La Nation Bénin...
Le
tissu teint à l’indigo selon le procédé naturel ancestral n’est plus seulement
un art. C’est désormais un métier, avec de nombreux corps dérivés. La tenue à
Ouidah de la troisième édition du Symposium de l’indigo africain (Sia) a permis
de révéler bien des faces cachées de cette activité devenue plus que
génératrice de revenus.
Les
‘’indigotières’’ du Bénin et d’ailleurs, à l’occasion de la troisième édition
du Symposium de l’indigo africain (Sia) ont exposé aux acteurs du monde
culturel et artisanal, diplomates, députés, élus locaux, universitaires et
autres des aspects peu ou pas connus de leur métier. Beaucoup y voient un
travail artisanal comme tout autre. Mais dans les faits, il n’en est rien.
Qu’on soit dessinateur, attacheuse, teneur de cuve… l’art de l’indigo se
structure autour de différents corps de métiers qui se dévoilent et se
professionnalisent de plus en plus. Si le troisième Sia a décidé de mettre
l’emphase sur ces métiers, c’est pour valoriser le travail de ceux qui y
consacrent leur énergie, leur temps et leur vie. Parmi eux, l’initiatrice du
symposium, Nadia Adanlé. L’évolution et la professionnalisation du tissu teint
à l’indigo selon le procédé naturel ancestral ont permis de former de nombreux
professionnels appelés à faire leurs preuves sur le marché. Très peu au départ,
ils sont aujourd’hui des dizaines, spécialisés dans tel ou tel autre domaine. Hommage
a été rendu aux pionniers de cet art à l’ouverture du symposium. Attestations
de fin de parcours, bâton de commandement pour les plus réputés, gadgets
divers, insignes de reconnaissance… Tout ce qui permet de valoriser et de
mettre en lumière le talent des gens de l’indigo était au menu.
Nadia
Adanlé, promotrice de Couleur indigo dont la vocation est de promouvoir cet
art, s’est réjouie de cet instant qui lui permet entre autres de célébrer
certains de ses collaborateurs, du moins ses collaborateurs d’hier. Car,
collaborateurs par le passé, ils sont désormais des collègues, soutient-elle.
« Le virus de l’indigo a fait son effet de contagion », se
réjouit-elle. Le travail de l’indigo est une profession faite de plusieurs
métiers. Lesquels exigent une méthode de travail adaptée. Le passage de main
passe principalement par le tutorat pour les apprenants qui ont fait l’option
de se spécialiser. C’est un métier exigeant et passionnant, reconnait-elle. Ses
pairs et elle ont en tout cas fait l’option de rester fidèles à une tradition,
à un art, celui de l’authentique, s’est-elle engagée. « Nous devons donner
le meilleur de nous et maintenir le flambeau haut, tant qu’il nous restera un
souffle de vie », laissera-t-elle entendre.
Les
motifs comptent
La troisième édition du Symposium de l’indigo africain (Sia) a également mis en lumière les motifs, un des pans essentiels du travail des ‘’indigotières’’. Elles ont saisi l’instant du symposium pour transporter dans l’univers du bleu, les nombreux invités et participants au symposium. La danse des motifs. C’est ainsi qu’on pourrait résumer cette autre séquence de la rencontre qui a permis de présenter à Indigo Home à Ouidah, les seize gammes du tissu Elu Vo. Les motifs existants (plus de 800) ont été présentés au public de manière à lui permettre d’appréhender le processus de fabrication. La complexité et le travail qualitatif qui précèdent le produit fini ne doivent plus passer inaperçus, ont soutenu les ‘’indigotières’’ qui ont décidé de les mettre en lumière. L’objectif ici, c’est de « donner un aperçu des richesses infinies de cet art, à travers la pluralité des gammes et l’infinité des motifs et, ainsi, amener le public à saisir la dimension triptyque (historique, socioculturelle et identitaire) de ce savoir-faire mais aussi à cerner les défis qui lui sont inhérents ».