La Nation Bénin...
Alors que le Bénin affiche une croissance économique
record de 7,5 % en 2024, la Banque mondiale appelle à renforcer la mobilisation
des ressources intérieures et à mieux orienter les dépenses publiques pour
accélérer la lutte contre la pauvreté. Dans son nouveau rapport sur les
perspectives économiques du pays, elle identifie les leviers à actionner pour
une croissance plus inclusive et équitable.
En 2024, le Bénin a enregistré un taux de croissance
économique de 7,5 %, son plus haut niveau depuis 1990. Cette performance
remarquable traduit les bons résultats des secteurs des services et de
l’industrie. Pour autant, les défis liés à la réduction de la pauvreté et à une
mobilisation plus équitable des ressources demeurent. C’est ce que révèle la
troisième édition du Rapport sur les Perspectives économiques du Bénin, que
vient de publier la Banque mondiale.
Intitulé « Accroître la mobilisation des recettes
intérieures tout en protégeant les pauvres », le rapport dresse un tableau
optimiste de l’économie béninoise en deux volets : d’une part, les tendances macroéconomiques
récentes et les perspectives à moyen terme, et d’autre part, les marges de
progression dans les politiques fiscales et sociales pour accompagner une
croissance plus inclusive.
Grâce au dynamisme économique, la pauvreté a reculé de 2,2 points, passant de 33,2 % en 2023 à 31 % en 2024. Dans le même temps, le pays a atteint l’objectif communautaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) en ramenant son déficit budgétaire à 3 %, tout en réduisant sa dette publique.
Des efforts salutaires
Le rapport souligne également les efforts d’intégration
du pays dans les chaînes de valeur mondiales, avec notamment le développement
de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). Malgré des incertitudes
géopolitiques et commerciales, les prévisions économiques tablent sur un taux
de croissance moyen de 7,1 % entre 2025 et 2027. Le taux de pauvreté pourrait
ainsi chuter à 22,3 % d’ici à 2027.
« La poursuite des efforts de mobilisation des ressources
intérieures et un rééquilibrage de la composition de la dette en faveur de la
dette intérieure, conformément aux stratégies de mobilisation de recettes et
d’endettement à moyen terme, devraient permettre au Bénin de maintenir sa
stabilité macroéconomique, déterminante pour attirer les investissements privés
et soutenir la transformation économique en cours », explique Mamadou Tanou
Baldé, économiste à la Banque mondiale et auteur principal du rapport, cité
dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
Depuis 2016, les recettes fiscales du Bénin sont en
progression constante, passant de 9,2 % du produit intérieur brut (Pib) à 13,2
% en 2024 et ce, malgré des chocs exogènes comme la pandémie de Covid-19, la
hausse du coût de la vie ou encore l’insécurité. Ce bond s’explique par les
réformes fiscales, la simplification des procédures et la digitalisation du
recouvrement des impôts et taxes, toutes choses qui ont renforcé l’efficacité
de l’administration et sécurisé les recettes.
Une dynamique à consolider
Pour autant, la Banque mondiale estime que le Bénin peut
et doit faire mieux. Le pays reste en deçà des performances de certains de ses
pairs africains. Le rapport recommande une combinaison de réformes fiscales et
sociales plus inclusives. Une meilleure redistribution via un système
budgétaire plus progressif et des transferts sociaux ciblés pourrait sortir
plus de 100 000 personnes de la pauvreté chaque année, en élargissant
l’assiette fiscale.
« Pour améliorer la situation, le Bénin devrait
s’attacher à renforcer les filets de protection sociale, à mettre en œuvre une
fiscalité plus progressive et à augmenter les dépenses sociales plus ciblées
vers les plus pauvres afin d’améliorer l’impact redistributif de ses politiques
budgétaires », recommande Arthur Alik-Lagrange, économiste principal à la
Banque mondiale et coauteur du rapport.
Ainsi, le rapport trace les contours d’un cadre budgétaire plus équitable, socle d’un développement durable et inclusif. La croissance actuelle, bien que soutenue, gagnerait à être mieux redistribuée à travers une mobilisation accrue des ressources nationales et des dépenses orientées vers les plus vulnérables. Ce faisant, le Bénin pourrait renforcer sa résilience, attirer davantage d’investissements et consolider les bases d’une prospérité partagée.
Chiffres clés du rapport
• Croissance économique en 2024 : 7,5 % (niveau le plus
élevé depuis 1990)
• Pauvreté : recul de 33,2 % en 2023 à 31 % en 2024
• Prévision de croissance (2025-2027) : 7,1 % en moyenne
• Prévision de taux de pauvreté en 2027 : 22,3 %
• Recettes fiscales : 13,2 % du PIB en 2024 (contre 9,2 %
en 2016)
• Impact du budget sur les inégalités : réduction de 3 points de l’indice de Gini.
Source : Perspectives économiques du Bénin – Juillet
2025, Banque mondiale.