Inclusion financière: Une rencontre déterminante pour repenser la stratégie

Dakar accueille cette semaine un atelier de grande importance pour l’avenir de l’inclusion financière dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Des acteurs nationaux et régionaux, des experts de la finance inclusive, ainsi que des partenaires techniques et financiers se retrouvent au siège de la Bceao pour redéfinir les lignes directrices de la Stratégie régionale d’inclusion financière (Srif), adoptée en 2016 et dont la mise en œuvre a favorisé des progrès significatifs en matière d’accès aux services financiers dans la région. Depuis l’adoption de la Srif, les avancées sont perceptibles. Entre 2016 et 2023, le taux d’inclusion financière dans l’Uemoa est passé de 47 % à 72,3 %. Cependant, cet indicateur reste inférieur à l’objectif initial de 75 %. Face aux défis persistants, notamment en matière de financement des petites entreprises et de bancarisation des zones rurales, la révision de la stratégie est devenue une priorité pour adapter les objectifs aux réalités socio-économiques actuelles. L’atelier de Dakar débutera par une cérémonie officielle d’ouverture, suivie de la présentation des résultats des premières phases de la stratégie. Des représentants des huit États membres partageront les conclusions des ateliers nationaux organisés en milieu d'année, lesquels ont permis de dresser un bilan des progrès et obstacles rencontrés dans chaque pays. Cette première journée sera également consacrée à l’identification des nouveaux enjeux de l’inclusion financière. Avec une population en croissance rapide, notamment en milieu rural, l'Uemoa fait face à une demande croissante de services financiers accessibles et adaptés. Un accent particulier sera donc mis sur les innovations technologiques, telles que le mobile banking et les solutions de microfinance numérique qui pourraient devenir des leviers importants pour atteindre les populations les plus éloignées des centres urbains. En mettant en place un cadre légal et réglementaire plus souple et inclusif, l’Uemoa espère faciliter l’implantation de ces solutions innovantes dans l’ensemble de la région.

Axes stratégiques

Les discussions du deuxième jour porteront sur les axes de la nouvelle stratégie. La Bceao et ses partenaires souhaitent s’appuyer sur cinq grands piliers qui ont montré leur efficacité. Ces piliers s’intitulent comme suit : un cadre légal et réglementaire renforcé pour soutenir l’innovation et garantir la protection des utilisateurs ; l’assainissement du secteur de la microfinance afin d’assurer une plus grande fiabilité des services offerts ; l’innovation technologique pour permettre aux populations exclues, en particulier les jeunes, les femmes et les populations rurales, d’accéder à des services financiers abordables ; l'éducation financière et la protection du consommateur qui restent essentielles pour permettre aux utilisateurs de mieux comprendre et utiliser les produits financiers à leur disposition ; un environnement fiscal et des politiques publiques favorables à l’inclusion financière, visant à faciliter l’accès aux services financiers pour les petites et moyennes entreprises (Pme) et les populations défavorisées. Ces priorités formeront le socle d'un plan d'action actualisé, dont la finalité est de créer un cadre harmonisé et structuré qui soutiendra l’expansion de services financiers abordables à travers la région. La Bceao souhaite, en concertation avec les États membres, déterminer des actions concrètes qui favoriseront une croissance durable et inclusive pour les années à venir. La dernière journée de cet atelier sera consacrée à des échanges avec les partenaires techniques et financiers. Les recommandations issues de cet atelier permettront de finaliser la nouvelle stratégie, qui sera ensuite soumise à l'approbation du Conseil des ministres de l’Uemoa. Cette rencontre, au-delà de l’évaluation des acquis, marque une étape décisive pour tracer les contours d’une stratégie adaptée aux réalités du moment. La nouvelle stratégie sera ainsi orientée vers une approche plus durable et inclusive, pour transformer profondément le secteur financier ouest-africain et renforcer la résilience des économies locales■