La Nation Bénin...
La
triste nouvelle n’a pas tardé à faire le tour du Bénin et du monde. José Pliya
n’est plus. Le chargé de mission du président Patrice Talon aux Arts et à la
Culture a tourné le dos à la scène, samedi 12 avril dernier à Miami, aux
Etats-Unis. Le Bénin perd l’un de ses dignes fils, reconnu pour son talent et
son expertise. Retour sur son riche parcours consacré à la littérature, aux
arts et à la Culture.
Ecrivain et dramaturge franco-béninois, José Pliya, fils du célèbre Jean Pliya, a contribué énormément à la transformation de la scène béninoise depuis 2016. Sa mort subite est un coup dur pour le gouvernement, les acteurs culturels, le Bénin entier et au-delà. Selon plusieurs sources, le chargé de mission de Patrice Talon aux Arts et à la Culture serait en mission à Miami quand la Faucheuse est intervenue, suite à une crise cardiaque. Il était à cinq jours de la célébration de ses 59 ans. Ainsi en a voulu le Tout-Puissant.
José
Pliya s'est révélé au Bénin au lendemain de sa nomination au poste de directeur
de l’Agence nationale de promotion des Patrimoines et de développement du
Tourisme (Anpt) en 2016, et plus tard, chargé de mission du chef de l’Etat
Patrice Talon aux Arts et à la Culture. Ardent défenseur de la culture
francophone et béninoise en particulier, il a été une cheville ouvrière de la
restitution des 26 œuvre culturelles du Bénin par la France et de leur
exposition au Palais de la Marina. José Pliya a apporté son expertise à la mise
en place de programmes muséaux, à la revitalisation de la scène béninoise et sa
visibilité à l’international. Grâce, à lui et plusieurs autres acteurs, à
commencer par le chef de l’Etat, le Bénin fascine aujourd’hui le monde, de
Cotonou à Osaka, en passant par Casablanca, Martinique, Paris, Venise, à
travers les arts et la culture. José Pliya a contribué à révéler la culture
béninoise aux Béninois, à transformer le 10 janvier en Vodun Days avec un
succès éclatant. Il laisse derrière lui un lourd et riche héritage à entretenir
durablement ; un flambeau à garder allumé.
Avant son entrée au Palais
José
Pliya est professeur certifié de Lettres modernes à la base. En effet, après
son Baccalauréat A2 en 1985 au Lycée La Fontaine de Niamey au Niger, il
s’envole pour la France où il obtient en 1990, sa licence de Lettres Modernes à
Sorbonne Nouvelle Paris III. Il enchaîne avec sa maîtrise en 1991, son Dea en
1995 et son doctorat en Lettres Modernes, en 2003, sur « le Concours théâtral
interafricain de Rfi ». Parallèlement à ses études de Lettres à Sorbonne, il a
suivi une solide formation d’homme de théâtre, au cours Simon et au cours
Florent à Paris. C’est ainsi que le rôle d’acteur, la mise en scène,
l’entreprise du spectacle et, plus tard, l’écriture dramatique l’ont façonné.
Le professeur enseigne sa matière de base mais reste aussi étroitement lié aux
arts et à la culture. En 2003, José Pliya est promu directeur artistique de
l’association « Ecritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe ». L’année qui
suit, il est nommé délégué académique aux arts et à la culture au sein du
Rectorat de la Martinique. En 2005, il est encore promu mais cette fois-ci au
poste de directeur général de l’Artchipel, scène nationale de la Guadeloupe. Il
enseigne aussi le théâtre à Middlebury College (Vermont, Usa). En 2016, il
accepte de mettre son expérience et son savoir-faire à contribution pour
révéler le Bénin et son riche patrimoine culturel au monde.
Œuvres et distinctions
José Pliya est auteur de nombreux ouvrages de théâtre mis en scène, tels que « Nègrerrances», « Le masque de Sika», « Le complexe de Thénardier», « Parabole », « Cannibales », «Une famille ordinaire », « Nous étions assis sur le rivage du monde…», « Amour, Colère et Folie », «Lettres à l’humanité». Il a également reçu plusieurs distinctions à l’instar du Prix du jeune théâtre 2003 de l’Académie française et le Prix du meilleur auteur contemporain 2003 par l’Association étudiants au théâtre. En novembre 2022, la France par le biais de son ambassadeur au Bénin, Marc Vizy, a reconnu le talent de José Pliya en lui décernant l’insigne de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
En tant que dramaturge, l’illustre disparu a mis en scène plusieurs créations. Parmi lesquelles figurent « Mon petit poucet », tournée de mars à juin 2011 avec 60 représentations ; « De la race en Amérique, le discours de Philadelphie » de Barack Obama, créée en janvier 2009, tournée de février 2009 à juillet 2010 avec 80 représentations; « Quêtes » et « La sœur de Zarathoustra », créations en juillet 2008 et 2009 de Middlebury College (Vermont Usa). José Pliya a contribué à plusieurs festivals, associations d’auteurs, formé des générations d’étudiants et d’acteurs. Son héritage est grand. Le chargé de mission du chef de l’Etat aux Arts et à la Culture était marié et père de trois enfants. Il rejoint le royaume des cieux en laissant derrière lui plusieurs chantiers au Bénin et ailleurs dans le monde, qu’il aurait sans doute aimé voir prendre corps ou s’achever.