La Nation Bénin...
L’Uemoa a enregistré un léger repli de l’inflation en
2024, avec un taux moyen de 3,5 %, selon la Bceao. Si la tendance globale est à
la décélération, des disparités importantes subsistent entre Etats membres,
sous l’effet de chocs internes et externes.
Après deux années marquées par des pressions
inflationnistes soutenues, l’année 2024 a été celle d’une accalmie relative
dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Le taux
d’inflation moyen annuel s’est établi à 3,5 %, après 3,7 % en 2023 et un pic de
7,4 % en 2022, selon les données officielles de la Banque centrale des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
Le repli de l’inflation enregistré en 2024 s’explique principalement par le net ralentissement des hausses de prix dans les secteurs du transport, de la restauration et du logement. La hausse des tarifs des transports a ainsi chuté de 6,7 % à 1,3 %, tandis que les tarifs de la restauration ont progressé à un rythme plus modéré (+4,2 % contre +5,7 % en 2023), tout comme les loyers et services liés au logement (+3,6 % contre +4,7 %), souligne le Rapport sur l’évolution des prix à la consommation dans l'Uemoa en 2024 et perspectives de la Bceao.
Toutefois, ce repli a été partiellement contrebalancé par
la hausse des prix des produits alimentaires locaux (de +3,7 % à +4,8 % en
2024), affectés par une offre céréalière affaiblie en lien avec les résultats
moyens de la campagne agricole 2023-2024. Il est aussi noté l’augmentation des
coûts de santé : +3,7 % en 2024 contre +1,1 % un an plus tôt.
Facteurs de détente
Au nombre des facteurs qui expliquent l’évolution modérée
des prix en 2024, la production céréalière a progressé de seulement 2 % sur la
campagne 2023-2024, contre 16,9 % l’année précédente. Cette moindre
disponibilité a entraîné une hausse des prix des céréales, culminant à +15 % en
juillet 2024, lors de la période de soudure.
Par ailleurs, les perturbations sécuritaires dans
plusieurs pays du Sahel, comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, ont pesé
sur les circuits d’approvisionnement. A cela s’ajoutent les restrictions sur
les sorties de denrées, qui ont amplifié les tensions locales sur les prix.
En revanche, sur le plan externe, plusieurs signaux ont
contribué à calmer les prix. Les cours internationaux des produits alimentaires
importés ont poursuivi leur repli (-3,2 % en 2024, après -9,8 % en 2023), tirés
par la baisse du sucre (-13,3 %), du riz (-2,5 %) et du blé.
De même, le baril de pétrole brut (Wti) s’est contracté à
75,2 dollars contre 77,4 dollars en 2023. Ces évolutions ont allégé les prix
domestiques de l’énergie dans l’Union.
Dans cette dynamique, la Bceao anticipe une poursuite de la décélération de l’inflation dans la zone. Le taux moyen d’inflation devrait atteindre 2,2 % en 2025, puis 2,3 % en 2026, si les tendances observées se maintiennent. Les projections intègrent une amélioration de la production agricole avec une prévision de +5 % pour les campagnes à venir, un maintien de la baisse des cours alimentaires mondiaux et la stabilité des prix pétroliers.
Des écarts significatifs entre pays
Si la moyenne régionale affiche une baisse, les écarts
entre pays restent importants. En 2024, l’écart-type des taux d’inflation a
progressé à 2,5 points de pourcentage, contre 2,1 en 2023. Le Niger (9,1 %), le
Burkina Faso (4,2 %) et le Mali (3,2 %) enregistrent les hausses les plus
marquées. A l’inverse, le Sénégal (0,8 %), le Bénin (1,2 %) et la Guinée-Bissau
(3,7 %) s’en sortent mieux.
Par rapport à ses partenaires commerciaux, l’Uemoa affiche un différentiel favorable de 4,2 points de pourcentage. L’écart est particulièrement marqué vis-à-vis du Nigeria (+29,5 points) et du Ghana (+17,6 points), où l’inflation a été tirée par la dépréciation monétaire et la hausse du coût de la vie.
Le relâchement de l’inflation observé en 2024 est essentiellement influencé par les ralentissements des prix du transport, de la restauration et du logement