La Nation Bénin...
Si
plusieurs indicateurs confirment une reprise soutenue dans l’espace Uemoa, le
Bénin se distingue par des performances solides dans les Btp, les services et
le commerce, malgré un contexte industriel plus fragile à l’échelle régionale.
C’est ce que révèle la note de conjoncture d’avril 2025 de la Banque centrale
des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
Alors
que l’Afrique de l’Ouest poursuit sa marche vers une souveraineté économique
accrue, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) dévoile
une image actualisée de la conjoncture régionale à fin février 2025. La
dynamique globale reste positive, portée par la demande intérieure et les
investissements dans les services et les infrastructures. Toutefois, des
déséquilibres persistent, notamment dans le secteur industriel. Dans ce paysage
contrasté, le Bénin émerge comme l’un des pôles les plus résilients et les plus
prometteurs de l’espace Uemoa. À l’échelle régionale, le chiffre d’affaires
dans le commerce de détail a progressé de 4,4 % en glissement annuel, après une
hausse modérée en janvier 2025. Cette croissance est principalement alimentée
par la consommation des ménages et la vitalité des services de proximité. Dans
ce domaine, bien que la note de la Bceao ne détaille pas les performances pays
par pays, les bonnes tendances observées dans les services au Bénin laissent
supposer une contribution significative de Cotonou et des autres grandes
villes. À l’opposé, la production industrielle s’est contractée de 6,3 % en
février, contre une croissance de 10,7 % en janvier. Cette baisse brutale est
attribuée au recul des activités extractives, notamment dans l’extraction de
minerais métalliques, secteur stratégique dans certains pays comme le Niger ou
le Mali mais pas le Bénin. En variation mensuelle, la dégradation de l’activité
industrielle s’est aussi confirmée à -5,7 %. Cette contreperformance régionale
dans l’industrie reste toutefois à relativiser avec la structure de certaines
économies de la région qui repose moins sur les industries lourdes que sur les
services, le commerce et les travaux publics, secteurs actuellement porteurs au
Bénin.
Le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) est l’un des moteurs de la croissance dans l’Union. En février 2025, l’indice d’activité est resté au-dessus de la moyenne de long terme, avec un écart régional de +6,9 points. Le Bénin se distingue particulièrement avec +24,3 points, se hissant au deuxième rang derrière le Sénégal (+38,3 points), et devançant nettement la Côte d’Ivoire (+9,0 points) ou encore le Burkina Faso (+15,9 points). Cette dynamique traduit la vigueur des projets d’infrastructures actuellement en cours dans le pays, notamment les chantiers de routes, de bâtiments administratifs, ou encore les aménagements autour de la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé. À travers ces investissements, le Bénin renforce à la fois l’attractivité de son territoire et la compétitivité de ses entreprises.
Les services
Dans le secteur tertiaire, la croissance est solide. Les services marchands non financiers ont enregistré une hausse de 9,9 % en glissement annuel dans l’ensemble de l’Uemoa. Le Bénin affiche une progression de +6,0 %, se positionnant juste derrière le Niger (+29,6 %) et le Sénégal (+35,2 %), mais devant la Côte d’Ivoire (+2,3 %) et le Burkina (+1,4 %). Ce bon résultat confirme le rôle croissant des services dans la transformation économique du pays. Les services financiers, quant à eux, progressent de 15,3 % à l’échelle de l’Union. Là encore, le Bénin se classe bien avec une augmentation de +14,4 %, légèrement en deçà du Sénégal (+17,5 %) et de la Côte d’Ivoire (+17,2 %). Cette performance traduit une bonne santé du secteur bancaire béninois et la confiance croissante des opérateurs économiques dans les produits financiers locaux, notamment en matière de financement des Pme et d’épargne. Ces résultats, dans leur ensemble, traduisent une volonté partagée au sein de l’Uemoa de construire un système économique et financier plus autonome, moins dépendant des chocs extérieurs. Le Bénin, en axant son développement sur les infrastructures, les services et la modernisation de son tissu économique, incarne cette ambition régionale d’une souveraineté économique progressive. Mais pour que cette dynamique s’inscrive dans la durée, plusieurs défis restent à relever : la diversification de la base productive, la transformation locale des ressources, l’industrialisation durable et la montée en gamme des services. Le Bénin a pris une longueur d’avance, et est bien conscient que la course vers la souveraineté économique impose de poursuivre l’élan sans faiblir.