La Nation Bénin...
La 7ᵉ édition des Journées béninoises de l’évaluation (Jbe) se tient à Cotonou, du 8 au 10 septembre, sur le thème : «L’inclusion, levier d’un système national d’évaluation axé sur les résultats ». Les acteurs nationaux et internationaux s’interrogent sur la meilleure façon de rendre les politiques publiques plus efficaces, équitables et proches des citoyens.
Pendant trois jours, chercheurs, décideurs politiques, partenaires techniques et financiers, ainsi que représentants de la société civile se réunissent pour un rendez-vous désormais incontournable: les Journées béninoises de l’évaluation (Jbe). La 7ᵉ édition, qui se tient du 8 au 10 septembre, met en lumière comment faire de l’inclusion un principe fondateur de l’évaluation des politiques publiques. Depuis près de deux décennies, le Bénin s’est illustré sur le continent par son engagement en faveur de l’évaluation. La création d’un système national structuré et robuste, salué à l’échelle africaine et internationale, a marqué une étape importante dans l’institutionnalisation de cette pratique. Mais, comme le rappelle Abdoulaye Gounou, directeur général de l’Évaluation et de l’observatoire du changement social, des défis demeurent. «L’inclusion, loin d’être un concept abstrait, doit être un principe concret et transversal dans l’évaluation de toutes nos politiques publiques. Elle ne doit pas être perçue comme un simple objectif supplémentaire, mais bien comme une condition indispensable pour mesurer l’efficacité de nos actions et la manière dont elles impactent réellement la vie des citoyens », a-t-il fait savoir. Le principal défi identifié par les experts réside dans la faible utilisation des résultats issus des évaluations. Trop souvent, les rapports produits restent lettre morte, sans influencer réellement la prise de décision. Une situation qui, selon Abdoulaye Gounou, favorise la répétition des erreurs et la mise en œuvre de décisions mal orientées. L’enjeu est donc de renforcer non seulement la qualité des évaluations, mais aussi leur appropriation par les décideurs et les citoyens. « Dans un contexte où la performance et les résultats sont de plus en plus attendus par les populations, il est primordial de réfléchir à un système d’évaluation qui dépasse la simple mesure des outputs et qui s’intéresse véritablement aux outcoms », insiste-t-il.
Réflexion et convergence
La pertinence du thème retenu pour cette édition a ému Titus Oladayo Osundina, représentant résident du Pnud au Bénin qui a salué cet engagement du Bénin. «Aucune politique publique ne peut être pleinement efficace si elle ne prend pas en compte toutes les voix, toutes les réalités et toutes les vulnérabilités », a-t-il fait savoir. Pour lui, l’évaluation doit être inclusive pour être transformative, en phase avec l’Agenda 2030 et les Objectifs de développement durable (Odd). Le représentant résident du Pnud insiste sur trois priorités : impliquer directement les populations, valoriser les savoirs locaux et communautaires, et promouvoir la participation citoyenne à toutes les étapes de l’évaluation. « Ces journées de l’évaluation permettent au Bénin de renforcer la culture de l’évaluation et de bâtir des politiques publiques plus efficaces et plus justes », affirme-t-il, en saluant le leadership du gouvernement béninois et l’engagement de l’ensemble des acteurs.
L’évaluation, pour le gouvernement, est un levier stratégique dans un contexte marqué par la raréfaction de l’aide publique au développement. « L’évaluation constitue un outil stratégique de pilotage des politiques publiques, une boussole pour orienter l’action, corriger les insuffisances et surtout capitaliser sur les réussites », rappelle Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale. Il souligne que le pays s’est résolument engagé sur cette voie, notamment avec l’adoption en 2024 de la loi sur la planification, le développement et l’évaluation des politiques publiques. Cette réforme structurelle marque, selon lui, un tournant décisif. « Alors qu’en 2022 et 2024, les ministères formulaient en moyenne quatre demandes d’évaluation par an, le deuxième trimestre de 2025 en a déjà enregistré quatorze », révèle-t-il. Une dynamique qui témoigne de la volonté croissante des administrations de baser leurs décisions sur des données probantes. La politique nationale d’évaluation 2025-2034 et sa stratégie 2025-2029 constituent d’ailleurs le socle de cette nouvelle étape. La 7ᵉ édition des Jbe offre un espace de réflexion et d’échanges sur les solutions concrètes pour renforcer l’utilisation des résultats d’évaluation et promouvoir des approches inclusives. Les discussions, expériences partagées et propositions formulées au cours des trois jours devraient contribuer à consolider le système national d’évaluation, à le rendre plus participatif et à l’aligner davantage sur les aspirations des citoyens.
Les Journées béninoises de l’évaluation réunissent des acteurs nationaux et internationaux pour réfléchir à un système d’évaluation plus inclusif et axé sur les résultats