La Nation Bénin...
Engagée
dans une dynamique de modernisation, l’administration douanière béninoise met
en œuvre des réformes ambitieuses pour optimiser la mobilisation des recettes.
Entre digitalisation, renforcement des capacités et lutte contre la fraude, les
résultats sont déjà perceptibles.
La douane béninoise est en pleine mutation. Selon sa directrice générale, Adidjath Hassan Zanouvi, l’administration s’est engagée depuis plusieurs années dans un processus de modernisation profonde. «Aujourd’hui, la douane fait face à la modernisation. Depuis quelques années, notre administration s’est engagée dans une dynamique de réforme ambitieuse », a-t-elle informé. Ces réformes, arrimées au Plan stratégique 2024-2026, s’articulent autour de sept objectifs majeurs visant à améliorer la gestion des flux, renforcer la transparence et accroître les recettes fiscales. Épiphane Soudonou, chef du service suivi des réformes et système de management de la qualité de la douane, a détaillé ces réformes et leurs impacts concrets. Selon lui, ces transformations visent à rendre l’administration plus efficace et transparente, tout en répondant aux exigences du commerce international. « L’administration douanière a entrepris des actions stratégiques pour améliorer ses performances. Parmi celles-ci figurent la maîtrise des flux, la gestion optimisée de la dette douanière et le renforcement des infrastructures techniques. L’objectif est de garantir un meilleur suivi des recettes et d’assurer la sécurisation des transactions », expose-t-il. Dans cette optique, le Programme de vérification des importations (Pvi) a été consolidé. Le paiement électronique des taxes s’est également déployé sur plusieurs postes frontaliers, réduisant ainsi les délais et améliorant la traçabilité des transactions. Un tableau de bord interactif a été mis en place pour suivre en temps réel les tendances des recettes douanières. Ce dispositif permet aux décideurs d’anticiper d’éventuelles baisses de revenus et d’ajuster les stratégies en conséquence. Par ailleurs, l’administration a fait du Guichet unique du commerce extérieur (Guce), un outil important afin de fluidifier les transactions commerciales. Ce guichet permet de centraliser toutes les démarches administratives liées aux importations et aux exportations, réduisant ainsi les coûts et le temps nécessaire aux opérations douanières.
Digitalisation et performance
Dans
sa stratégie de modernisation, la douane béninoise a misé sur le digital. Le
déploiement du logiciel Customs Webb, en phase finale en 2025, révolutionne le
traitement des opérations douanières en offrant une meilleure interconnexion
entre les services douaniers et les opérateurs économiques. « Ce système permet
d’accélérer les formalités, d’améliorer la transparence et de réduire les
risques de fraude », explique Épiphane Soudonou. D’autres innovations incluent
la gestion automatisée des exonérations et la digitalisation des ventes aux
enchères publiques, qui garantissent une meilleure transparence et une gestion
plus rigoureuse des biens saisis. La mise en œuvre du réseau comptable
électronique permettra également d’automatiser le suivi des transactions
financières de l’administration. L’adoption de la gestion électronique des
courriers facilite également la communication interne et réduit les risques de
perte d’informations. En outre, la refonte du site web de l’administration
douanière, avec l’appui de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica),
vise à offrir une plateforme plus informative et accessible aux usagers. La
douane ne se limite pas à la collecte de recettes. La lutte contre la fraude et
la facilitation des échanges sont également au cœur des réformes. Dans ce sens,
la surveillance des frontières a été renforcée grâce à l’exploitation de
nouvelles technologies, notamment l’usage de drones et de scanners performants
pour inspecter les cargaisons de manière plus efficace. Un système d’analyse de
performance basé sur des outils de Business intelligence permet d’identifier
les fraudes potentielles et d’optimiser les contrôles. « Grâce à ces outils,
l’administration peut désormais détecter plus rapidement les anomalies dans les
déclarations douanières et mener des investigations ciblées pour éviter les
pertes fiscales », détaille le chef du service Suivi des réformes.
L’administration a également signé des accords avec la douane chinoise pour la
reconnaissance mutuelle des programmes d’opérateurs économiques agréés (Oea).
En parallèle, une stratégie de mobilisation des recettes à court, moyen et long
termes a été élaborée, avec un plan d’action en cours de finalisation. Celui-ci
prévoit notamment le développement de nouvelles méthodologies de collecte des
taxes, l’automatisation des procédures de contrôle et la mise en place d’un
cadre réglementaire plus rigoureux pour sanctionner les infractions douanières.
Résultats concrets avec des défis
Les
premiers effets des réformes sont palpables. L’administration douanière
béninoise a enregistré une augmentation significative des recettes fiscales,
fruit de l’amélioration de la collecte et du renforcement des mécanismes de
contrôle. Pour l’année 2024 par exemple, on note une performance de
102,8
% des objectifs fixés et une hausse des recettes de 14,91 % par rapport à
l’année précédente, confirmant ainsi l’efficacité des réformes mises en place.
La transparence et l’efficacité des opérations douanières se sont également
améliorées, réduisant les pratiques de corruption et renforçant la compétitivité
du Bénin dans le commerce international. Grâce à ces avancées, le pays est en
voie de devenir un hub commercial stratégique en Afrique de l’ouest.
Cependant, des défis subsistent. « Le principal obstacle reste le financement des réformes, certaines actions n’ayant pas encore été budgétisées », expose le chef de service Épiphane Soudonou. La formation continue du personnel est également indispensable pour assurer l’efficacité des innovations mises en place et éviter que les nouvelles technologies ne soient sous-exploitées faute de compétences adaptées. De plus, l’accélération de la digitalisation et le renforcement du suivi des réformes demeurent des priorités pour l’avenir. Et déjà pour 2025, l’administration douanière compte budgétiser sa feuille de route pour garantir une mise en œuvre efficace des réformes. Elle prévoit également de renforcer ses mécanismes de contrôle et d’optimiser ses stratégies de recouvrement en intégrant de nouveaux outils de gestion des risques. « Aujourd’hui, la dématérialisation des procédures et le renforcement de nos capacités humaines sont une réalité. Le renforcement des capacités des hommes est essentiel dans la réussite des missions à nous confiées. Ces réformes ne sont pas de simples formalités », indique la directrice générale des douanes, Adidjath Hassan Zanouvi qui estime qu’elles sont le socle d’une administration efficace, capable de rivaliser avec les meilleures administrations douanières du monde et pas que du continent.