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Afrique subsaharienne: Le triple fardeau selon le rapport Africa’s Pulse

Economie
Les perspectives de croissance dans la région sont assombries par l’insuffisance des stratégies de prévention et d’adaptation face aux conflits et au changement climatique Les perspectives de croissance dans la région sont assombries par l’insuffisance des stratégies de prévention et d’adaptation face aux conflits et au changement climatique

Alors que la croissance reprend lentement en Afrique subsaharienne, le dernier rapport Africa’s Pulse alerte sur les défis persistants de gouvernance, de surendettement et de vulnérabilité face aux conflits et au changement climatique. Pour répondre aux attentes croissantes des populations, des réformes profondes s’imposent.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 05 mai 2025 à 07h38 Durée 3 min.
#Afrique subsaharienne

L’activité économique en Afrique subsaharienne devrait passer de 3,3 % en 2024 à 3,5 % en 2025, avec une accélération prévue à 4,3 % entre 2026 et 2027, selon les projections de la Banque mondiale. Toutefois, cette performance reste freinée par des poids lourds régionaux tels que l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud. En dehors de ces économies, la croissance moyenne attendue pour le reste de la région est bien plus vigoureuse : 4,6 % en 2025 et 5,7 % d’ici 2027, précise la trente-et-unième édition d’Africa’s Pulse (Banque mondiale, avril 2025), intitulée « Améliorer la gouvernance et répondre aux besoins des populations ».

Rapport phare de la Banque mondiale sur la conjoncture économique en Afrique subsaharienne, le document rédigé sous la direction d’Andrew L. Dabalen et Cesar Calderon, dresse un tableau contrasté d’une région amorçant une reprise modérée, mais toujours exposée à de fortes incertitudes politiques, aux défis climatiques et à des institutions fragiles. Il indique que le revenu réel par habitant demeure inférieur de 2 % à son niveau de 2015. Les projections prévoient une lente diminution du taux de pauvreté extrême à 43,9 % en 2025 puis 43,2 % en 2027.

Défis de gouvernance 

Le poids du service de la dette devient écrasant : il absorbe jusqu’à 50 % des recettes publiques. En 2024, 20 des 48 pays de la région ont consacré plus de ressources au remboursement de la dette qu’à la santé et à l’éducation réunies. Les intérêts à payer sur la dette extérieure atteindront environ 20 milliards de dollars en 2025, dont les trois quarts sont dus à des créanciers privés, à la Chine et à d’autres institutions non multilatérales, indique le rapport.

L’inflation médiane qui a baissé de 7,1 % en 2023 à 4,5 % en 2024, devrait se maintenir autour de 4,6 % jusqu’en 2027. Pourtant, 14 pays, dont le Ghana, le Nigeria et le Zimbabwe, enregistrent encore des taux à deux chiffres. Si plusieurs banques centrales commencent à assouplir leurs politiques monétaires, les pressions restent vives, alimentées par les incertitudes commerciales mondiales.

Le rapport met également en lumière l’érosion de la confiance entre les citoyens et leurs gouvernements, soulignant que la majorité des pays sont en recul en matière de participation et de responsabilisation. Les experts appellent à un renforcement du contrat fiscal, à une justice plus efficace et à une régulation économique plus transparente.

Sortir de l’impasse !

Par ailleurs, les conflits internes se multiplient, accentuant la vulnérabilité des populations. La guerre au Soudan a déjà déplacé 12,9 millions de personnes. En République démocratique du Congo, les affrontements avec les rebelles du M23 se sont intensifiés. Plus de 120 millions d’Africains sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire aiguë, dont 80 % vivent dans des pays en proie aux conflits.

Le changement climatique en rajoute à cette pression. En termes de coût, jusqu’à 9 % des budgets publics en Afrique subsaharienne sont absorbés par les réponses aux catastrophes naturelles, selon Africa’s Pulse 2025. La région devra investir entre 30 et 50 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie pour l’adaptation climatique.

Pour sortir de l’impasse, le rapport préconise des réformes ambitieuses. Il s’agit d’élargir l’assiette fiscale de façon équitable, garantir la transparence dans les marchés publics, faire respecter l’exécution des contrats et stimuler la concurrence économique. Le renforcement des institutions est également préconisé comme une condition essentielle pour attirer les investissements et créer des emplois formels dans une région encore largement dominée par l’informel.