La Nation Bénin...
Portée par des réformes pro-business, un cadre incitatif et la montée en puissance de ses zones économiques spéciales, l’amélioration du climat des affaires renforce la réputation du Bénin comme destination attractive pour les investisseurs internationaux. Une dynamique confirmée lors du Cfc Africa Tour tenu du 16 au 18 novembre à Cotonou.
De la transformation locale à l’accès privilégié au marché régional, le Bénin mise sur une stratégie économique articulée autour de la compétitivité et de l’industrialisation. Des atouts mis en lumière lors de la deuxième édition du Casablanca Finance City (Cfc) Africa Tour, tenue du 16 au 18 novembre à Cotonou au profit des investisseurs marocains et béninois.
A l’occasion, Paul-Marie Kodja, administrateur général adjoint de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), a présenté une synthèse structurée des atouts qui placent aujourd’hui le Bénin parmi les destinations les plus stratégiques pour l’investissement en Afrique de l’Ouest. Pour lui, le premier facteur d’attractivité réside dans la volonté politique. Depuis 2016, le gouvernement béninois a engagé des réformes profondes pour fluidifier l’acte d’investir et sécuriser les projets privés. Le Code des investissements révisé propose des exonérations fiscales et douanières pouvant aller jusqu’à 12, voire 17 ans selon la nature du projet. La loi portant création des zones économiques spéciales (Zes) renforce cet environnement en simplifiant les démarches, en unifiant les procédures administratives via un guichet unique et en rationalisant la fiscalité applicable aux entreprises.
Parallèlement, la digitalisation des services publics progresse dans l’Administration. Les démarches de création d’entreprise, de délivrance d’agréments ou de régularisation douanière sont largement accessibles en ligne, réduisant les délais et augmentant la transparence. En outre, l’Etat promeut la libre mobilité des capitaux et un cadre modernisé pour les partenariats public-privé, ce qui renforce la sécurité et la confiance des investisseurs étrangers, souligne M. Kodja. A cela s’ajoutent la grève limitée à 10 jours par an avec un maximum de 2 jours par mois, l’énergie électrique à un tarif préférentiel.
Un cadre fiscal et douanier incitatif
Les avantages ne se limitent pas à une amélioration de l’environnement administratif. Selon l’Agence de promotion des investissements et des exportations (Apiex) et les documents officiels encadrant les Zes, les entreprises éligibles peuvent bénéficier d’avantages fiscaux majeurs : réduction de l’impôt sur les sociétés, exonérations sur les droits de douane, facilités liées aux intrants importés et à la réexportation, ou encore régime sectoriel adapté aux activités industrielles.
Au cœur de cette stratégie se trouve la Zone industrielle de Glo-Djigbé qui s’étend sur 1640 hectares, présentée comme un levier majeur de transformation. Dédiée prioritairement à l’agro-industrie, au textile, au bois, aux services et à plusieurs chaînes de valeur à forte intensité d’exportation, cette ville d’affaires a été conçue comme un écosystème intégré. Les infrastructures sont développées en partenariat entre l’Etat béninois et le groupe Arise Iip, avec un modèle où les services, les installations, les normes environnementales et les facilités logistiques sont pensés pour attirer des investisseurs internationaux exigeants.
Plusieurs unités de transformation du coton, du soja, de l’anacarde, du bois et de produits maraîchers y sont déjà opérationnelles ou en phase d’installation. Le gouvernement mise sur cette zone pour créer massivement des emplois industriels, réduire la dépendance du pays aux exportations de matières premières brutes et accroître les recettes en devises.
Un marché régional en pleine expansion
L’attractivité du Bénin repose également sur sa position géographique. Membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le pays situé à côté du grand Nigeria, son premier partenaire commercial, offre un accès direct à un marché régional de plus de 420 millions de consommateurs. Situé sur le corridor Lagos-Abidjan, l’un des plus dynamiques d’Afrique, le Bénin est un point d’entrée stratégique pour les produits agroalimentaires, les biens manufacturés et les services logistiques.
La Banque mondiale relève par ailleurs que cette position centrale est un avantage déterminant pour les entreprises qui souhaitent diversifier leurs débouchés en Afrique de l’Ouest, tout en bénéficiant d’un cadre réglementaire relativement stable.
Le pays avance ainsi avec une cohérence rare dans la région, en combinant stabilité politique, innovation institutionnelle et vision industrielle. A mesure que les zones économiques spéciales montent en puissance et que les réformes se consolident, le Bénin pourrait bien devenir, dans les années à venir, l’une des références régionales en matière de compétitivité et d’attractivité.
Trois secteurs prioritaires
La présentation de Paul-Marie Kodja rappelle la vision stratégique globale du Bénin, celle d’orienter le développement vers les secteurs à fort potentiel. L’agroécosystème constitue la première priorité, avec un accent sur la transformation locale des produits agricoles pour maximiser la valeur ajoutée. Le deuxième axe concerne les filières tournées vers l’exportation, notamment le textile et les produits agro-industriels qui concentrent d’importants investissements. Enfin, les services, du tourisme à l’économie numérique, représentent un gisement de croissance dans une économie en pleine diversification.
L’ensemble de ces choix stratégiques vise à soutenir un développement plus inclusif, axé sur l’industrialisation, l’innovation et la montée en compétence de la main-d’œuvre. La Banque mondiale anticipe une croissance soutenue par le vaste programme de réformes, les investissements publics et privés et la montée en puissance de la Gdiz, tout en invitant le pays à renforcer sa résilience face aux risques climatiques. L’agribusiness, le textile et le tourisme pourraient devenir des moteurs clés d’un développement durable, à condition de consolider les infrastructures logistiques et l’accès au financement.
La Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), dédiée à la transformation locale de produits agricoles, présente des avantages subséquents pour les investisseurs