La Nation Bénin...
Alors
que la croissance reprend lentement en Afrique subsaharienne, le dernier
rapport Africa’s Pulse alerte sur les défis persistants de gouvernance, de
surendettement et de vulnérabilité face aux conflits et au changement
climatique. Pour répondre aux attentes croissantes des populations, des
réformes profondes s’imposent.
L’activité
économique en Afrique subsaharienne devrait passer de 3,3 % en 2024 à 3,5 % en
2025, avec une accélération prévue à 4,3 % entre 2026 et 2027, selon les
projections de la Banque mondiale. Toutefois, cette performance reste freinée
par des poids lourds régionaux tels que l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du
Sud. En dehors de ces économies, la croissance moyenne attendue pour le reste
de la région est bien plus vigoureuse : 4,6 % en 2025 et 5,7 % d’ici 2027,
précise la trente-et-unième édition d’Africa’s Pulse (Banque mondiale, avril
2025), intitulée « Améliorer la gouvernance et répondre aux besoins des
populations ».
Rapport phare de la Banque mondiale sur la conjoncture économique en Afrique subsaharienne, le document rédigé sous la direction d’Andrew L. Dabalen et Cesar Calderon, dresse un tableau contrasté d’une région amorçant une reprise modérée, mais toujours exposée à de fortes incertitudes politiques, aux défis climatiques et à des institutions fragiles. Il indique que le revenu réel par habitant demeure inférieur de 2 % à son niveau de 2015. Les projections prévoient une lente diminution du taux de pauvreté extrême à 43,9 % en 2025 puis 43,2 % en 2027.
Défis de gouvernance
Le
poids du service de la dette devient écrasant : il absorbe jusqu’à 50 % des
recettes publiques. En 2024, 20 des 48 pays de la région ont consacré plus de
ressources au remboursement de la dette qu’à la santé et à l’éducation réunies.
Les intérêts à payer sur la dette extérieure atteindront environ 20 milliards
de dollars en 2025, dont les trois quarts sont dus à des créanciers privés, à
la Chine et à d’autres institutions non multilatérales, indique le rapport.
L’inflation
médiane qui a baissé de 7,1 % en 2023 à 4,5 % en 2024, devrait se maintenir
autour de 4,6 % jusqu’en 2027. Pourtant, 14 pays, dont le Ghana, le Nigeria et
le Zimbabwe, enregistrent encore des taux à deux chiffres. Si plusieurs banques
centrales commencent à assouplir leurs politiques monétaires, les pressions
restent vives, alimentées par les incertitudes commerciales mondiales.
Le
rapport met également en lumière l’érosion de la confiance entre les citoyens
et leurs gouvernements, soulignant que la majorité des pays sont en recul en
matière de participation et de responsabilisation. Les experts appellent à un
renforcement du contrat fiscal, à une justice plus efficace et à une régulation
économique plus transparente.
Sortir de l’impasse !
Par
ailleurs, les conflits internes se multiplient, accentuant la vulnérabilité des
populations. La guerre au Soudan a déjà déplacé 12,9 millions de personnes. En
République démocratique du Congo, les affrontements avec les rebelles du M23 se
sont intensifiés. Plus de 120 millions d’Africains sont aujourd’hui en
situation d’insécurité alimentaire aiguë, dont 80 % vivent dans des pays en
proie aux conflits.
Le
changement climatique en rajoute à cette pression. En termes de coût, jusqu’à 9
% des budgets publics en Afrique subsaharienne sont absorbés par les réponses
aux catastrophes naturelles, selon Africa’s Pulse 2025. La région devra
investir entre 30 et 50 milliards de dollars par an au cours de la prochaine
décennie pour l’adaptation climatique.
Pour sortir de l’impasse, le rapport préconise des réformes ambitieuses. Il s’agit d’élargir l’assiette fiscale de façon équitable, garantir la transparence dans les marchés publics, faire respecter l’exécution des contrats et stimuler la concurrence économique. Le renforcement des institutions est également préconisé comme une condition essentielle pour attirer les investissements et créer des emplois formels dans une région encore largement dominée par l’informel.