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Impact des travailleurs étrangers sur l’économie béninoise: Une perception positive

Economie

Les Béninois perçoivent dans leur globalité positivement l’impact des travailleurs étrangers sur l’économie nationale. De même, l’émigration reste un indicateur important de la perception des opportunités locales.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 29 août 2025 à 08h40 Durée 3 min.
#économie béninoise

Au Bénin, les travailleurs étrangers ne sont pas perçus comme une menace, mais comme une ressource qui est la bienvenue. La dernière enquête Afrobaromètre vient d’ailleurs conforter la politique du gouvernement qui, depuis plusieurs années, mise sur l’apport de compétences extérieures chaque fois que cela s’avère nécessaire pour soutenir le développement économique et social du pays.

Selon les informations issues de cette enquête conduite entre le 29 janvier et le 9 février 2024 auprès d’un échantillon d’adultes béninois, plus de six Béninois sur dix (64 %) estiment que l’accueil de travailleurs étrangers, venant vivre et travailler plusieurs années dans le pays, est bénéfique pour l’économie nationale. Parmi eux, 46 % considèrent cet impact comme « assez bien » et 17 % comme « très bien ». L’adhésion à cette opinion positive tend à être plus marquée chez les populations les plus modestes. 66 % des plus pauvres voient l’immigration d’un bon œil contre 57 % des plus aisés. Cette perception reflète la reconnaissance du rôle potentiel des migrants dans le dynamisme économique, la création d’emplois et le renforcement des échanges commerciaux.

Malgré cette perception favorable des effets économiques, les Béninois restent prudents lorsqu’il s’agit d’accueillir davantage de travailleurs étrangers ou de réfugiés. La majorité des répondants pense que le Bénin devrait en accueillir « moins » ou « pas du tout ». Ainsi, 54 % pour les travailleurs étrangers et 52 % pour les réfugiés. À peine un quart des Béninois se disent favorables à un accueil accru (27 % et 25 % respectivement). Cette prudence contraste avec l’ouverture affichée au niveau du voisinage. Une écrasante majorité des citoyens se dit  favorable ou indifférente à l’idée d’avoir pour voisins des travailleurs étrangers (89 %) ou des réfugiés (88 %). Cette dichotomie montre que si les Béninois reconnaissent les avantages économiques de l’immigration, ils demeurent attentifs aux implications sociales et à la gestion des flux migratoires. Les données d’Afrobaromètre mettent ainsi en lumière une perception nuancée mais globalement positive de l’immigration au Bénin. Les Béninois semblent prêts à tirer profit des bénéfices économiques de l’immigration tout en gardant un certain contrôle sur l’ampleur de l’accueil. Les travailleurs étrangers sont ainsi perçus comme des contributeurs à la croissance économique, à l’innovation et au partage de compétences, surtout dans un contexte où le pays cherche à renforcer son développement économique et social.

 

En parallèle

L’aspiration à l’émigration reste un indicateur important de la perception des opportunités locales, même si elle connaît un léger recul. Les jeunes, les plus instruits et les plus aisés, continuent de voir à l’extérieur les solutions à leur épanouissement professionnel et personnel, un facteur qui doit interpeller les décideurs politiques.

Selon l’enquête Afrobaromètre, quatre citoyens sur dix ont pensé à quitter le pays, que ce soit « un peu » (10 %), « quelque peu »

(10 %) ou « beaucoup » (20 %). Cette proportion a diminué de six points depuis 2017, passant de 46 % à 40 %. L’étude révèle que le désir d’émigrer est plus prononcé chez certaines catégories : les jeunes (54 %), les personnes les plus instruites (64 %), les individus à revenus élevés (52 %), les citadins (48 %) et les hommes (48 %).

À l’inverse, il reste moins répandu parmi les personnes moins instruites (37 %-39 %), les personnes âgées (32 %-35 %), les populations rurales (43 %), les moins aisés (43 %-45 %) et les femmes (44 %). Les motivations restent essentiellement économiques : la recherche d’emploi, citée par 35 % des aspirants émigrants en 2024 (contre 43 % en 2017), les difficultés économiques (28 % contre 30 %), la pauvreté ou l’indigence (19 % contre 9 %), et la recherche de meilleures opportunités d’affaires (6 % contre 2 %). En termes de destinations, la moitié des répondants souhaite rester en Afrique, principalement au Nigeria (23 %) ou ailleurs en Afrique de l’Ouest (16 %), tandis que l’autre moitié aspire à s’installer en Europe (20 %) ou en Amérique du nord (18 %). Cette répartition marque un changement par rapport à 2017, où 57 % des aspirants émigrants préféraient rester sur le continent africain.

L’étude d’Afrobaromètre montre que les Béninois sont conscients des enjeux économiques et sociaux liés aux flux migratoires. Les résultats révèlent un équilibre délicat entre ouverture économique et prudence sociale, une dynamique essentielle à comprendre pour élaborer des politiques migratoires efficaces et inclusives. Avec une perception positive des travailleurs étrangers et une aspiration mesurée à l’émigration, le Bénin se trouve à un carrefour où la mobilité humaine, qu’elle soit interne ou externe, devient un levier stratégique pour le développement national.