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Festival international du Livre et des Arts assimilés du Bénin: Une Afrique unie autour de la littérature

Culture
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Du 10 au 12 octobre 2024, le Bénin a accueilli la 3e édition du Festival international du Livre et des Arts assimilés (Filab) à Cotonou. Un rendez-vous majeur pour la promotion de la littérature et le brassage des cultures africaines.

 

Par   Lhys DEGLA, le 29 oct. 2024 à 09h28 Durée 3 min.
#Filab 2024 #Art et culture

L’objectif principal du Festival international du Livre et des Arts assimilés (Filab) est de promouvoir les cultures africaines et de renforcer le rôle de la littérature dans l’identité collective du continent. C’est aussi une occasion unique pour la jeunesse de découvrir les trésors culturels et littéraires du continent à travers les œuvres et la prise de parole des autres pays participants.

L’une des premières interventions a été menée par la sœur Nfono Menie Rose Marie, écrivaine gabonaise qui a apprécié la présence d’un public scolaire, soulignant que «ce sont les jeunes qui feront vivre la littérature africaine demain ». Cette édition a vu la participation active d’élèves, notamment dans les échanges sur l’importance du livre en milieu scolaire.

Marie Berthy Mawem, coordonnatrice du Pôle des Arts littéraires du Cameroun et promotrice du festival Festifou, a pour sa part, présenté une analyse de la place du livre dans la société camerounaise et les efforts à fournir pour améliorer l’accès aux ouvrages dans les écoles. « Nous devons pousser à la création de bibliothèques dans chaque établissement scolaire», affirme-t-elle. Selon elle, cela permettra de stimuler la curiosité des élèves et de les amener à apprécier la richesse de la littérature africaine.

Marie Berthy Mawem propose une solution concrète avec l’initiative. ''Un établissement, une bibliothèque'', qu’elle porte au Cameroun à travers Festifou. Elle plaide pour l’agrandissement du Filab et appelle à une plus grande coopération avec des institutions internationales comme l’Institut Français et l’Institut Goethe, pour favoriser des échanges littéraires et encourager la modernisation du livre en Afrique.

L’écrivaine gabonaise, sœur Nfono Menie Rose Marie, conférencière lors du festival, a mené une réflexion sur la compatibilité entre la culture, la religion et la tradition. « Parler de l’homme, c’est parler de son identité », déclare-t-elle. Elle ajoute que si les religions importées ont parfois cherché à se démarquer des traditions africaines, il est temps de repenser cette interaction.

« À l’époque de la négritude, la question de l’identité a été centrale. Aujourd’hui encore, nous devons poser la question : qui suis-je? », poursuit la religieuse. Sa présentation a également abordé l’importance de la littérature gabonaise dans la transmission de l’identité culturelle. Cependant, elle déplore le manque de traductions de qualité des œuvres en langues africaines, ce qui limite l’expression des réalités locales.

Un pont entre l’enseignement et la littérature

L’intervention de Idrissa Sow Gorkodjo, écrivain sénégalais et administrateur des éditions Amnestophales, a permis de souligner l’importance d’écrire dans les langues nationales. «Le livre est un vecteur puissant pour favoriser les industries créatives et la reconquête de notre identité culturelle », explique-t-il. Il cite l’exemple du projet Biblio Vélo, qu’il a mis en place au Sénégal pour favoriser l’accès des enfants aux livres. Des mallettes pédagogiques, contenant des ouvrages en langues locales, sont transportées dans les villages via des vélos. Ce projet a été soutenu par l’Institut français à Paris et a permis non seulement de rapprocher la lecture des jeunes, mais aussi de créer de l’emploi pour les artisans locaux. Idrissa Sow plaide pour une plus grande intégration des langues africaines dans les systèmes éducatifs, évoquant les efforts du Sénégal où six langues nationales seront introduites dans le cursus scolaire à partir d’octobre 2024. «Nous avons prouvé que l’enfant peut lire s’il a accès à des livres dans sa langue maternelle », souligne-t-il.

La littérature, une passerelle entre les cultures

Lors de sa conférence, Marina Ondo, enseignante à l’École normale supérieure du Gabon, a abordé les défis linguistiques dans la littérature africaine. « Nos langues regorgent de concepts intraduisibles en français », note-t-elle. Cela rend parfois difficile l’expression authentique des réalités africaines à travers la langue héritée de la colonisation. Ondo propose comme solution de « tordre la syntaxe française» pour essayer d’adapter cette langue aux canons culturels africains. Elle estime cependant que le chemin reste long pour atteindre un équilibre entre l’usage du français et la préservation des langues nationales, appelant à davantage d’efforts pour favoriser l’écriture dans les langues locales.

Rosny Lee Sage Souaga, écrivain et promoteur culturel gabonais, est le président du Festival international du Livre gabonais et des Arts (Filiga), qui se tient chaque année à Libreville. Il a annoncé que l’édition 2025 se déroulera du 29 au 30 mai, avec pour thème central «L’intelligence culturelle à l’ère des transformations digitales ». Le Filiga réunit chaque année plus de 20 pays et une trentaine d’invités internationaux, accueillant auteurs, éditeurs et promoteurs culturels venus d’Afrique et d’ailleurs. Rosny Lee Sage Souaga a également souligné l’importance des relations culturelles entre le Gabon et le Bénin, invitant à renforcer ces liens à travers la littérature.

Michel Mendi, auteur et éditeur sénégalais, a salué l’initiative du Festival international du Livre et des Arts assimilés du Bénin (Filab), tout en soulignant la nécessité d’améliorer certains aspects de l’organisation. Il a notamment mentionné l’importance de fluidifier la logistique et d’accroître la participation du public à travers une communication proactive. Il a également mis en lumière les thématiques abordées, telles que la circulation du livre et l’apprentissage des langues nationales, qui, selon lui, permettent aux acteurs du livre de repartir avec des solutions concrètes pour améliorer leur travail.

Au-delà des conférences, le Filab a aussi permis de renforcer les liens entre les pays africains participants. Marie Berthy Mawim souligne la diversité culturelle du festival, marquée par des échanges enrichissants autour de la cuisine locale, des pratiques artistiques et des approches littéraires variées. «Chaque écrivain a sa particularité, mais tous contribuent à un même objectif : faire avancer la littérature africaine », conclut-elle.

Les participants ont salué l’initiative du Bénin d’organiser cet événement et ont exprimé leur souhait de voir le Filab se développer davantage pour devenir une référence incontournable dans la sphère littéraire africaine. Komi Ezin s’engage à poursuivre les efforts pour pérenniser cette plateforme d’expression et de promotion des œuvres africaines. Ainsi, entre valorisation de l’identité, encouragement à la lecture chez les jeunes, et exploration des intersections entre culture et tradition, le Filab 2024 a été un véritable succès. Un rendez-vous qui place le livre au centre du développement économique et social en Afrique, en rappelant qu’il est non seulement un objet de connaissance, mais aussi un moteur de changement■