La Nation Bénin...
La croissance du Pib réel en Afrique devrait rebondir à 4,1 % en 2025, après 3,2 % en 2024, contre une réalisation de 3,0 % en 2023, selon la Bad. Cependant, cette révision représente une baisse de 0,5 point par rapport aux prévisions de mai 2024.
Le
rapport 2024 de la Banque africaine de développement (Bad) révisé sur les
performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique dévoile un tableau
contrasté. Si la croissance du produit intérieur brut (Pib) réel du continent
devrait atteindre 3,2 % en 2024, elle reste vulnérable à de multiples
pressions, notamment l’inflation persistante, les tensions géopolitiques et les
chocs climatiques. La prévision pour 2025 est légèrement meilleure, avec une
croissance attendue à 4,1 %, mais les incertitudes demeurent, indique la Bad
(Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique 2024 / Meo, Bad,
novembre 2024).
Les
révisions à la baisse des prévisions de croissance de 0,5 point de pourcentage
(Pdp) pour 2024 et 0,2 Pdp pour 2025, reflètent des vents contraires tels que
l’inflation qui s’élève en moyenne à 17,8 % en 2024 et la hausse des coûts
d’endettement et des conflits régionaux. De plus, les régions du Sahel et de la
Corne de l’Afrique, en proie à des conflits prolongés, subissent un impact
économique direct avec des effets de contagion sur les pays voisins, souligne
la Bad.
En
Afrique centrale, bien que certains pays comme la Guinée équatoriale prévoient
une reprise due à la production d’hydrocarbures, d’autres, comme le Tchad,
enregistrent une baisse de production agricole. L’Afrique de l’Est voit ses
prévisions revues à la baisse, notamment en raison de la contraction économique
au Soudan (−9,2 % en 2024) et au Soudan du Sud (−26,4 %). En Afrique australe,
la sécheresse perturbe l’agriculture et la production énergétique, pesant sur
les économies des pays comme le Botswana et la Zambie.
Des
tensions persistantes
L’inflation
reste une préoccupation majeure, atteignant des niveaux record dans des pays
comme l’Egypte et le Nigeria (également impactés par des dépréciations
monétaires importantes). Cette hausse des prix érode le pouvoir d’achat et
alimente une crise du coût de la vie. Si une désinflation est attendue en 2025,
les banques centrales doivent gérer un équilibre délicat entre le maintien de
la stabilité des prix et le soutien à la croissance.
Malgré des efforts de consolidation budgétaire, les ratios dette/Pib restent élevés, avec neuf pays en situation de surendettement et onze autres à haut risque. En 2024, le ratio médian devrait baisser à 60 % contre 63,5 % entre 2021 et 2023, mais les coûts de service de la dette continuent de peser lourdement, atteignant 28,1 % des recettes publiques.
Le
rapport de la Bad souligne également l’impact des chocs climatiques, tels que
les sécheresses en Afrique australe et les inondations en Afrique de l’Ouest et
du Centre. Ces événements exacerbent les insécurités alimentaires et réduisent
les marges de manœuvre budgétaire. Par ailleurs, les tensions au Moyen-Orient
et les conflits internes, comme au Soudan, affectent la stabilité économique et
freinent les investissements.
Dans
ce contexte complexe, la Bad préconise une harmonisation des politiques
budgétaires, monétaires et de change pour réduire les déséquilibres
macroéconomiques. Les réformes structurelles visant à accélérer l’intégration
commerciale, attirer les investissements étrangers et promouvoir la
diversification économique sont également à prioriser. Le soutien international
devra être aussi de mise : il est question de renforcer les financements pour
le développement et la transition verte, avec une réforme du système financier
mondial pour une mobilisation accrue de ressources.
Malgré
des perspectives de croissance modérées, l’Afrique a besoin de mesures
stratégiques pour transformer les défis actuels en opportunités. La résilience
du continent dépendra de sa capacité à mettre en place des réformes adaptées et
à mobiliser des soutiens globaux■
croissance du PIB réel, par région du monde, 2020 à 2025.