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Dynamique des start-up au Bénin: Entre opportunités et contraintes financières

Economie

Les start-up béninoises connaissent une croissance prometteuse, notamment dans les technologies et le commerce électronique. Cependant, elles doivent surmonter des défis majeurs, tels que l’accès limité au financement et des infrastructures insuffisantes, afin de réaliser pleinement leur potentiel de développement.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 02 janv. 2025 à 08h16 Durée 3 min.
#start-up béninoises

Le secteur des start-up au Bénin, bien qu'encore embryonnaire, comparé à d'autres régions du monde, est en pleine expansion. En 2023, selon StartupBlink, le pays figure parmi les 1000 meilleurs écosystèmes de start-up au monde, enregistrant des progrès notables dans des domaines tels que les logiciels, le commerce électronique et les services numériques. Certaines réussites, comme celle de la start-up Irawo, témoignent de cette dynamique croissante.

Les start-up béninoises se concentrent particulièrement dans les secteurs des technologies, des logiciels et des données, du commerce électronique, ainsi que dans les services sociaux et les loisirs. Ces secteurs, soutenus par des investissements en technologies et en innovation, présentent un potentiel important pour dynamiser l’économie du pays. Selon le Baromètre de l’opinion des start-up 2024 (Ocis, novembre 2024), l’essor de ce secteur pourrait également jouer un rôle clé dans la transformation numérique du Bénin, renforçant ainsi sa compétitivité au niveau régional et international.

Malgré ce potentiel, plusieurs défis freinent la croissance des start-up béninoises. Une enquête menée par l’Observatoire du commerce, de l’industrie et des services (Ocis/Cci-Bénin) en 2023 révèle que les principaux obstacles sont l’accès limité au financement bancaire (57 % des répondants), les nouvelles réglementations de l’État (48 %) et le manque de fonds propres ou de procédures adaptées (38 %). En outre, l’insuffisance des infrastructures et la lenteur des démarches administratives compliquent encore l’environnement des affaires.

Ces difficultés font que près de la moitié des start-up considèrent l’environnement des affaires en 2023 comme moins favorable qu’en 2022, un constat préoccupant pour la pérennité du secteur. Toutefois, malgré ces contraintes, les entrepreneurs restent optimistes et cherchent des solutions pour surmonter ces obstacles.

Leviers de soutien 

Pour soutenir les start-up dans leur développement, plusieurs leviers ont été mis en place. Les incubateurs et accélérateurs jouent un rôle clé en fournissant un accompagnement essentiel, allant de l’accès à un espace de travail à la mise en réseau avec des investisseurs et des mentors. Ces structures permettent également de guider les entreprises dans leur stratégie d’innovation et de gestion.

Par ailleurs, le secteur numérique, avec des plateformes comme LinkedIn, Facebook et Instagram, devient un atout pour les start-up. Ces outils permettent d’accroître la visibilité des entreprises, d'améliorer leur rentabilité et de renforcer leur réputation sur le marché local et international. Les réseaux sociaux sont ainsi devenus incontournables dans les stratégies commerciales, notamment pour les start-up opérant en B2B.

En termes d’innovation, les start-up béninoises doivent faire face à une concurrence de plus en plus féroce, ce qui les pousse à s’adapter en permanence. L’innovation est au cœur de leur réussite : en optimisant leurs processus et en réduisant leurs coûts, elles peuvent améliorer leur efficacité opérationnelle et réinvestir dans la recherche et le développement pour créer de nouvelles opportunités de croissance.

Pour encourager l’éclosion et le développement des start-up, le gouvernement béninois a mis en place des mécanismes d’accompagnement. En mars 2023, un décret a été adopté pour formaliser le cadre d’octroi du label « start-up » aux petites et moyennes entreprises. Ce label permet aux entreprises d’être identifiées, soutenues financièrement et accompagnées sur le plan technique.

Un autre dispositif essentiel est le Fonds d’Appui à l’Entrepreneuriat Numérique (Faen), mis en place par le ministère du Numérique et de la Digitalisation. Ce fonds soutient les projets numériques au Bénin, à travers des financements directs, des formations et des accompagnements dédiés aux start-up et aux jeunes entrepreneurs. Ce type d’initiative est indispensable pour surmonter les obstacles financiers auxquels font face de nombreuses entreprises.

Renforcer la compétitivité 

Pour que les start-up béninoises deviennent réellement compétitives, il est nécessaire de renforcer les compétences des promoteurs, particulièrement dans les domaines technologiques et innovants. L’Ocis préconise la création d’un pool de start-up à suivre sur une période d’un an, afin de les préparer à des concours nationaux et régionaux. Ces concours, couplés à des formations pratiques et des immersions dans des pays à la pointe de la technologie, permettront aux jeunes entrepreneurs de se perfectionner et de s’inspirer des meilleures pratiques internationales.

De plus, des partenariats avec des structures de recherche et développement pourront aider à améliorer les compétences techniques des promoteurs, notamment en matière d'innovation et de gestion des entreprises. Ce soutien permettra de renforcer la culture de l’innovation au Bénin et d’assurer une meilleure compétitivité des start-up sur le marché mondial.

L’accompagnement des start-up ne doit pas se limiter à des actions ponctuelles, mais s’inscrire dans une logique de suivi rigoureux. Le gouvernement, les chambres de commerce et les structures d’accompagnement doivent travailler ensemble pour offrir un soutien complet aux entrepreneurs béninois. Le renforcement des capacités des structures d’accompagnement et la préparation technique des start-up pour les concours régionaux sont des priorités à prendre en compte.

Un tel soutien doit également inclure un meilleur accès aux financements. Si les initiatives existantes, comme le Faen, sont un pas dans la bonne direction, il reste nécessaire d’élargir l’accès aux fonds dédiés aux start-up et de faciliter les procédures administratives pour encourager les investissements privés et publics dans ce secteur stratégique.

Un potentiel en pleine croissance

L’enquête réalisée en novembre 2023 auprès de 50 entreprises inscrites à la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Cci-Bénin) montre que la majorité des start-up sont des entreprises individuelles (57 %), bien que 43 % aient adopté le statut de société à responsabilité limitée (Sarl). Les promoteurs de ces start-up sont, pour la plupart, titulaires d’un diplôme supérieur (62 %), ce qui témoigne de la technicité du secteur.

Concernant la performance en 2023, la majorité des start-up ont connu une évolution « moyenne » de leurs activités par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires et la rentabilité sont restés stables ou ont légèrement augmenté pour la plupart des entreprises. Toutefois, l’accès aux financements reste un point faible, avec 33 % des répondants indiquant une baisse des investissements par rapport à 2022.

En résumé, bien que le secteur des start-up au Bénin présente de réels atouts, il doit surmonter plusieurs obstacles pour réaliser son potentiel. Le soutien institutionnel, l'amélioration des infrastructures et l’accès aux financements sont cruciaux pour renforcer la compétitivité des entreprises béninoises et les aider à s’imposer à l’échelle régionale et mondiale.