La Nation Bénin...
Comme chaque année, la Banque mondiale a dévoilé, Mardi
1er juillet dernier, sa nouvelle classification des pays selon leur revenu
national brut par habitant. En Afrique de l’Ouest, le Bénin, la Côte d’Ivoire
et le Ghana consolident leur place dans la catégorie des économies à revenu
moyen inférieur, tandis que le Togo et le Burkina Faso restent classés parmi
les pays à faible revenu.
Fidèle à sa méthodologie, le Groupe de la Banque mondiale
vient de mettre à jour sa classification des économies en quatre groupes :
faible revenu, revenu intermédiaire de la tranche inférieure, revenu
intermédiaire de la tranche supérieure et revenu élevé.
Cette hiérarchisation repose sur l’indicateur de revenu
national brut (Rnb) par habitant de l’année précédente, calculé en dollar
américain selon la méthode Atlas. Pour l’exercice en cours, une économie est
dite « à faible revenu » si son Rnb par habitant est égal ou inférieur à
1 135 $, soit environ 632 627 F Cfa ; « à revenu intermédiaire inférieur »
entre 1 136 $ et 4 495 $ ; « à revenu intermédiaire supérieur » entre 4 496 $
et 13 935 $ et « à revenu élevé » au-delà de ce seuil. Au-delà d’un simple
indicateur statistique, cette classification conditionne l’accès à l’aide
publique au développement (Apd) et aux financements à conditions
préférentielles, notamment via l’Association internationale de développement
(Ida). 59 pays dont le Bénin bénéficient encore de ces crédits concessionnels.
Dans un contexte d’endettement croissant et de vulnérabilités économiques
multiples, rester éligible à l’Ida demeure un levier majeur pour financer
infrastructures, éducation, santé ou transitions énergétiques.
Pour l’exercice 2026, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun, l’Égypte ou encore le Nigeria se maintiennent dans le groupe des économies à revenu moyen inférieur. Ces pays, malgré un dynamisme économique porté par les réformes structurelles et les investissements dans l’agriculture, les services ou les énergies renouvelables, peinent encore à franchir le seuil du revenu intermédiaire supérieur. À l’inverse, le Burkina Faso, le Togo, le Niger ou le Mali figurent toujours parmi les 25 pays de la planète classés dans la catégorie à faible revenu. Une situation qui rappelle la persistance de fragilités liées notamment à la faible diversification économique, aux crises sécuritaires récurrentes ou à l’instabilité politique.
Enjeux majeurs
Au niveau global, la Banque mondiale note qu’en 40 ans,
la proportion de pays à faible revenu est passée de 30 % à seulement 12 %
aujourd’hui, quand les économies à revenu élevé représentent désormais 40 % du
total, contre 25 % en 1987. Certains pays illustrent ce basculement : le Costa
Rica, par exemple, accède cette année au statut d’économie à revenu élevé,
porté par une croissance soutenue (+4,3 % en 2024) et une forte demande
intérieure. Le Cap-Vert, pays ouest-africain insulaire, se hisse dans la
tranche supérieure des économies à revenu intermédiaire grâce à une relance
touristique dynamique et un dividende démographique aux normes, augmentant
mécaniquement son Rnb par habitant. Mais la dynamique est loin d’être uniforme.
La Namibie, quant à elle, rétrograde en raison du ralentissement de ses
activités minières, notamment la baisse de la demande de diamants, couplée à
une révision démographique à la hausse qui dilue la richesse par habitant.
Comprendre les facteurs qui influencent cette
catégorisation est crucial pour les États. Pour l’Afrique de l’Ouest, l’enjeu
est de maintenir une croissance robuste, mais inclusive, et maîtriser les
facteurs démographiques pour faire progresser le Rnb par habitant. Ces données
doivent guider les stratégies nationales pour stimuler la diversification,
renforcer la résilience aux chocs externes (inflation, change) et consolider
l’intégration régionale, notamment à travers la Zone de libre-échange
continentale africaine (Zlecaf).
Si l’Asie de l’Est et le Pacifique n’ont presque plus de pays à faible revenu (3 % seulement), l’Afrique subsaharienne en compte encore 45 % malgré une baisse significative depuis les 75 % de 1987. Dans l’Uemoa, la dynamique varie fortement d’un État à l’autre. Le Sénégal et le Bénin affichent un certain dynamisme, mais restent sous le seuil du revenu intermédiaire supérieur. Le Togo et le Niger, eux, peinent à inverser la tendance malgré des efforts sur le plan budgétaire et des investissements soutenus par l’Ida et d’autres bailleurs multilatéraux.