La Nation Bénin...
Selon de nouvelles projections de l’Ocde, l’aide publique
au développement pourrait chuter jusqu’à 17 % cette année, poursuivant une
tendance déjà amorcée en 2024. Cette contraction menace particulièrement
l’Afrique subsaharienne qui dépend de cette aide dans des secteurs vitaux comme
la santé, l’éducation et l’humanitaire.
Pour la première fois depuis près de trente ans, les
quatre principaux bailleurs d’aide publique au développement (Apd) à savoir
l’Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont simultanément
réduit leurs engagements en 2024. L’Organisation de coopération et de
développement économiques (Ocde, juillet 2025) anticipe une nouvelle chute de
l’aide nette en 2025, comprise entre 9 % et 17 %. En valeur absolue, cette
contraction représenterait une perte de 56 milliards de dollars en seulement
deux ans.
L’Afrique subsaharienne est particulièrement touchée.
L’aide bilatérale vers la région pourrait reculer de 16 % à 28 % en 2025, un
retour à des niveaux comparables à ceux du milieu des années 2000, une période
où les besoins en développement étaient tout aussi pressants. Dans une région
où les investissements privés restent insuffisants et instables, cette
réduction pourrait freiner considérablement le développement économique et
social.
Le secteur de la santé, historiquement l’un des premiers
bénéficiaires de l’aide internationale, connaît un recul continu depuis la fin
de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Après une chute de 40 % en 2023 et de
6 % en 2024, les financements à la santé en Afrique subsaharienne pourraient
encore diminuer de 14 % à 29 % en 2025, estime l’Ocde.
Impacts durables
La diminution de l’Apd menace les programmes fondamentaux
tels que la nutrition, les soins de santé primaires et l’accès à l’eau potable,
fragilisant ainsi les avancées vers la couverture sanitaire universelle.
Le financement de l’aide humanitaire qui est vital dans
une Afrique subsaharienne confrontée à de multiples crises, pourrait diminuer
jusqu’à 36 % entre 2023 et 2025. L’éducation, secteur clé pour l’avenir du
continent, risque aussi de voir ses ressources baisser de 18 % à 22 %. Cela
pourrait compromettre les efforts pour améliorer l’accès à l’enseignement et la
qualité des apprentissages.
Par ailleurs, le soutien à la gouvernance, aux droits
humains et à la société civile pourrait être également impacté, dans un
contexte où plusieurs pays de la région connaissent une instabilité politique
et institutionnelle accrue.
Le désengagement annoncé des Etats-Unis d’Amérique illustre ces menaces. Washington prévoit une réduction drastique de son budget Apd, notamment avec la suppression des dotations au Fonds mondial, à l’Alliance du vaccin (Gavi) et à l’Organisation mondiale de la santé (Oms), ainsi qu’une diminution substantielle de l’aide au Vih/Sida. Cette politique aura des répercussions profondes sur la structure même de l’aide internationale, avec des effets ressentis dès la fin de 2026.
Coup dur !
Les organisations multilatérales qui jouent un rôle clé
en Afrique subsaharienne subissent elles aussi la pression. Pour rappel, près
de la moitié de l’Apd destinée aux pays les moins avancés transitent par ces
canaux. En 2023, les onze pays ayant annoncé des réductions représentaient une
part importante des financements du Programme alimentaire mondial (Pam), du
Fonds mondial, de l’Unicef et de l’Oms. Leur retrait fragiliserait encore
davantage la solidarité internationale, en particulier dans les zones où ces
institutions sont souvent les premiers intervenants.
Chiffres clés du recul de l’Aide publique au développement
• Baisse projetée en 2025 : de 9 % à 17 % au global
• Apd bilatérale vers l’Afrique subsaharienne : -16 % à
-28 %
• Aide à la santé : -14 % à -29 % en 2025 (vs 2024)
• Aide humanitaire : -21 % à -36 % (2023-2025)
• Aide à l’éducation : -18 % à -22 % (2023-2025)
• Etats-Unis : 51 % de l’Apd santé en 2022, dotations en
forte baisse.
Après avoir augmenté afin de répondre aux demandes créées par les crises consécutives récentes, l’Apd devrait poursuivre son recul en 2025 et à court terme