouvernement restées sans suite de la part des
autorités du Niger ?
En
quoi l’affirmation de la dignité et de la fierté du Bénin et les efforts
soutenus de notre pays à se démarquer comme un pays bien gouverné et respectueux
des textes communautaires serait-elle conflictuelle ?
Que
recommandent en définitive, les pourfendeurs du gouvernement ?
La
promotion des coups d’Etat comme mode d’accès au pouvoir dans nos pays ?
La
mise à genoux ou l’humiliation du Bénin qui a amené un ancien président de la
République à déclarer le Bénin, notre pays, comme composante de notre voisin de
l’Est ?
Ou
bien le fait que le Gouvernement et sa Majorité n’aient pas travaillé à
affaiblir la communauté, comme d’autres l’ont fait ?
Ce
moment où le président du Bénin pouvait se promener dans les rues de Paris,
mouchoir en main, sous prétexte de pleurer le terrorisme en France alors que le
même phénomène sévit plus gravement en Afrique de l’Ouest est révolu.
C’est
le lieu de faire observer que les donneurs de leçons après s’être rendus à
Malanville pour constater et déplorer la fermeture de la frontière par le Bénin
en application des décisions de la Cedeao, n’ont pas cru devoir y retourner
depuis que notre pays l’a rouverte mais que les dirigeants du Niger la
maintiennent fermée. Est-ce à dire que les transporteurs ne souffrent pas quand
ce sont les Nigériens qui gardent leur frontière fermée ?
Le
Groupe parlementaire Up Le Renouveau saisit cette occasion pour féliciter le
gouvernement pour sa proactivité qui permet à notre pays, dans un contexte
d’accès difficile aux intrants agricoles, d’en trouver et surtout de les
subventionner afin de les rendre disponibles à coûts réduits à nos producteurs.
C’est pourquoi il se félicite de la décision du gouvernement d’interdire
l’exportation massive et frauduleuse de nos produits vivriers, en particulier
le maïs, vers des pays voisins, pendant que les populations béninoises
l’achètent trop cher sur nos marchés. Car, si nous avons produit 2 050 000 tonnes
de maïs au cours de la campagne agricole 2023-2024 alors que nos besoins de
consommation nationale se chiffrent à 1 million de tonnes, cela veut dire que
le produit devrait être disponible et accessible à toutes les bourses. Aussi,
invitons-nous le Gouvernement à poursuivre la structuration de notre économie
afin de la rendre plus résiliente face aux chocs exogènes.
Enfin,
l’Union progressiste le Renouveau encourage le gouvernement à rester attentif à
la réponse favorable à l’appel à la lucidité, à la responsabilité et au
dialogue qu’il a constamment lancé au Gouvernement du Niger, en conformité à la
ligne politique historique du Bénin et à sa foi en la solidarité, la
fraternité, la cohésion et la paix entre les Etats africains.
Vive l’Union progressiste le Renouveau !
Vive le Bénin !
Porto-Novo, le mardi 14 mai 2024.