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Au terme des Journées scientifiques de l’économie béninoise (Jseb) tenues les 27 et 28 novembre à Cotonou, le comité d’évaluation a dévoilé les lauréats du prix du Meilleur article parmi 42 contributions en compétition. Une distinction qui consacre la rigueur scientifique, l’innovation méthodologique et la pertinence des travaux face aux défis institutionnels et économiques en Afrique.
La 6ᵉ édition des Journées scientifiques de l’économie béninoise (Jseb) s’est clôturée à Cotonou sur une note d’enthousiasme et d’exigence scientifique. Pendant deux jours, chercheurs, universitaires, praticiens du développement et décideurs publics ont confronté leurs analyses autour de la qualité des institutions, qui détermine l’efficacité de l’ensemble des politiques économiques en Afrique. Une thématique d’actualité dans un contexte où gouvernance, transparence et stabilité deviennent des leviers déterminants de la transformation structurelle sur le continent.
Selon Jude Eggoh, directeur de la Recherche et des Études stratégiques au ministère de l’Économie et des Finances, les quarante deux contributions en sessions parallèles ont mis en lumière l’importance fondamentale du cadre institutionnel. « Un grand nombre d'études montrent que la stabilité politique, le contrôle de la corruption, l'État de droit et la participation démocratique fonctionnent comme de véritables multiplicateurs de réformes. Ils renforcent la croissance, facilitent l'absorption des investissements, améliorent l'efficacité des dépenses publiques et soutiennent les secteurs productifs. Sans ce socle institutionnel, les politiques économiques produisent des effets limités ou incohérents », explique-t-il. Les recherches présentées ont pointé la nécessité d’une cohérence forte entre politiques industrielle, commerciale et institutionnelle. Selon les communications, l’ouverture commerciale, par exemple, n'accélère l'industrialisation que lorsqu'elle est accompagnée d'une gouvernance stable. De même, les investissements directs étrangers n’agissent comme moteurs de transformation structurelle que dans des environnements où les règles démocratiques sont consolidées et la corruption maîtrisée. Un autre axe transversal a porté sur l’efficacité de la dépense publique, notamment dans l’éducation et les infrastructures. Les études confirment que l’impact de ces investissements dépend autant de leur nature que de la qualité du suivi, de la transparence et de l’exécution. « Sans un cadre institutionnel solide, la dépense publique perd en impact et peut même accentuer les inégalités », rappelle Jude Eggoh, faisant le rapport des différentes communications. Les réformes du secteur financier et les politiques d’inclusion financière ont également été disséquées. Les dispositifs de digitalisation, de partage d’informations sur le crédit ou d’accès élargi aux services financiers ne portent véritablement leurs fruits que lorsqu’ils reposent sur des institutions capables de réguler efficacement les marchés, de limiter les risques et de prévenir la corruption. Dans des contextes fragiles, ces innovations peuvent au contraire accentuer les vulnérabilités.
Compétition scientifique
Enfin, les travaux ont mis en lumière les enjeux de résilience face aux chocs sécuritaires et géopolitiques. Le terrorisme transfrontalier, l’instabilité politique régionale ou les chocs mondiaux ont des effets plus sévères lorsque la gouvernance nationale est fragile. D’où l’importance d’un renforcement institutionnel et d’une coopération régionale accrue.
Au cœur de ces échanges, la compétition pour le prix du meilleur article scientifique a mobilisé une méthodologie rigoureuse. Les 42 articles soumis ont été évalués par un panel de sept experts internationaux. Tous les aspects ont été pris en compte. La pertinence et la clarté de la problématique dans l’introduction, l’originalité et le positionnement dans la littérature économique, la qualité du résumé et des questions de recherche, la robustesse méthodologique, la rigueur du traitement des données, l’identification causale et la portée des résultats, ainsi que la capacité des travaux à dépasser une simple analyse descriptive. « Nous avons consolidé les évaluations des sept experts pour obtenir un classement consensuel. La compétition a été particulièrement serrée entre deux articles, mais l’un d’eux s’est finalement imposé par un jeu de convergence claire dans les notations », explique Jude Eggoh. Le prix du meilleur article des Jseb 2025, a été attribué à Mahamadi Ouedraogo et Théophile Azomahou pour leur étude intitulée: « Exploitation minière, distance ethnique au pouvoir et confiance institutionnelle». Le travail analyse avec finesse l’effet des activités minières et de la distance ethnique au pouvoir sur la confiance des populations dans les institutions. Les résultats montrent que l’exploitation minière réduit la confiance institutionnelle, mais que cet effet est nettement atténué pour les groupes ethniques proches du pouvoir. Une conclusion aux implications majeures pour la gouvernance des ressources naturelles, la gestion des tensions identitaires et la prévention de conflits. En récompensant des travaux aussi pointus, les Jseb 2025 réaffirment leur rôle d’offrir une plateforme où recherche économique, décision publique et enjeux de développement se rencontrent.
Les lauréats des Jseb 2025 reçoivent leur prix, consacrant l’excellence et la rigueur scientifique au terme de deux jours d’échanges à Cotonou