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Exécution du budget 2025: 559,2 milliards F Cfa de recettes mobilisées à fin mars

Economie
Rodrigue S. Chaou Rodrigue S. Chaou

Le Bénin affiche une gestion budgétaire globalement satisfaisante au premier trimestre 2025. Le rapport trimestriel d’exécution de la loi de finances révèle une mobilisation accrue des ressources de financement. Mais l’aggravation du déficit budgétaire rappelle les fragilités de l’équilibre financier à consolider.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 24 juin 2025 à 08h04 Durée 3 min.
#Gestion budgétaire

L’exécution budgétaire au premier trimestre 2025 au Bénin est marquée par une dynamique soutenue des recettes et un engagement affirmé en faveur des dépenses sociales. C’est ce que souligne le Rapport d’exécution du budget de l’État (Rapex) au 31 mars 2025, publié par le ministère de l’Economie et des Finances.

Les recettes budgétaires s’établissent à 559,2 milliards F Cfa, soit 23,6 % des prévisions annuelles fixées à 2 367,4 milliards. Elles enregistrent une hausse de 12,6 % par rapport à la même période en 2024. Cette progression est portée par les réformes structurelles engagées, notamment l’élargissement de l’assiette fiscale à travers la taxation du commerce électronique, la digitalisation des services, l’interopérabilité des bases de données et la généralisation de la facture normalisée.

Les régies financières demeurent les piliers de cette performance, contribuant à 98 % des recettes mobilisées. La direction générale des Impôts (Dgi) enregistre une hausse de 14,1 %, avec 296,3 milliards F Cfa collectés, notamment grâce à la bonne tenue de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) et des impôts sur les traitements et salaires.

La direction générale des Douanes (Dgd), pour sa part, affiche une progression de 19,5 %, atteignant 207,6 milliards de F Cfa.

Quant à la direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp), elle a mobilisé 32,29 milliards F Cfa contre 34,74 milliards à la même période l’année dernière, soit une baisse de 2,44 milliards correspondant à une régression de 7 %.

La mobilisation est également soutenue par l’Agence nationale du domaine et du foncier (Andf) qui a rapporté 758,6 millions F Cfa au premier trimestre, soit un taux de mobilisation de 15,2 % des prévisions annuelles de 5 milliards. Les recettes à ce niveau connaissent un accroissement de 12,4 % par rapport aux réalisations à fin mars 2024, grâce notamment à la dématérialisation des services.

Les appuis budgétaires, les fonds de concours et les recettes assimilées sont mobilisés à hauteur de 8,67 milliards F Cfa à fin mars 2025, soit 10,4 % des prévisions annuelles de 83,08 milliards.

717,5 milliards de dépenses engagées

« La dynamique positive des recettes budgétaires a permis au cours du premier trimestre de l’année de soutenir une augmentation des dépenses, notamment les dépenses sociales et de protection de l’Etat de droit et de la démocratie», selon Rodrigue S. Chaou, directeur général du Budget.

Les dépenses budgétaires exécutées à fin mars s’élèvent à 717,5 milliards F Cfa en engagements, soit 25,8 % des prévisions annuelles estimées à 2 778,5 milliards, selon le Rapex. En ordonnancement, elles atteignent 660 milliards, ce qui équivaut à 23,8 % des prévisions.

En effet, les dépenses sociales prioritaires, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des appuis aux ménages vulnérables, sont chiffrées à 33,33 milliards, atteignant 130,7 % de la cible intermédiaire prévue à fin mars.

Côté investissements, les dépenses en capital atteignent 225,8 milliards F Cfa, soit 22,3 % des prévisions annuelles, avec un accent mis sur l’achèvement des projets phares du Programme d’action du gouvernement (Pag) dans les domaines sociaux et des infrastructures.

Au-delà des dépenses classiques, l’Etat porte une attention particulière aux politiques transversales. Ainsi, au 31 mars, les dépenses à sensibilité genre s’élèvent à 69 milliards F Cfa. Les dépenses liées au climat atteignent 175,3 milliards et celles dédiées à l’entretien des infrastructures sont à 26,8 milliards.

Les charges de trésorerie, quant à elles, atteignent 260,9 milliards F Cfa pour un taux d’exécution de 33,8 %, pendant que les ressources de financement mobilisées sont chiffrées à 456,7 milliards F Cfa correspondant à 49,4 % des prévisions annuelles.

Déficit structurel sous encadrement

Globalement, le solde budgétaire reste déficitaire à 100,8 milliards F Cfa (base ordonnancement), en creusement par rapport au déficit de 49,7 milliards observé à la même période en 2024. Cette situation, bien que préoccupante, s’inscrit selon le gouvernement dans le cadre maîtrisé de la consolidation budgétaire prévue pour ramener le déficit aux normes communautaires.

« La politique budgétaire qui porte la trajectoire des recettes et des dépenses de l’Etat reste cohérente, anticipant pour la fin de l’année 2025, un retour à l’équilibre budgétaire normatif », assure le directeur général du Budget.

Le défi des prochains mois sera donc de poursuivre les efforts sans aggraver les déséquilibres, tout en accélérant l’impact visible des investissements publics.