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L’Afrique fait montre d’une résilience remarquable dans un climat d’incertitude internationale marqué par la montée du protectionnisme et les tensions géopolitiques. Mais la stabilité macroéconomique du continent dépendra de sa capacité à transformer la croissance en développement inclusif et à diversifier les économies, selon le Fmi.
Selon le Fonds monétaire international (Fmi), la croissance mondiale ralentira légèrement à 3,2 % en 2025, contre 3,3 % en 2024, mais les économies africaines devraient rester parmi les plus dynamiques, avec un rythme supérieur à 4 % en moyenne. Dans son rapport Perspectives de l’économie mondiale d’octobre 2025, le Fonds souligne que les perspectives globales demeurent assombries par la fragmentation du commerce, la persistance de l’incertitude et la prudence des investisseurs.
« L’incertitude a grimpé », a reconnu la directrice générale du Fmi, Kristalina Georgieva, dans son discours du 17 octobre à Washington, lors des assemblées générales annuelles du Fmi et de la Banque mondiale. Les nouvelles barrières commerciales, la fragilisation des chaînes d’approvisionnement et les tensions géopolitiques accentuent, selon elle, les risques pour la stabilité économique mondiale.
Dans ce contexte, le Fmi souligne une « grande fracture démographique ». Les pays développés connaissent le vieillissement de leur population, tandis que l’Afrique, elle, enregistre une croissance rapide de sa main-d’œuvre jeune. « Une grande partie de l’Afrique connaît une croissance fulgurante de sa population et de sa main-d’œuvre jeune », a rappelé Kristalina Georgieva, soulignant que cette dynamique pourrait devenir un puissant moteur de croissance inclusive.
Ce potentiel démographique représente un atout majeur, à condition d'actionner les leviers d’un emploi productif et durable.
Faire face aux vulnérabilités
Le continent reste exposé à des vulnérabilités persistantes qui ont pour noms : dépendance aux produits de base, endettement croissant, faible diversification économique et pressions climatiques. Dans plusieurs pays, la réduction de l’aide extérieure et le coût élevé du financement accentuent les contraintes budgétaires.
Le Fmi encourage les pays africains à poursuivre les réformes structurelles pour renforcer la productivité et stimuler l’investissement privé. La mobilisation accrue des ressources intérieures, la bonne gouvernance et la rationalisation des dépenses publiques demeurent, selon le rapport, des priorités pour consolider la stabilité macroéconomique.
L’intégration régionale, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), est également citée comme un levier essentiel pour améliorer la compétitivité et amortir les chocs extérieurs. L’institution recommande de « faire le ménage dans la réglementation pour libérer l’initiative privée » et d’appuyer les politiques industrielles susceptibles de renforcer la résilience économique, tout en évaluant soigneusement leurs coûts et leurs arbitrages.
Parmi les transformations en cours, l’essor de l’intelligence artificielle (IA) ouvre de nouvelles perspectives, mais comporte aussi des risques. Le Fmi estime que l’IA pourrait accroître la productivité mondiale de 0,1 à 0,8 point par an.
Cependant, « L’essentiel, pour tirer profit des gains de productivité et faire face aux retombées de l’IA, est de se préparer », avertit Kristalina Georgieva. Pour l’Afrique, cela suppose d’investir dans la formation, la recherche et les infrastructures numériques, afin de ne pas rester en marge de cette révolution technologique.
Un avenir à construire
Le Fmi rappelle son engagement en faveur des pays africains à faible revenu. Depuis octobre 2024, neuf pays du continent bénéficient d’un appui concessionnel dans le cadre des programmes du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Rpc), représentant plus de 5 milliards de dollars.
L’institution plaide pour la reconstitution de ce fonds, ainsi que du Fonds d’assistance et de riposte aux catastrophes (Arc), épuisé durant la pandémie, afin de soutenir les pays les plus vulnérables face aux crises climatiques ou sanitaires.
Malgré les vents contraires, l’Afrique reste une terre d’opportunités. Son poids démographique, ses ressources naturelles et sa vitalité entrepreneuriale constituent des atouts de long terme. Mais la résilience du continent dépendra de la capacité des gouvernements à transformer cette croissance en développement inclusif, à diversifier leurs économies et à préserver la stabilité macroéconomique.
« Même si les changements que nous traversons sont une source d’anxiété, restons optimistes », a conclu Kristalina Georgieva, en se réjouissant des progrès humains que cette année va certainement apporter.
Les perspectives économiques globales demeurent assombries par la fragmentation du commerce, la persistance de l’incertitude et la prudence des investisseurs