Développement et disparités: L'Afrique subsaharienne face aux inégalités

Répartition mondiale des revenus et de la croissance, 1990 et 2016

Malgré une croissance économique soutenue ces dernières années, l'Afrique subsaharienne reste l'une des régions les plus inégalitaires du monde. Appuyée par l'Agence française de développement et la Banque mondiale, la revue 2025 sur le développement en Afrique met en lumière les défis de la redistribution des richesses et les obstacles à une croissance inclusive.

Par Babylas ATINKPAHOUN, le 19 mars 2025 à 19h00 Durée 3 min.

#Répartition mondiale des revenus et de la croissance, 1990 et 2016

L’Afrique subsaharienne demeure l’une des régions les plus inégalitaires du monde. Malgré une croissance économique soutenue au cours des dernières décennies, les écarts entre les différentes couches de la société restent profonds. Cette situation entrave considérablement le développement économique et social de la région, exacerbant les tensions et limitant les opportunités pour les populations les plus vulnérables.

Les inégalités en Afrique subsaharienne trouvent leur origine dans plusieurs facteurs historiques, économiques et institutionnels. Les experts estiment que la colonisation a laissé un héritage de structures économiques et politiques qui ont favorisé une élite minoritaire au détriment de la majorité.

Par ailleurs, la mauvaise gouvernance, la corruption et l’absence de politiques redistributives efficaces ont contribué à perpétuer ces disparités.

L’éducation est également un facteur déterminant. L’accès limité à un enseignement de qualité pour les populations rurales et les femmes creuse davantage le fossé entre les riches et les pauvres.

De plus, la faiblesse des infrastructures sanitaires et la précarité des systèmes de protection sociale empêchent les populations vulnérables de s’extraire de la pauvreté.

Les inégalités se manifestent à travers plusieurs aspects de la vie sociale et économique en Afrique subsaharienne. Sur le plan économique, la concentration des richesses entre les mains d’une minorité prive une grande partie de la population des moyens nécessaires pour améliorer leurs conditions de vie. Dans certains pays, un petit pourcentage de la population détient plus de la moitié des richesses nationales, tandis que la majorité vit dans une extrême pauvreté.

Au niveau de l’emploi, la prédominance du secteur informel, où les travailleurs n’ont ni protection sociale ni sécurité d’emploi, accentue les disparités. L’inégalité d’accès aux services de base comme l’eau potable, l’électricité et les soins de santé de qualité est une autre illustration frappante de cette problématique. Les populations rurales et les bidonvilles urbains sont particulièrement touchés par cette inaccessibilité aux ressources essentielles.

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Implications et solutions

La revue expose que les inégalités en Afrique subsaharienne ont des conséquences néfastes lourdes sur le développement. Elles freinent la croissance économique en limitant la consommation et l’investissement des classes défavorisées. Elles alimentent également l’instabilité politique et sociale, favorisant la montée des tensions ethniques et des conflits. L’insécurité alimentaire en est une autre conséquence majeure.

L’inégalité d’accès à la terre et aux ressources agricoles prive de nombreuses communautés de moyens de subsistance durables. De plus, l’exode rural massif, causé par le manque d’opportunités économiques dans les campagnes, entraîne une surpopulation dans les grandes villes, accentuant les problèmes d’urbanisation incontrôlée et de chômage massif.

Réduire les inégalités en Afrique subsaharienne passe par des réformes structurelles ambitieuses. Ainsi, les experts trouvent qu’il est impératif d’améliorer l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour permettre aux jeunes d’acquérir des compétences adaptées au marché du travail. Un système de taxation plus progressif et une redistribution équitable des ressources publiques contribueraient également à réduire les écarts de richesse.

Aussi, les experts pensent que le développement des infrastructures de base, notamment en matière de santé, de transport et d’énergie, doit être une priorité. Une meilleure inclusion financière, à travers l’accès aux services bancaires et au microcrédit, permettrait également aux populations les plus démunies de développer des activités économiques viables.

Enfin, la lutte contre la corruption et l’amélioration de la gouvernance sont essentielles pour instaurer une société plus équitable. La mise en place de politiques publiques favorisant l’inclusion économique et sociale de toutes les catégories de population garantirait une croissance plus inclusive et durable.

Les inégalités en Afrique subsaharienne sont un défi majeur qui nécessite des actions concertées de la part des gouvernements, des institutions internationales et des acteurs de la société civile. La réduction des écarts de richesse et l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables sont essentielles pour assurer un développement harmonieux et durable sur le continent.

Une Afrique plus égalitaire serait non seulement plus prospère, mais aussi plus stable et résiliente face aux défis mondiaux à venir. La revue 2025 sur le développement en Afrique met en exergue un dilemme crucial : sans réduction significative des inégalités, la croissance économique du continent restera une illusion pour des millions d'Africains. Un changement de cap est nécessaire pour construire un avenir plus équitable et prospère pour tous■