La Nation Bénin...
Malgré
des pluies précoces et localement abondantes dans certaines zones du Bénin, le
mois d’avril 2025 s’est achèvé sur un bilan hydrique globalement déficitaire.
La Cellule technique de suivi et d’appui à la gestion de la sécurité
alimentaire (Ct/Sagsa) alerte sur les disparités régionales et recommande une
vigilance accrue.
Entre
espoirs pluvieux et réalités du terrain, la campagne agricole 2025-2026
s’amorce dans un climat d’incertitude, marqué par des écarts pluviométriques
notables et une vigilance accrue des acteurs du secteur. A travers son Bulletin
d’information et d’alerte précoce sur la Sécurité alimentaire (Biap-San) pour
le compte du mois d’avril 2025, la Cellule technique de suivi et d’appui à la
gestion de la sécurité Alimentaire (Ct/Sagsa) a dressé un premier état des
lieux de l’évolution de la campagne agricole 2025-2026. Il en ressort que le
mois d’avril a été marqué par une installation progressive de la saison
pluvieuse, des activités agricoles en hausse, mais aussi des conditions
hydriques globalement déficitaires, qui pourraient influencer les semis à
venir. Le réseau pluviométrique d’observation indique une situation disparate selon
les zones agroécologiques. Si la première décade d’avril s’est montrée
favorable au Centre et au Sud, avec des précipitations relativement
importantes, notamment à Pobè (79,5 mm en 3 jours), le nord du pays, en
particulier Kandi, a reçu des volumes nettement inférieurs (1,4 mm en 1 jour).
Cette tendance s’est maintenue tout au long du mois. Ainsi, lors de la deuxième
décade, Kouandé a enregistré un maximum de 108,6 mm en 4 jours, tandis que
Kandi, une fois encore, n’a recueilli que 0,6 mm en un jour.
En
fin de mois, les précipitations ont semblé plus généralisées. La plus forte
quantité de pluie a été observée à Sémé-Kpodji dans l’Ouémé avec 114,3 mm en 3
jours, contre 2,2 mm à Kandi. Ce déséquilibre illustre les défis persistants de
l’installation homogène de la saison des pluies, condition essentielle à une
bonne réussite agricole. Selon la Cellule technique d’appui à la sécurité
alimentaire du ministère de l’Agriculture, bien que les cumuls pluviométriques
décadaires soient globalement excédentaires par rapport à la moyenne de
référence (1991-2020), les cumuls depuis le début de l’année comme ceux de la
saison des pluies demeurent majoritairement déficitaires. Le bilan hydrique sur
l’ensemble du territoire reste donc négatif.
Des cultures vivrières encore timides
Sur
le plan végétatif, le Bulletin révèle que la plupart des cultures vivrières ne
sont pas encore installées. Seules les zones de bas-fonds affichent une
activité notable : le maïs y atteint les stades de floraison et d’épiaison,
tandis que l’arachide est en floraison. Les cultures maraîchères, pour leur
part, progressent bien dans les zones adaptées, atteignant divers stades de
développement. Cette dynamique lente mais graduelle reflète à la fois les
hésitations liées aux incertitudes climatiques et les précautions prises par
les producteurs avant d’engager leurs semis. Il faut tout de même noter qu’en
dépit de la faible régularité des précipitations, les travaux champêtres
s’intensifient. Dans le nord du pays, les agriculteurs s’activent au
défrichement de nouvelles parcelles, aux premiers labours et aux semis précoces
de maïs et d’arachide.
Parallèlement,
des activités de cueillette et de commercialisation de produits agricoles
saisonniers, comme la noix de cajou, les mangues ou le miel, animent les
marchés locaux. Dans les régions du Centre et du Sud, les labours et les semis
se poursuivent à un rythme plus soutenu. Les cultures de racines, notamment le
manioc, sont en cours de récolte et de transformation. Dans la Vallée de l’Ouémé,
les produits maraîchers arrivent sur les étals, illustrant une bonne
organisation des producteurs dans cette zone à fort potentiel agricole.
Des enjeux cruciaux
Si
la campagne semble s’installer progressivement, les signaux hydriques invitent
à la prudence. Le déficit en eau enregistré depuis le début de l’année civile
et de la saison des pluies constitue une alerte pour les autorités agricoles et
les partenaires techniques. Les risques liés à un démarrage tardif ou
irrégulier des pluies pourraient compromettre le calendrier agricole, impacter
les rendements et, in fine, affecter négativement la sécurité alimentaire dans
certaines zones vulnérables. Le Bulletin d’information et d’alerte précoce sur
la Sécurité alimentaire recommande ainsi un suivi rigoureux de la pluviométrie
dans les semaines à venir, et la mobilisation rapide des dispositifs
d’accompagnement des producteurs, notamment pour les semences améliorées, les
engrais et le conseil agricole. Une attention particulière devra également être
accordée aux zones du Nord où les déficits pluviométriques s’accumulent.
C’est dire que le mois d’avril 2025 marque une phase de transition cruciale pour la campagne agricole 2025-2026 au Bénin. Si les signaux sont encourageants dans plusieurs localités, l’hétérogénéité des précipitations appelle à une vigilance renforcée. Le défi est grand, mais les efforts conjoints des acteurs du monde rural, des services techniques et de l’État permettront de maintenir le cap pour une campagne réussie.