La Nation Bénin...
Le
Forum de l’investissement tenu les 10 et 11 juin à Cotonou, a mis en lumière
les stratégies innovantes susceptibles de soutenir un entrepreneuriat résilient
et inclusif au Bénin. Le financement, les infrastructures et le climat des
affaires ont été identifiés comme des leviers majeurs pour ancrer la croissance
économique du Bénin dans la durée.
Dans
un contexte de croissance soutenue, le Bénin affiche son ambition de franchir
la barre symbolique des deux chiffres en matière de progression économique. Une
ambition loin d’être irréaliste, puisque le pays a enregistré un taux de
croissance de 7,5 % en 2024, malgré un environnement international incertain et
les tensions persistantes avec certains voisins, notamment le Niger, qui
représente un tiers du volume des marchandises transitant par le port de
Cotonou.
Le
premier panel du Forum de l’investissement pour un entreprenariat prospère et
durable, coorganisé les 10 et 11 juin à Cotonou par Enabel et le ministère de
l’Economie et des Finances (Mef), a réuni des figures majeures de l’écosystème
entrepreneurial béninois. Modéré par Serge Dossou-Yovo, directeur du
Financement du développement au Mef, il a permis de débattre des politiques et
stratégies innovantes pour promouvoir davantage l’entrepreneuriat.
Parmi
les intervenants : Philibert Adankon, directeur des Investissements de la
Caisse des dépôts et consignations du Bénin (Cdcb), Nicolas Ahouissoussi,
directeur général du Fonds national de développement agricole (Fnda), Laurent
Gangbès, directeur général de l’Agence de développement des petites et moyennes
entreprises (Adpme), et Danny Verspreet, directeur Finances & IT chez
Enabel.
Plantant
le décor, M. Dossou-Yovo a rappelé que le panel visait à explorer des outils
concrets comme le financement vert, l’investissement à impact (impact
investing), ainsi que l’innovation technologique et sociale, perçus comme
essentiels pour stimuler un entrepreneuriat résilient.
Efforts à consolider
Les
panélistes ont unanimement souligné que le financement demeure un défi majeur.
Le Fnda, l’Adpme, la Cdcb et leurs partenaires sont invités à mutualiser leurs
efforts afin d’accompagner les entrepreneurs, notamment ceux issus du secteur
informel, vers une croissance plus inclusive.
Au-delà
de l’accès au crédit, deux autres leviers s’imposent selon les panélistes :
d’une part, les infrastructures (énergie, routes, logistique) qui constituent
les fondations matérielles du développement; d’autre part, la structuration et
la professionnalisation des dispositifs d’appui à l’entrepreneuriat.
Pour
Laurent Gangbès, la performance des entreprises dépendra de la fluidité des
mécanismes d’accompagnement et de la solidité d’un écosystème capable de
répondre efficacement aux besoins des acteurs économiques sur le terrain.
La
dimension technologique a également été soulignée comme un catalyseur
incontournable de la transformation entrepreneuriale.
Danny Verspreet, représentant d’Enabel, a salué les réformes engagées par le gouvernement béninois pour améliorer le climat des affaires. Il a néanmoins insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les initiatives, afin d’aligner les stratégies d’investissement sur les besoins réels des territoires. L’inclusion des jeunes, des femmes et des acteurs locaux dans cette dynamique de développement est, selon lui, un impératif.
Ambition réaliste !
Interrogés
sur la viabilité de l’ambition béninoise d’atteindre une croissance à deux
chiffres, les panélistes se sont montrés optimistes, tout en appelant à un
engagement collectif plus fort.
Philibert
Adankon a rappelé le rôle central des petites et moyennes entreprises (Pme)
dans cette trajectoire. « La croissance durable ne sera atteinte que si l’on
structure et finance davantage les Pme, souvent confrontées à des difficultés
d’accès au crédit et aux outils d’accompagnement », a-t-il souligné.
Laurent
Gangbès a, pour sa part, évoqué l’évolution du modèle économique béninois,
passé d’une économie de transit à une logique d’industrialisation et de
transformation locale. Cette transition, appuyée par des investissements
massifs dans les infrastructures (routes, fibre optique, eau, énergie, zone industrielle),
renforce la résilience du pays face aux chocs exogènes.
«
Il y a aujourd’hui une véritable envie d’entreprendre chez les jeunes Béninois
», a affirmé M. Gangbès, tout en faisant part de son optimisme à la suite d’une
mission en France, où il a noté un regain d’intérêt des entreprises européennes
pour des partenariats avec leurs homologues béninoises.
Danny Verspreet a conclu en réaffirmant l’engagement d’Enabel à accompagner le Bénin dans sa transformation structurelle. Il a rappelé que la clé d’une croissance prospère réside aussi dans l’alignement des stratégies nationales avec les besoins concrets des populations.
Le secteur agricole hissé au rang des priorités
L’entrepreneuriat
agricole figure parmi les secteurs les plus touchés par les difficultés de
financement. Le Fonds national de développement agricole (Fnda) a été conçu
pour répondre à cet enjeu, en apportant des ressources non seulement
financières, mais aussi techniques et institutionnelles. « Notre objectif est
de stimuler l’investissement privé dans l’agriculture. Le Fnda ne se contente
pas d’accorder des subventions ; il facilite aussi l’accès au crédit via des
mécanismes innovants », explique le directeur général Nicolas Ahouissoussi.
Ces
mécanismes incluent la garantie partielle des prêts : l’Etat couvre entre 20 %
et 50 % des crédits agricoles ; la bonification du taux d’intérêt jusqu’à 2 %
pour certains projets et le refinancement des institutions financières
partenaires après décaissement effectif.
L’objectif,
c’est de sécuriser les investissements et inciter les institutions à financer
un secteur encore perçu comme risqué. Comme résultat, près de 50 milliards de
francs Cfa ont été mobilisés au cours des deux dernières années.
L’Adpme n’est pas en reste. Environ 70 % des entreprises accompagnées par l’agence opèrent dans les secteurs agricole et agroalimentaire. « Notre ambition est de fluidifier le parcours des Pme, souvent confrontées à un véritable parcours du combattant. L’Agence coordonne les démarches et facilite l’accès aux dispositifs existants », assure Laurent Gangbès.