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Perspectives économiques en Afrique: La croissance attendue à 4,1 % en 2025, selon la Bad

Economie
croissance du PIB réel, par région du monde, 2020 à 2025. croissance du PIB réel, par région du monde, 2020 à 2025.

La croissance du Pib réel en Afrique devrait rebondir à 4,1 % en 2025, après 3,2 % en 2024, contre une réalisation de 3,0 % en 2023, selon la Bad. Cependant, cette révision représente une baisse de 0,5 point par rapport aux prévisions de mai 2024.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 17 déc. 2024 à 07h52 Durée 4 min.
#Perspectives économiques en Afrique

Le rapport 2024 de la Banque africaine de développement (Bad) révisé sur les performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique dévoile un tableau contrasté. Si la croissance du produit intérieur brut (Pib) réel du continent devrait atteindre 3,2 % en 2024, elle reste vulnérable à de multiples pressions, notamment l’inflation persistante, les tensions géopolitiques et les chocs climatiques. La prévision pour 2025 est légèrement meilleure, avec une croissance attendue à 4,1 %, mais les incertitudes demeurent, indique la Bad (Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique 2024 / Meo, Bad, novembre 2024).

Les révisions à la baisse des prévisions de croissance de 0,5 point de pourcentage (Pdp) pour 2024 et 0,2 Pdp pour 2025, reflètent des vents contraires tels que l’inflation qui s’élève en moyenne à 17,8 % en 2024 et la hausse des coûts d’endettement et des conflits régionaux. De plus, les régions du Sahel et de la Corne de l’Afrique, en proie à des conflits prolongés, subissent un impact économique direct avec des effets de contagion sur les pays voisins, souligne la Bad.

En Afrique centrale, bien que certains pays comme la Guinée équatoriale prévoient une reprise due à la production d’hydrocarbures, d’autres, comme le Tchad, enregistrent une baisse de production agricole. L’Afrique de l’Est voit ses prévisions revues à la baisse, notamment en raison de la contraction économique au Soudan (−9,2 % en 2024) et au Soudan du Sud (−26,4 %). En Afrique australe, la sécheresse perturbe l’agriculture et la production énergétique, pesant sur les économies des pays comme le Botswana et la Zambie.

Des tensions persistantes

 

L’inflation reste une préoccupation majeure, atteignant des niveaux record dans des pays comme l’Egypte et le Nigeria (également impactés par des dépréciations monétaires importantes). Cette hausse des prix érode le pouvoir d’achat et alimente une crise du coût de la vie. Si une désinflation est attendue en 2025, les banques centrales doivent gérer un équilibre délicat entre le maintien de la stabilité des prix et le soutien à la croissance.

Malgré des efforts de consolidation budgétaire, les ratios dette/Pib restent élevés, avec neuf pays en situation de surendettement et onze autres à haut risque. En 2024, le ratio médian devrait baisser à 60 % contre 63,5 % entre 2021 et 2023, mais les coûts de service de la dette continuent de peser lourdement, atteignant 28,1 % des recettes publiques.

Le rapport de la Bad souligne également l’impact des chocs climatiques, tels que les sécheresses en Afrique australe et les inondations en Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces événements exacerbent les insécurités alimentaires et réduisent les marges de manœuvre budgétaire. Par ailleurs, les tensions au Moyen-Orient et les conflits internes, comme au Soudan, affectent la stabilité économique et freinent les investissements.

Dans ce contexte complexe, la Bad préconise une harmonisation des politiques budgétaires, monétaires et de change pour réduire les déséquilibres macroéconomiques. Les réformes structurelles visant à accélérer l’intégration commerciale, attirer les investissements étrangers et promouvoir la diversification économique sont également à prioriser. Le soutien international devra être aussi de mise : il est question de renforcer les financements pour le développement et la transition verte, avec une réforme du système financier mondial pour une mobilisation accrue de ressources.

Malgré des perspectives de croissance modérées, l’Afrique a besoin de mesures stratégiques pour transformer les défis actuels en opportunités. La résilience du continent dépendra de sa capacité à mettre en place des réformes adaptées et à mobiliser des soutiens globaux■