La Nation Bénin...
Face aux défis qu’impose l’avènement des
cryptomonnaies, l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin
(Ansalb) a donné une conférence publique, vendredi 15 décembre dernier, à
l’Université d’Abomey-Calavi. C’était pour les organisateurs, l’occasion
d’éclairer les décideurs pour une prise en compte des réalités liées à cette
monnaie virtuelle et sur la nécessité d’un encadrement juridique.
La cryptomonnaie gagne du terrain et il faut
agir pour mieux la maîtriser. En décidant d’organiser une conférence publique à
ce sujet, vendredi dernier, l’Académie nationale des sciences, arts et lettres
du Bénin a voulu porter un regard scientifique sur la question, pour ensuite
tendre le relais aux pouvoirs publics.
Axée sur les « Enjeux et défis des
cryptomonnaies au Bénin », la conférence s’est ouverte par une présentation
générale de la technologie qui sous-tend la pratique. Eugène Ezin, professeur
titulaire en Informatique et Intelligence artificielle, a expliqué que celle-ci
est basée sur la cryptographie et les blockchain. A l'en croire, il existe plus
de 23 000 cryptomonnaies. Cette florescence et cette dynamique évolutive
s’expliquent par le fait que « le principe de la non-intermédiation,
caractéristique essentielle de la blockchain », a permis le développement des
contrats intelligents.
Appréciant cette dynamique insaisissable et le
caractère très mouvant des opérations, Julien Hounkpè, Docteur en droit et
spécialiste du numérique, a fait avec les participants, un tour d’horizon des
normes réglementaires au Bénin et dans l’espace de l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (Uemoa), pour finir par conclure « qu’il n’existe pas
encore une réglementation en la matière, à la date d’aujourd’hui. » Il insiste
sur le danger que cela pourrait constituer, à partir du moment où l’utilisateur
n’est pas protégé. Le caractère volatil de la monnaie ainsi que les risques de
blanchiment et de financement du terrorisme amènent l’enseignant de droit à
l’Université d’Abomey-Calavi, à proposer aux décideurs politiques une prise de
conscience de la situation dans l’Uemoa. Il suggère que le droit évolue en la
matière car, dira-t-il, qu’on le veuille ou non, la technologie prend de
l’ampleur. « Les risques infractionnels et les enjeux socioéconomiques des
cryptomonnaies rendent nécessaire leur réglementation qui doit reposer sur la
prise en compte de l’encadrement au plan international et les solutions
spécifiques au contexte africain », a-t-il ajouté. Il fait également un clin
d’œil à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qu’il appelle à voir
la possibilité de créer sa propre monnaie électronique en vue de mieux la
gouverner.