La Nation Bénin...

Chaînes de valeurs industrielles: Le Bénin mise sur les segments les plus rentables

Economie
La Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), au cœur de la stratégie nationale pour capter davantage de valeur ajoutée. La Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), au cœur de la stratégie nationale pour capter davantage de valeur ajoutée.

Le Bénin ambitionne désormais de capter une part plus importante de la valeur ajoutée dans ses filières agricoles et extractives à travers la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). Dans une logique de transformation avancée et d’attractivité renforcée, le pays s’appuie sur un cadre légal incitatif, des infrastructures intégrées et un modèle industriel orienté vers les segments les plus rémunérateurs. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 21 nov. 2025 à 01h42 Durée 3 min.
#valeurs industrielles #Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz)

Le Bénin poursuit son offensive industrielle avec l’objectif de se positionner sur les maillons les plus rentables des chaînes de valeurs, en allant au-delà de la simple production de matières premières et de la capacité industrielle actuelle de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), qui est au cœur de cette ambition. Il s’agit désormais de capter la vraie valeur en s’engageant dans la transformation avancée de la production nationale. « Lorsqu’un pays s’arrête à la première transformation, il capture très peu de valeurs. La Zone est destinée à faire les trois niveaux de transformation et puis à accroître la compétitivité de nos produits, en mettant en avant une marque forte, le “Made in Benin”», explique Faki Adjé, directeur général adjoint de Sipi-Bénin, gestionnaire de la Zone. La vision de la Gdiz est donc de développer des industries capables d’assurer la première, la deuxième et la troisième transformation des matières locales. Ce changement stratégique vise à repositionner l’économie béninoise sur les segments hautement rémunérateurs, notamment dans le coton, l’anacarde, le soja ou encore certaines ressources naturelles antérieurement sous-valorisées. Depuis sa création en 2020, La Zone fait ses preuves, avec la confection de vêtements et dérivés, la production de carreaux issus de matières locales, démontrant la capacité du pays à transformer ses ressources au-delà des usages traditionnels. Cette montée en gamme est soutenue par un dispositif légal incitatif avec la loi 2022-38, entrée en vigueur en janvier 2023, qui clarifie les avantages fiscaux et douaniers offerts aux investisseurs. Elle distingue deux phases : l’installation dans la Zone et son exploitation. « Durant l’installation, les entreprises bénéficient d’exonérations sur les équipements importés. Une fois l’exploitation lancée, elles profitent d’allègements fiscaux importants, dont une exonération de l’impôt sur les sociétés allant de 12 à 17 ans », clarifie Faki Adjé.

En plus des avantages fiscaux, la Gdiz propose un guichet unique regroupant toutes les formalités administratives : création d’entreprise, démarches Anip, procédures douanières connectées au Guichet unique du commerce extérieur (Guce). Une simplification qui contribue à renforcer l’attractivité du site.

Les piliers du “Made in Benin”

Le secteur textile est l’un des leviers majeurs de création de valeurs. D’ici à 2030, le Bénin ambitionne de transformer 100 % de son coton fibre et d’atteindre une capacité annuelle d’un milliard de pièces confectionnées. Une stratégie qui permettrait au pays de quitter progressivement son statut d’exportateur de coton brut pour devenir un acteur majeur de la confection textile sur le continent.

L’anacarde constitue un autre pilier stratégique. La Gdiz dispose désormais d’une capacité de transformation de 120 000 tonnes, la plus élevée en Afrique de l’Ouest. « La Zone dispose de cinq unités de transformation d’anacarde et 80 % des emplois dans cette filière sont occupés par des femmes, renforçant ainsi l’impact social du modèle industriel», informe le directeur. Le soja, quant à lui, ouvre la voie à un marché bio et conventionnel. Les unités actuelles produisent de l’huile brute et des tourteaux, mais des projets de raffinerie visent à substituer progressivement les huiles importées à celles entièrement fabriquées au Bénin.

Sur les 1 640 hectares prévus, 400 sont déjà opérationnels. L’offre infrastructurelle comprend des espaces industriels «plug and play », un port sec entièrement fonctionnel, une zone commerciale, la présence permanente de la douane, de la police, des sapeurs-pompiers, ainsi qu’un service intégré d’eau, d’électricité, de gestion des déchets et de maintenance. Cette configuration permet aux entreprises de réduire leurs coûts logistiques, d’accélérer leurs opérations et de rester compétitives sur le marché international. « À ce jour, plus de 36 investisseurs ont signé avec la Gdiz, 15 unités sont déjà en production, et plus de 20 000 emplois ont été créés. Les projections tablent sur 40 000 emplois d’ici fin 2025, portés essentiellement par le développement du textile », fait savoir Faki Adjé. Au-delà des chiffres, c’est la montée en compétitivité du label ”Made in Benin” qui se joue. En renforçant les capacités de transformation locale, le pays ambitionne d’imposer sa marque sur les marchés régionaux et internationaux.