La Nation Bénin...
Rufus
Saré, directeur départemental de l’Industrie et du Commerce du Borgou et de l’Alibori,
évoque dans cet entretien les actions menées pour assainir les secteurs de
l’industrie et du commerce dans ses départements de compétence et invite les
populations à faire preuve de civisme
dans le cadre de la campagne de commercialisation du cajou.
La Nation : Comment se passent le contrôle et l’assainissement du secteur du commerce dans le Borgou et l’Alibori ?
Nous
sommes en pleine activité de contrôle pour l’assainissement des secteurs du
commerce et de l’industrie. L’activité consiste à visiter les entreprises,
toutes catégories confondues, sur notre territoire d’intervention pour nous
assurer de la régularité des activités, aussi bien commerciales
qu’industrielles, qui sont entreprises sur notre territoire. Donc, cette
activité consiste à vérifier d’abord la détention de la carte professionnelle
de commerçant à jour ou de la carte d’importateur pour ce qui concerne les
sociétés. Cette activité a un effet de levier. Tout commerçant doit avoir la
carte de commerçant à jour pour exercer légalement ses activités. Ces contrôles
obligent les commerçants à se mettre en règle vis-à-vis des impôts. Pour mettre
à jour sa carte qui est périmée, il faut préalablement payer ses impôts, avoir
le reçu du paiement des impôts avant de faire les formalités de renouvellement
de la carte. C’est l’effet de levier que cette activité engendre pour notre
État.
L’activité permet également de prévenir la concurrence déloyale entre les entreprises qui sont officiellement installées et celles qui n’ont pas l’autorisation d’exercer. Cela permet d’éviter la concurrence déloyale et de protéger les entreprises qui sont en règle. Voilà essentiellement en quoi consiste cette activité de contrôle pour l’assainissement. Au cours de cette opération, nous vérifions aussi pour voir s’il n’y a pas de produits périmés, produits avariés, non autorisés, tels que l’alcool en sachet. Nous procédons à ces vérifications connexes pour retirer les produits qui ne sont pas propres à la consommation dans le but de la protection des consommateurs.
Lorsque vous constatez par exemple qu’une entreprise n’est pas à jour, quelle action menez-vous à l’encontre des opérateurs économiques indélicats?
Nous appliquons simplement les textes. Dans ce cas de figure, nous mettons le contrevenant sous convocation. Nous dressons un procès- verbal de constatation de l’infraction et puis nous restreignons le contrevenant au paiement d’une amende pécuniaire, selon les textes, dont le montant minimum est un million.
Il y a également le phénomène de l’alcool frelaté, qui sévit dans ces départements. Comment arrivez-vous à y faire face ?
Nous nous intéressons essentiellement à éradiquer le mal à la source. Nous avons mis en place un système d’information pour découvrir les lieux de production de ces boissons frelatées. Ce n’est pas facile, car les gens ne sont toujours pas prêts à coopérer, à dénoncer ces cas-là. Néanmoins, nous continuons de travailler avec les informateurs, la police, pour lutter contre ce phénomène. Au cours des contrôles, si nous tombons sur des stocks qui ne sont pas de bonne facture, nous les saisissons tout simplement.
Nous sommes en pleine campagne de commercialisation du cajou qui a démarré le 30 janvier et prendra fin le 31 mai. Comment faites-vous le suivi?
La campagne de commercialisation du cajou est en cours, selon le nouveau mécanisme de commercialisation. Notre rôle est de nous assurer que les acteurs autorisés à faire l’activité sont effectivement sur le terrain en train de mener leurs activités, qu’ils n’ont pas de difficultés à acheter, à transporter et à amener leurs produits à bonne destination. Nous travaillons aussi avec les autres services compétents, les autres services de l’État, pour lutter contre la sortie frauduleuse, qui est une véritable gangrène, qui actuellement nous pose assez d’ennuis. Assez d’ennuis, parce que chaque jour que Dieu fait, les fraudeurs créent de nouvelles pistes et de nouvelles méthodes pour sortir frauduleusement les produits de notre territoire, alors qu’au même moment, les usines ont besoin de grandes quantités de produits pour transformer, pour tourner. C’est le défi auquel nous sommes confrontés, mais nous travaillons en symbiose avec les autres services pour faire le nécessaire.
Pensez-vous que vos actions seront couronnées de succès au regard de la résistance observée face aux mesures du gouvernement ?
Bien sûr ! C’est vrai que face à l’incivisme notoire auquel beaucoup de personnes ont choisi de s’adonner, nous avons assez de difficultés. Néanmoins, nous ne baissons pas les bras. Nous travaillons toujours et nos actions continuent de porter des fruits.
Récemment, le gouvernement a pris de nouvelles mesures en ce qui concerne le gaz domestique. Comment appréhendez-vous ces mesures ?
Pour être plus précis, le Conseil des ministres, tenu le 7 mai, a pris des mesures sociales dans le secteur du gaz pour diversifier les gammes de produits, pour rendre plus accessibles les produits à toutes les couches de la population béninoise. Entre autres dispositions de ces mesures, nous aurons désormais la possibilité d’acheter des bouteilles de gaz de 1,5 kg à 1 000 francs, des bouteilles de 3 kg qui seront vendues à 2 000 francs l’unité, et la bouteille de 6 kg, que nous connaissons déjà très bien, sera désormais vendue à 4 500 francs. La deuxième mesure dans le secteur du gaz est que la population béninoise aura la facilité de charger toutes catégories de bouteilles, n’importe où. Donc, la gestion sera uniformisée, il n’y aura pas de distinction entre les bouteilles. Les petites bouteilles permettront à ceux qui n’ont pas de grands moyens de s’acheter du gaz pour leurs besoins désormais. C’est dire que c’est une mesure sociale qui aura beaucoup d’impacts pour la population. Mais la mise en œuvre va être progressive. Les bouteilles ne sont pas encore disponibles. Il faut commander les bouteilles de 1,5 kg, 2 kg, 3 kg. Et l’uniformisation aussi, c’est tout un processus.
Votre mot de la fin
Les
commerçants du secteur du cajou, je veux les exhorter au patriotisme. Le
gouvernement a mis en place une politique d’industrialisation, qui est une
bonne chose pour faire décoller l’économie de notre pays. Les commerçants
doivent aussi jouer leur partition pour que cette politique réussisse pour le
bonheur de toute la population. Je les exhorte à convoyer leurs produits en
direction des usines installées sur le territoire et qui les attendent. Je les
invite à profiter des dernières mesures qui leur donnent la possibilité
d’acheter, d’aller livrer dans les usines, de le faire vite et d’arrêter la
saignée, qui consiste à sortir les produits de façon frauduleuse en soutenant
et en promouvant ainsi par ces attitudes de mauvaise nature, la déperdition
fiscale qui va aggraver la pauvreté dans le pays.
Quant aux populations, je les invite à soutenir nos actions et à nous aider à dénoncer ces fraudeurs qui sont tapis dans l’ombre, et qui travaillent pour bloquer le processus d’industrialisation dans notre pays.