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Douane béninoise: Des réformes structurantes pour des recettes en hausse

Economie
Le Pvi pour améliorer la collecte des taxes dues au cordon douanier Le Pvi pour améliorer la collecte des taxes dues au cordon douanier

Engagée dans une dynamique de modernisation, l’administration douanière béninoise met en œuvre des réformes ambitieuses pour optimiser la mobilisation des recettes. Entre digitalisation, renforcement des capacités et lutte contre la fraude, les résultats sont déjà perceptibles.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 16 mai 2025 à 03h00 Durée 3 min.
#Douane béninoise

La douane béninoise est en pleine mutation. Selon sa directrice générale, Adidjath Hassan Zanouvi, l’administration s’est engagée depuis plusieurs années dans un processus de modernisation profonde. «Aujourd’hui, la douane fait face à la modernisation. Depuis quelques années, notre administration s’est engagée dans une dynamique de réforme ambitieuse », a-t-elle informé. Ces réformes, arrimées au Plan stratégique 2024-2026, s’articulent autour de sept objectifs majeurs visant à améliorer la gestion des flux, renforcer la transparence et accroître les recettes fiscales. Épiphane Soudonou, chef du service suivi des réformes et système de management de la qualité de la douane, a détaillé ces réformes et leurs impacts concrets. Selon lui, ces transformations visent à rendre l’administration plus efficace et transparente, tout en répondant aux exigences du commerce international. « L’administration douanière a entrepris des actions stratégiques pour améliorer ses performances. Parmi celles-ci figurent la maîtrise des flux, la gestion optimisée de la dette douanière et le renforcement des infrastructures techniques. L’objectif est de garantir un meilleur suivi des recettes et d’assurer la sécurisation des transactions », expose-t-il. Dans cette optique, le Programme de vérification des importations (Pvi) a été consolidé. Le paiement électronique des taxes s’est également déployé sur plusieurs postes frontaliers, réduisant ainsi les délais et améliorant la traçabilité des transactions. Un tableau de bord interactif a été mis en place pour suivre en temps réel les tendances des recettes douanières. Ce dispositif permet aux décideurs d’anticiper d’éventuelles baisses de revenus et d’ajuster les stratégies en conséquence. Par ailleurs, l’administration a fait du Guichet unique du commerce extérieur (Guce), un outil important afin de fluidifier les transactions commerciales. Ce guichet permet de centraliser toutes les démarches administratives liées aux importations et aux exportations, réduisant ainsi les coûts et le temps nécessaire aux opérations douanières.

Digitalisation et performance

Dans sa stratégie de modernisation, la douane béninoise a misé sur le digital. Le déploiement du logiciel Customs Webb, en phase finale en 2025, révolutionne le traitement des opérations douanières en offrant une meilleure interconnexion entre les services douaniers et les opérateurs économiques. « Ce système permet d’accélérer les formalités, d’améliorer la transparence et de réduire les risques de fraude », explique Épiphane Soudonou. D’autres innovations incluent la gestion automatisée des exonérations et la digitalisation des ventes aux enchères publiques, qui garantissent une meilleure transparence et une gestion plus rigoureuse des biens saisis. La mise en œuvre du réseau comptable électronique permettra également d’automatiser le suivi des transactions financières de l’administration. L’adoption de la gestion électronique des courriers facilite également la communication interne et réduit les risques de perte d’informations. En outre, la refonte du site web de l’administration douanière, avec l’appui de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), vise à offrir une plateforme plus informative et accessible aux usagers. La douane ne se limite pas à la collecte de recettes. La lutte contre la fraude et la facilitation des échanges sont également au cœur des réformes. Dans ce sens, la surveillance des frontières a été renforcée grâce à l’exploitation de nouvelles technologies, notamment l’usage de drones et de scanners performants pour inspecter les cargaisons de manière plus efficace. Un système d’analyse de performance basé sur des outils de Business intelligence permet d’identifier les fraudes potentielles et d’optimiser les contrôles. « Grâce à ces outils, l’administration peut désormais détecter plus rapidement les anomalies dans les déclarations douanières et mener des investigations ciblées pour éviter les pertes fiscales », détaille le chef du service Suivi des réformes. L’administration a également signé des accords avec la douane chinoise pour la reconnaissance mutuelle des programmes d’opérateurs économiques agréés (Oea). En parallèle, une stratégie de mobilisation des recettes à court, moyen et long termes a été élaborée, avec un plan d’action en cours de finalisation. Celui-ci prévoit notamment le développement de nouvelles méthodologies de collecte des taxes, l’automatisation des procédures de contrôle et la mise en place d’un cadre réglementaire plus rigoureux pour sanctionner les infractions douanières.

Résultats concrets avec des défis

Les premiers effets des réformes sont palpables. L’administration douanière béninoise a enregistré une augmentation significative des recettes fiscales, fruit de l’amélioration de la collecte et du renforcement des mécanismes de contrôle. Pour l’année 2024 par exemple, on note une performance de

102,8 % des objectifs fixés et une hausse des recettes de 14,91 % par rapport à l’année précédente, confirmant ainsi l’efficacité des réformes mises en place. La transparence et l’efficacité des opérations douanières se sont également améliorées, réduisant les pratiques de corruption et renforçant la compétitivité du Bénin dans le commerce international. Grâce à ces avancées, le pays est en voie de devenir un hub commercial stratégique en Afrique de l’ouest.

Cependant, des défis subsistent. « Le principal obstacle reste le financement des réformes, certaines actions n’ayant pas encore été budgétisées », expose le chef de service Épiphane Soudonou. La formation continue du personnel est également indispensable pour assurer l’efficacité des innovations mises en place et éviter que les nouvelles technologies ne soient sous-exploitées faute de compétences adaptées. De plus, l’accélération de la digitalisation et le renforcement du suivi des réformes demeurent des priorités pour l’avenir. Et déjà pour 2025, l’administration douanière compte budgétiser sa feuille de route pour garantir une mise en œuvre efficace des réformes. Elle prévoit également de renforcer ses mécanismes de contrôle et d’optimiser ses stratégies de recouvrement en intégrant de nouveaux outils de gestion des risques. « Aujourd’hui, la dématérialisation des procédures et le renforcement de nos capacités humaines sont une réalité. Le renforcement des capacités des hommes est essentiel dans la réussite des missions à nous confiées. Ces réformes ne sont pas de simples formalités », indique la directrice générale des douanes, Adidjath Hassan Zanouvi qui estime qu’elles sont le socle d’une administration efficace, capable de rivaliser avec les meilleures administrations douanières du monde et pas que du continent.