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Le développement à travers la création d’emploi: En faire une priorité

Economie
Industrialiser les filières agricoles locales et favoriser la transformation sur place Industrialiser les filières agricoles locales et favoriser la transformation sur place

Dans une récente publication, la Banque mondiale réaffirme que l’emploi constitue le levier le plus puissant pour éradiquer la pauvreté et stimuler la prospérité. L’Afrique de l’Ouest, confrontée à un défi démographique et économique immense, doit capitaliser  cette stratégie, notamment à travers des initiatives ciblées. 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 30 avr. 2025 à 07h24 Durée 3 min.
#création d’emploi

Pour que le continent africain atteigne son plein potentiel de développement, les discours convergent désormais vers le développement de certains secteurs clés dont la formation, la transformation et la création d’emploi. Ainsi, créer des emplois pour transformer les sociétés est le cœur du message porté par la Banque mondiale dans sa dernière communication stratégique.

À l’échelle mondiale et particulièrement en Afrique, l’institution met l’accent sur l’urgence de bâtir une économie inclusive, portée par le développement d’emplois décents, notamment pour les jeunes et les femmes. En Afrique de l’Ouest où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, ce défi devient une question de stabilité et de prospérité durable. D’ici dix ans, 1,2 milliard de jeunes atteindront l’âge de travailler, mais seuls 420 millions d’emplois sont attendus. Un déséquilibre qui inquiète. Dans de nombreux pays de la sous-région comme le Bénin, le Nigeria, le Sénégal ou le Burkina Faso, cette pression sur le marché de l’emploi nourrit les frustrations, l’exode rural et l’émigration clandestine.

Pour la Banque mondiale, il faut renverser la tendance avec des actions massives et durables. La Banque mondiale s’appuie sur une approche tripartite qui consiste à investir dans les infrastructures de base, à renforcer la gouvernance et à mobiliser les capitaux privés. Ce triptyque vise à créer un environnement propice à un secteur privé dynamique et créateur d’emplois locaux. Au Bénin, cette logique trouve déjà un écho dans la mise en place de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), fruit d’un partenariat public-privé entre le Bénin et le groupe Arise Iip, visant à industrialiser les filières agricoles locales et à favoriser la transformation sur place. Ce qui a induit la création de milliers d’emplois et d’autres sont attendus à terme, en particulier dans le textile et l’agroalimentaire.

Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale, a laissé entendre à une récente sortie que le gouvernement a créé plus de deux millions d’emplois de 2016 à ce jour. Des chiffres qui confortent le Bénin dans sa stratégie de développement.

 

Femmes et jeunes

Autre point fort de la stratégie de la Banque mondiale implémentée par les pays est l’autonomisation économique des femmes. Celles-ci réinvestissent jusqu’à 90 % de leurs revenus dans leurs familles et leurs communautés. Des projets comme le guichet genre en Tanzanie ou le soutien aux femmes entrepreneures en Inde illustrent cette orientation. En Afrique de l’Ouest, plusieurs initiatives appuyées par la Société financière internationale (Ifc) visent à faciliter l’accès des femmes au crédit et à la formation. Au Bénin, des programmes comme le microcrédit Alafia, le projet Arch, le Fonds national de développement agricole (Fnda) et l’Agence de développement des petites et moyennes entreprises (Adpme) soutiennent aussi l’entrepreneuriat féminin et des jeunes.

Étant donné que les financements publics ne suffisent pas, la Banque mondiale promeut une mobilisation accrue du secteur privé par le biais de garanties, de fonds propres et d’outils comme le Guichet de promotion du secteur privé ou le Laboratoire de l’investissement privé. En Afrique de l’Ouest, ces dispositifs sont essentiels pour libérer le potentiel entrepreneurial, souvent freiné par l’instabilité réglementaire et le manque de financement. Certains secteurs sont identifiés comme particulièrement prometteurs. Il s’agit des infrastructures, de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la santé, du tourisme et de l’industrie manufacturière. Des filières où l’Afrique de l’Ouest dispose d’atouts certains. Le Bénin, en misant sur la transformation locale du coton, la montée en gamme du tourisme culturel et les services de santé de proximité, peut capter cette dynamique et accélérer sa transition économique.

L’initiative Mission 300, lancée par la Banque mondiale en partenariat avec la Banque africaine de développement, ambitionne de fournir de l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici 2030. Une priorité, alors que près de 600 millions d’Africains vivent sans accès à l’énergie. Le Bénin, engagé dans un vaste programme d’électrification rurale, bénéficie d’un appui direct dans ce domaine. L’accès à l’électricité constitue en effet une condition essentielle pour le développement des Pme, l’amélioration des services de santé et d’éducation, et in fine la création d’emplois durables.

En mettant résolument l’emploi au centre de son action, la Banque mondiale envoie un signal fort pour la lutte contre la pauvreté qui passe avant tout par le travail, la dignité et l’inclusion. C’est également une invitation à intensifier les réformes, à mobiliser tous les acteurs publics et privés et à miser sur la jeunesse. Le défi est immense, mais les leviers sont désormais identifiés.