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Entrepreneuriat et développement inclusif au Bénin: Trois clés pour une croissance prospère et durable

Economie

Le Forum de l’investissement tenu les 10 et 11 juin à Cotonou, a mis en lumière les stratégies innovantes susceptibles de soutenir un entrepreneuriat résilient et inclusif au Bénin. Le financement, les infrastructures et le climat des affaires ont été identifiés comme des leviers majeurs pour ancrer la croissance économique du Bénin dans la durée.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 13 juin 2025 à 09h49 Durée 2 min.
#Développement #Croissance économique #Bénin

Dans un contexte de croissance soutenue, le Bénin affiche son ambition de franchir la barre symbolique des deux chiffres en matière de progression économique. Une ambition loin d’être irréaliste, puisque le pays a enregistré un taux de croissance de 7,5 % en 2024, malgré un environnement international incertain et les tensions persistantes avec certains voisins, notamment le Niger, qui représente un tiers du volume des marchandises transitant par le port de Cotonou.

Le premier panel du Forum de l’investissement pour un entreprenariat prospère et durable, coorganisé les 10 et 11 juin à Cotonou par Enabel et le ministère de l’Economie et des Finances (Mef), a réuni des figures majeures de l’écosystème entrepreneurial béninois. Modéré par Serge Dossou-Yovo, directeur du Financement du développement au Mef, il a permis de débattre des politiques et stratégies innovantes pour promouvoir davantage l’entrepreneuriat.

Parmi les intervenants : Philibert Adankon, directeur des Investissements de la Caisse des dépôts et consignations du Bénin (Cdcb), Nicolas Ahouissoussi, directeur général du Fonds national de développement agricole (Fnda), Laurent Gangbès, directeur général de l’Agence de développement des petites et moyennes entreprises (Adpme), et Danny Verspreet, directeur Finances & IT chez Enabel.

Plantant le décor, M. Dossou-Yovo a rappelé que le panel visait à explorer des outils concrets comme le financement vert, l’investissement à impact (impact investing), ainsi que l’innovation technologique et sociale, perçus comme essentiels pour stimuler un entrepreneuriat résilient.

Efforts à consolider

Les panélistes ont unanimement souligné que le financement demeure un défi majeur. Le Fnda, l’Adpme, la Cdcb et leurs partenaires sont invités à mutualiser leurs efforts afin d’accompagner les entrepreneurs, notamment ceux issus du secteur informel, vers une croissance plus inclusive.

Au-delà de l’accès au crédit, deux autres leviers s’imposent selon les panélistes : d’une part, les infrastructures (énergie, routes, logistique) qui constituent les fondations matérielles du développement; d’autre part, la structuration et la professionnalisation des dispositifs d’appui à l’entrepreneuriat.

Pour Laurent Gangbès, la performance des entreprises dépendra de la fluidité des mécanismes d’accompagnement et de la solidité d’un écosystème capable de répondre efficacement aux besoins des acteurs économiques sur le terrain.

La dimension technologique a également été soulignée comme un catalyseur incontournable de la transformation entrepreneuriale.

Danny Verspreet, représentant d’Enabel, a salué les réformes engagées par le gouvernement béninois pour améliorer le climat des affaires. Il a néanmoins insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les initiatives, afin d’aligner les stratégies d’investissement sur les besoins réels des territoires. L’inclusion des jeunes, des femmes et des acteurs locaux dans cette dynamique de développement est, selon lui, un impératif.

Ambition réaliste !

Interrogés sur la viabilité de l’ambition béninoise d’atteindre une croissance à deux chiffres, les panélistes se sont montrés optimistes, tout en appelant à un engagement collectif plus fort.

Philibert Adankon a rappelé le rôle central des petites et moyennes entreprises (Pme) dans cette trajectoire. « La croissance durable ne sera atteinte que si l’on structure et finance davantage les Pme, souvent confrontées à des difficultés d’accès au crédit et aux outils d’accompagnement », a-t-il souligné.

Laurent Gangbès a, pour sa part, évoqué l’évolution du modèle économique béninois, passé d’une économie de transit à une logique d’industrialisation et de transformation locale. Cette transition, appuyée par des investissements massifs dans les infrastructures (routes, fibre optique, eau, énergie, zone industrielle), renforce la résilience du pays face aux chocs exogènes.

« Il y a aujourd’hui une véritable envie d’entreprendre chez les jeunes Béninois », a affirmé M. Gangbès, tout en faisant part de son optimisme à la suite d’une mission en France, où il a noté un regain d’intérêt des entreprises européennes pour des partenariats avec leurs homologues béninoises.

Danny Verspreet a conclu en réaffirmant l’engagement d’Enabel à accompagner le Bénin dans sa transformation structurelle. Il a rappelé que la clé d’une croissance prospère réside aussi dans l’alignement des stratégies nationales avec les besoins concrets des populations.

Le secteur agricole hissé au rang des priorités

L’entrepreneuriat agricole figure parmi les secteurs les plus touchés par les difficultés de financement. Le Fonds national de développement agricole (Fnda) a été conçu pour répondre à cet enjeu, en apportant des ressources non seulement financières, mais aussi techniques et institutionnelles. « Notre objectif est de stimuler l’investissement privé dans l’agriculture. Le Fnda ne se contente pas d’accorder des subventions ; il facilite aussi l’accès au crédit via des mécanismes innovants », explique le directeur général Nicolas Ahouissoussi.

Ces mécanismes incluent la garantie partielle des prêts : l’Etat couvre entre 20 % et 50 % des crédits agricoles ; la bonification du taux d’intérêt jusqu’à 2 % pour certains projets et le refinancement des institutions financières partenaires après décaissement effectif.

L’objectif, c’est de sécuriser les investissements et inciter les institutions à financer un secteur encore perçu comme risqué. Comme résultat, près de 50 milliards de francs Cfa ont été mobilisés au cours des deux dernières années.

L’Adpme n’est pas en reste. Environ 70 % des entreprises accompagnées par l’agence opèrent dans les secteurs agricole et agroalimentaire. « Notre ambition est de fluidifier le parcours des Pme, souvent confrontées à un véritable parcours du combattant. L’Agence coordonne les démarches et facilite l’accès aux dispositifs existants », assure Laurent Gangbès.