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Lutte contre les flux financiers illicites au Bénin: Un programme « haute intensité » pour plus d’impact

Economie
Selon Stéphanie Berthomeau, le programme du Bénin s’inscrit dans une approche globale, harmonisée et inclusive de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme Selon Stéphanie Berthomeau, le programme du Bénin s’inscrit dans une approche globale, harmonisée et inclusive de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme

Le Bénin met en œuvre un Programme de Haute Intensité 2025–2027 dans le cadre de « SecFin Africa », une initiative européenne destinée à renforcer la lutte contre les flux financiers illicites. Ce programme contribuera à consolider les capacités nationales et la coopération régionale.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 28 oct. 2025 à 02h53 Durée 3 min.
#flux financiers

Le Programme de Haute Intensité 2025–2027 constitue une déclinaison nationale du projet « SecFin Africa » visant à renforcer les capacités institutionnelles, techniques et opérationnelles des pays africains face aux crimes financiers transnationaux en Afrique. Il accompagne le Bénin dans la préparation de sa troisième évaluation mutuelle prévue en 2027, en consolidant les réformes déjà engagées.

« Le Bénin a accompli d’importants progrès depuis sa deuxième évaluation en 2021, mais il reste à renforcer l’efficacité opérationnelle du dispositif. Notre rôle est de fournir l’appui technique nécessaire pour franchir cette étape », souligne Stéphanie Berthomeau, coordinatrice régionale Afrique de l’Ouest du projet SecFin Africa.

Cofinancé par l’Union européenne, l’Allemagne et la France pour un budget global de 46,5 millions d’euros, SecFin Africa (2024–2028) ambitionne de contribuer à la mobilisation des ressources intérieures et à la stabilisation économique des pays africains. « Le Bénin a été retenu au regard de sa forte implication dans la mise en conformité aux standards internationaux du Groupe d’action financière (Gafi) », selon la coordinatrice régionale.

L’élaboration du programme béninois a débuté en octobre 2024 par une mission exploratoire auprès des acteurs publics et privés. Le plan d’action coconstruit avec les autorités béninoises a été validé en juin dernier par le Comité national de coordination des activités de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Cnca) puis par la Commission européenne.

Coopération et expertise locale

La coordinatrice régionale insiste sur le caractère collaboratif du programme.

« La lutte contre les flux financiers illicites est un combat collectif. Elle nécessite la mobilisation de tous : institutions publiques, magistrats, régulateurs, banques, mais aussi société civile et citoyens », martèle Mme Berthomeau, saluant l’engagement « exemplaire » du Bénin dans cette dynamique régionale.

La méthodologie est basée sur des cas pratiques, des échanges entre pairs et des études sectorielles des risques. Un mécanisme de subventions appuiera également les organisations de la société civile engagées dans la transparence et la bonne gouvernance financière.

Le dispositif accorde une place essentielle à l’expertise locale. « Nous allons privilégier à près de 80 % le recours à l’expertise nationale et régionale, et ne faire appel à l’expertise internationale que lorsque cela est nécessaire», déclare Mme Berthomeau.

Trois composantes stratégiques

Le programme repose sur trois grands piliers. Le premier concerne le renforcement des capacités nationales à prévenir, enquêter et sanctionner les crimes financiers. Les formations de formateurs en seront le cœur, afin de constituer un vivier d’experts régionaux capables de poursuivre le travail au-delà de la durée du programme.

« Nous ne venons pas imposer une offre de service, mais répondre aux besoins exprimés par les autorités nationales. Il ne s’agit pas de se substituer aux acteurs locaux, mais de leur apporter une assistance technique ciblée », précise la coordinatrice.

Le deuxième axe vise le renforcement de la coopération régionale, à travers les échanges de renseignements et de bonnes pratiques entre pays voisins.

Enfin, la troisième composante vise à soutenir la société civile, chargée de sensibiliser le grand public aux effets de la criminalité financière et à l’importance de la transparence.

En Afrique de l’Ouest, le projet SecFin Africa couvre 18 pays, membres du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), dont 15 pays de la Cedeao et trois Etats associés : les Comores, les Autorités mauriciennes et São Tomé-et-Principe.