La Nation Bénin...
La
Boad sonne l’accélération des investissements climatiques dans la zone Uemoa à
travers un séminaire de haut niveau sur la finance climat, ouvert ce mercredi
18 septembre à Cotonou. Centré sur le Fonds d’études climat et une nomenclature
harmonisée des études de faisabilité, cet événement marque un tournant vers une
mobilisation accrue des financements pour les projets climatiques en Afrique de
l’Ouest.
Le
défi climatique et ses impacts sur les populations d’Afrique de l’Ouest exigent
des réponses urgentes et coordonnées. C’est dans cette optique que s’inscrit le
séminaire de haut niveau sur la finance climat organisé par la Banque
ouest-africaine de développement (Boad), qui se tient à Cotonou, les 18 et 19
septembre.
Placé
sous le thème « Accélérer les investissements climatiques dans l’Uemoa : La
nouvelle nomenclature des études de faisabilité des projets climat et les mécanismes
d’abondement du Fonds d’études climat », cet événement réunit des dirigeants de
la Boad, des acteurs publics et privés, ainsi que des experts du climat.
Ensemble, ils discutent des mécanismes efficaces pour financer les projets
climatiques dans la région.
Le
changement climatique constitue un défi de taille pour les pays de l’Union
économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), déjà confrontés à de lourdes
conséquences économiques et sociales. Les phénomènes météorologiques extrêmes –
sécheresses, inondations, montée des eaux – se multiplient, frappant durement
les infrastructures et services publics et aggravant la sécurité alimentaire. «
Ces phénomènes climatiques se répercutent sur les infrastructures et les
services publics, aggravant ainsi les défis auxquels nos Etats doivent faire
face pour assurer un développement sobre en carbone et résilient aux
changements climatiques », a souligné Moustapha Ben Barka, vice-président
chargé des Financements et Investissements de la Boad.
La
finance climat est donc devenue un levier indispensable pour permettre aux
Etats de s’adapter aux impacts du changement climatique et de réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre (Ges). Selon les engagements pris dans le
cadre des Contributions déterminées au niveau national (Cdn), les Etats membres
de l’Uemoa estiment à environ 100 milliards de dollars les investissements
nécessaires entre 2021 et 2030 pour la mise en œuvre de projets visant à
atténuer les effets du changement climatique et à renforcer la résilience des
populations, rappelle José D. Tonato, ministre du Cadre de vie, des Transports
et du Développement durable du Bénin.
L’une des grandes priorités de ce séminaire est l’adoption d’une nomenclature harmonisée pour les études de faisabilité des projets climatiques. Cette standardisation est cruciale pour garantir la cohérence des projets soumis par les Etats membres, tout en facilitant leur validation par les bailleurs de fonds internationaux.
«
Valider la nouvelle nomenclature des études de faisabilité des projets
climatiques, accompagnée des mécanismes d’abondement du Fonds d’études climat
de la Boad, est essentiel pour gagner la lutte de la réduction de la
vulnérabilité de nos communautés dans l’espace Uemoa », estime le ministre
Tonato.
En
effet, pour adresser la problématique du financement des études des projets
climat, la Boad a initié le Fonds d’études climat (Fec) de l’Union, dont la
création est actée par décision n° 069 du Conseil des ministres de l’Uemoa, le
22 septembre 2023. Ce fonds, espère le ministre Tonato, sera un « outil
puissant, réactif qui soutiendra les initiatives et renforcera les capacités de
nos pays pour développer des projets concrets en matière de climat ».
Le
Fec vise à financer les études de faisabilité conformes aux normes
internationales, notamment celles du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (Giec) et des grands fonds climatiques tels que le Fonds
vert pour le climat (Fvc), le Fonds pour l’adaptation (Fa) et le Fonds pour
l’environnement mondial (Fem), indique Ibrahim Traoré, responsable du
Développement des Projets Climat à la Boad. Il permettra de pallier les
lenteurs observées dans la préparation de ces études, lesquelles compromettent
la capacité des pays à attirer les fonds nécessaires à la réalisation des
projets, renchérit Moubarack Moukaila, directeur de l’Environnement et de la
Finance Climat à la Boad.
Malgré l’urgence climatique, les risques perçus et le manque d’incitations financières freinent encore les initiatives du secteur privé. Les participants au séminaire discutent des mécanismes à mettre en place pour encourager la participation des investisseurs privés, notamment à travers des garanties de financement, des prêts concessionnels, et l’implication des banques régionales.
Ces discussions aboutiront à une « Déclaration de Cotonou » qui sonnera comme un engagement collectif des huit Etats membres de l’Uemoa et de la Boad pour renforcer le financement des études et des projets climatiques dans la région. Cette déclaration proposera des engagements concrets pour abonder le Fonds d’études climat, harmoniser le cadre de préparation des projets, et encourager les investissements dans des projets à fort impact environnemental. D’ores et déjà, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, par la voix du directeur national au Bénin, Emmanuel Junior Assilamèhoo, assure de la disponibilité de l’institut monétaire à accompagner cette initiative.
« La Boad est résolument engagée dans la lutte contre les changements climatiques avec sa Stratégie Environnement et Climat 2021-2025 », a affirmé Moustapha Ben Barka. Grâce à son Plan stratégique « Djoliba», la Banque a déjà pris des mesures concrètes, notamment la mobilisation de plus de 166 milliards F Cfa à travers divers mécanismes financiers et la première obligation durable émise par un émetteur africain, d’un montant de 491 milliards de francs Cfa sur douze ans.
Dans
le cadre de Programmes d’investissement climat alignés sur les priorités
régionales et nationales des Etats membres, la Boad prévoit de mobiliser 1 800
milliards de francs Cfa sur trois ans pour des projets visant à la fois
l’adaptation et l’atténuation des effets climatiques. Le séminaire de Cotonou
marque une étape clé dans cette stratégie, en s’attaquant à deux problématiques
majeures : le montage technique des études de faisabilité des projets et le
mode de financement de ces études.
José D. Tonato, ministre du Développement durable du Bénin, salue cet engagement de la Boad, qualifiant cette démarche de « ciment de notre solidarité régionale dans la lutte contre le changement climatique». Il a également insisté sur les domaines prioritaires d’investissement, tels que l’agriculture, l’énergie, la foresterie, les ressources en eau, les infrastructures, le littoral, et la santé.