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Banque africaine de développement: Un nouveau cap fixé

Economie
Sidi Ould Tah Sidi Ould Tah

Sidi Ould Tah, le nouveau président de la Banque africaine de développement, entend transformer les défis africains en opportunités de prospérité. Sa vision est de combler le fossé entre les ambitions affichées et leur mise en œuvre.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 05 sept. 2025 à 11h42 Durée 3 min.
#Banque africaine de développement (Bad)

« Nous serons la Banque qui comble les fossés entre les régions, entre les ambitions et l’exécution, entre le public et le privé, entre l’urgence et la bureaucratie ». Cette déclaration de Sidi Ould Tah, nouveau président de la Banque africaine de développement, résume le défi colossal qu’il s’engage à relever. Celui de faire de l’institution financière panafricaine un catalyseur d’action efficace et concret, avec une nouvelle orientation pour le développement du continent. Face aux défis démographiques, climatiques et économiques du continent, le nouveau président mise sur une approche pragmatique. Son propos lors de sa prise de fonction ce 1er septembre à Abidjan en Côte d’Ivoire explore les contours d’une banque plus agile, plus à l’écoute et résolument tournée vers les solutions. Le rôle de la Banque était de veiller à ce que les solutions soient façonnées par les perspectives, les priorités et l'action africaines. Il ne s’agit donc plus de regarder dans une seule direction, mais de s’inspirer de toutes les sagesses pour forger une voie résolument africaine. « L’Afrique doit regarder vers le nord, le sud, l’est et l’ouest, non pas pour imiter, mais pour puiser la sagesse et la force dans toutes les directions, tout en définissant sa propre voie », a-t-il déclaré. Ce propos signe la fin d’une approche mimétique et le début d’une ère où les solutions doivent être conçues par et pour l’Afrique. Pour traduire cette vision en actes, Sidi Ould Tah a annoncé un plan d’action ambitieux pour ses cent premiers jours, articulé autour de quatre priorités urgentes.

Tout d'abord, la priorité absolue sera d'écouter pour mieux agir, à travers une vaste consultation visant à ancrer la stratégie de la banque dans les besoins réels du terrain. Dans un second temps et pour traduire cette écoute en résultats tangibles, un programme de réformes accéléré sera lancé afin de renforcer la rapidité opérationnelle et supprimer les lourdeurs administratives. Parallèlement à ces réformes internes, le président entend élargir les partenariats et mobiliser des capitaux à grande échelle, notamment auprès de nouveaux investisseurs institutionnels, pour répondre à l'urgence financière, en particulier la reconstitution du Fonds africain de développement. Enfin, et surtout, toutes ces actions doivent converger vers un objectif ultime qui est de proposer des solutions concrètes pour les populations en accélérant l'accès au financement, la création d'emplois et l'autonomisation de la jeunesse et des femmes.

Impératif 

Sidi Ould Tah estime que la Banque africaine de développement ne peut à elle seule répondre à toutes ces priorités. Le partenariat n’est pas une option, mais le pilier central de sa stratégie. Il s’engage à travailler main dans la main avec les gouvernements, le secteur privé et les partenaires internationaux, non plus de manière isolée, mais en synergie. Cette vision cherche à positionner la Bad comme l’architecte d’un nouveau cadre financier qui sert l’Afrique selon ses propres conditions. En étendant son réseau à de nouveaux acteurs financiers, la Banque espère débloquer les financements nécessaires pour combler le déficit d’infrastructures et stimuler une croissance inclusive. « J’ai l’intention d’étendre les partenariats de la Banque à de nouveaux acteurs tels que les fonds souverains, les fonds de pension, entre autres. La Banque africaine de développement ne devrait pas chercher à tout faire et servir tout le monde. Elle doit se concentrer sur les domaines où elle peut avoir le plus d’impact, toujours dans un esprit de partenariat », a-t-il indiqué. La promesse de combler le fossé entre l’urgence et la bureaucratie répond aux attentes des entrepreneurs et des gouvernements qui réclament une banque plus réactive. Son engagement à formaliser l’économie, renforcer les Pme et encourager l’entrepreneuriat montre une compréhension fine des leviers de la création de richesse et des emplois en Afrique. Toutefois, le défi sera de taille. Transformer la culture d’une grande institution, accélérer les procédures sans sacrifier la rigueur et mobiliser des capitaux à grande échelle dans un contexte géoéconomique complexe constitueront les véritables tests de son leadership. «L’Afrique nous regarde… La jeunesse nous attend… Le temps est à l’action ! », a affirmé le président. Le top est donné et désormais, le continent attend les premiers actes tangibles de cette nouvelle gouvernance promise.