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Perspectives économiques du Bénin: Entre ambitions affirmées et vigilance nécessaire

Economie
Au-delà du scénario de référence, deux trajectoires extrêmes sont envisagées, traduisant  les incertitudes qui pèsent sur l’économie nationale Au-delà du scénario de référence, deux trajectoires extrêmes sont envisagées, traduisant les incertitudes qui pèsent sur l’économie nationale

Le Bénin s’engage sur une trajectoire de croissance soutenue pour la période 2025-2028, portée par un scénario de référence affichant un taux stable de 7,5 % sur la période. Toutefois, la prudence reste de mise face aux chocs externes et aléas qui invitent à conjuguer ambition et réalisme dans les choix de politiques.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 22 juil. 2025 à 08h09 Durée 3 min.
#Bénin

Alors que l’économie béninoise maintient une cadence soutenue, les projections macroéconomiques 2025-2028 établies par la direction générale de l’Economie (Dge) du ministère de l’Economie et des Finances déclinent trois trajectoires possibles : un scénario de référence à 7,5 %, un scénario optimiste pouvant atteindre 10,5 % et une option pessimiste autour de 4,3 % à l’horizon 2028. Ces simulations sont contenues dans le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026-2028 qui sert de base à l’élaboration du budget de l’Etat.

Le scénario de référence repose sur la consolidation des politiques économiques actuelles et la poursuite des projets du Programme d’action du gouvernement (Pag 2021-2026), en cohérence avec les objectifs du Plan national de développement (Pnd 2018-2025). Ce scénario table sur un taux de croissance du Pib réel de 7,5 % à l’horizon 2028, après une performance estimée à 6,3 % en 2023 et 6,4 % en 2024. Il est soutenu par l’accroissement des investissements publics et privés, la montée en puissance des projets structurants et l’amélioration du climat des affaires.

Dans une perspective plus favorable, le scénario optimiste envisage un renforcement significatif de la croissance économique jusqu’à 10,5 % en 2028. Cette hypothèse repose sur un alignement de plusieurs facteurs: la mise en œuvre réussie des réformes structurelles, une meilleure mobilisation des ressources intérieures, une plus grande efficacité des dépenses publiques et un environnement international plus porteur.

 

Incertitudes à ne pas négliger

La Dge souligne également l’importance de la transformation structurelle de l’économie, notamment à travers le développement de l’agro-industrie, des chaînes de valeur locales et de l’exportation de produits à plus forte valeur ajoutée.

Mais, le scénario pessimiste projette un ralentissement de la croissance à environ 4,3 % à l’horizon 2028. Cette hypothèse tient compte d’un contexte économique international défavorable, de la persistance des chocs climatiques, d’un essoufflement des investissements ou d’un durcissement de la politique monétaire dans l’espace Uemoa.

Cette projection sert à alerter sur les vulnérabilités potentielles, notamment en matière de sécurité alimentaire, de pression budgétaire ou de résilience du secteur privé face aux aléas mondiaux.

La démarche de scénarisation macroéconomique adoptée par la Dge vise à mieux cerner les leviers de croissance et à guider les choix stratégiques du gouvernement. En déclinant plusieurs trajectoires possibles, elle permet d’ajuster les politiques publiques aux évolutions internes et externes, tout en promouvant une gestion proactive et préventive.

Les simulations permettent également de renforcer la transparence dans la gouvernance économique et d’associer les partenaires techniques et financiers à une vision partagée du développement.

Facteurs clés de la croisance

Plusieurs secteurs clés sont identifiés comme moteurs de la croissance du Bénin à moyen terme. En agriculture, l’activité devrait rester robuste grâce aux initiatives visant à améliorer la productivité, notamment via la mise à l’échelle des agences spécialisées telles que la Société béninoise des aménagements agricoles (Sobaa) ou la Société de développement des semences et plants (Sodesep).

Dans le secteur secondaire, la construction de nouvelles unités industrielles en 2025 et 2026, ainsi que la montée en régime des usines existantes, stimuleront l’activité économique. La branche construction profitera également de la réalisation d’infrastructures prévues dans le Pag. Le secteur de l’énergie bénéficiera d’une nette impulsion avec la mise en service de plusieurs centrales électriques, notamment les centrales solaires photovoltaïques d’Illoulofin, Bembèrèkè, Bohicon et Kandi, ainsi que la centrale Defisol et ses extensions.

Enfin, les services continueront d’être dynamisés par la croissance du trafic maritime, les investissements dans le transport, les télécommunications et les services financiers. Le secteur touristique est également appelé à s’étoffer grâce aux efforts de promotion de la destination Bénin, soutenant les branches hôtellerie et restauration.