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Gouvernance financière: Plaidoyer pour des solutions aux défis économiques

Economie
A ces assises, Jean-Claude Kassi Brou a exposé les défis économiques  et les priorités de l'Uemoa A ces assises, Jean-Claude Kassi Brou a exposé les défis économiques et les priorités de l'Uemoa

Lors des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi) qui ont eu lieu du 21 au 26 octobre à Washington, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Bceao, a insisté sur les priorités économiques dans l’espace Uemoa. Face à l’endettement croissant, aux risques climatiques, à la sécurité et à l'emploi des jeunes, il appelle à une coopération renforcée pour assurer la stabilité de la région.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 29 oct. 2024 à 07h38 Durée 3 min.
#stabilité économique #BCEAO

La stabilité économique est un défi pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. Face aux grands acteurs financiers internationaux à Washington, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), fait entendre la voix de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Entre la montée de la dette, les effets du changement climatique et la crise de l’emploi pour une jeunesse en forte croissance, les défis sont de taille. Mais pour Jean-Claude Kassi Brou, une chose est claire, seule une coopération mondiale renforcée permettra de relever les défis auxquels la région fait face. Il a mis en exergue les obstacles spécifiques à l’Afrique de l’Ouest, en particulier au sein de l’Uemoa, à l’occasion des assemblées annuelles du groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi) qui ont réuni des responsables de banques centrales, des ministres des Finances, des leaders du secteur privé et des universitaires.

Lors d’une réunion de haut niveau consacrée à l’Uemoa, le gouverneur de la Bceao a insisté sur la nécessaire stabilité macroéconomique pour soutenir la croissance régionale malgré les chocs externes. «La résilience de notre économie repose sur une politique fiscale et monétaire adaptée, notamment dans un contexte de volatilité économique mondiale», a-t-il affirmé, évoquant les répercussions du changement climatique, de la dette et de l’insécurité dans la région. Les discussions ont notamment porté sur l’augmentation de l’endettement des pays africains. Selon les dernières données, la dette extérieure publique en Afrique subsaharienne a quadruplé en moins de deux décennies, passant de 108 milliards de dollars en 2006 à 462 milliards de dollars en 2022. Ce poids de la dette limite la capacité des États à financer des projets de développement et rend les économies de la région vulnérables aux fluctuations des taux d’intérêt mondiaux. « Il devient essentiel d’instaurer des mécanismes pour mieux gérer cette dette et réduire le risque de surendettement », a souligné Jean-Claude Kassi Brou. Face à ces contraintes budgétaires, il a proposé une meilleure coordination entre les institutions financières internationales et les institutions régionales, afin de mettre en place des instruments financiers innovants qui répondent aux besoins spécifiques des pays africains.

Défi structurel

Dans une région où l’agriculture constitue le principal moteur de l’économie, le changement climatique a des effets dramatiques sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Entre 1980 et 2022, les catastrophes climatiques ont affecté plus de 80 millions de personnes dans la zone Uemoa, selon les données fournies par la Bceao. Face à la situation, Jean-Claude Kassi Brou a affirmé que les variations climatiques influencent directement la croissance économique et accroissent les vulnérabilités en matière de santé et d’emploi. « Nous devons intensifier nos efforts pour intégrer des stratégies de résilience climatique dans nos politiques économiques », a-t-il proposé. Pour répondre à ce défi, le gouverneur appelle à une mobilisation de ressources internationales visant à financer des infrastructures résilientes et à renforcer les capacités locales pour atténuer les effets climatiques. L'autre sujet majeur abordé lors de ces assemblées annuelles est la stabilité sociopolitique de la région, mise à mal par la montée des conflits et la fragilité sécuritaire. Il est constaté une augmentation des dépenses militaires de l’Uemoa et cela pèse sur les budgets des États, au détriment des investissements dans le développement socio-économique. Le gouverneur a insisté sur la nécessité d'une approche équilibrée dans l'allocation des ressources publiques. « Une sécurité renforcée est essentielle pour protéger les infrastructures et encourager les investissements étrangers, mais elle ne doit pas compromettre le financement du développement social et économique », précise Jean-Claude Kassi Brou.

La région doit également relever le défi de l'emploi pour sa population majoritairement jeune. Jean-Claude Kassi Brou a souligné l'importance de renforcer le capital humain et de créer des opportunités d’emploi adaptées aux besoins du marché. « Le défi de l’emploi est urgent. Nous devons explorer des stratégies qui favorisent l’insertion professionnelle des jeunes, notamment à travers l'entrepreneuriat et la digitalisation », a-t-il indiqué, appelant à un engagement accru des acteurs internationaux pour soutenir les initiatives d’emploi dans les économies émergentes. Le gouverneur de la Bceao a insisté sur la nécessité d’une action coordonnée et d'une coopération internationale renforcée. Il a plaidé pour l’adaptation des instruments financiers mondiaux aux spécificités des pays en développement. Les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fmi ont offert aux pays de la région une tribune pour défendre leurs intérêts et promouvoir une vision de croissance inclusive et durable■