La Nation Bénin...
En
réunion bilatérale, ce lundi 27 janvier à Yaoundé, les gouverneurs de la Bceao
et de la Beac ont adopté un plan d’action ambitieux pour renforcer leur
coopération. Axé sur des priorités stratégiques communes, ce plan marque une
étape cruciale dans la promotion de la stabilité et de l’intégration monétaires
en Afrique.
La révolution monétaire en Afrique ne se contente plus d’être une aspiration lointaine. Avec l’adoption d’un plan d’action conjoint entre la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), les deux principales zones monétaires du continent unissent leurs forces pour tracer une nouvelle voie vers une intégration et une stabilité financière renforcées. Une collaboration historique qui promet de transformer durablement les économies africaines. C’est dans cette perspective que les gouverneurs des deux principales zones monétaires africaines se sont retrouvés ce 27 janvier à Yaoundé au Cameroun. Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), et Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), se sont réunis pour discuter de la mise en œuvre de l’accord de coopération signé en novembre 2008 à Dakar. Cette rencontre, qui s’inscrit dans un contexte de défis monétaires communs, a permis aux deux institutions de réaffirmer leur volonté de renforcer la synergie de leurs actions. Le moment fort de cette rencontre a été l’adoption d’un plan d’action conjoint pour les années 2025 et 2026, mettant l’accent sur des domaines stratégiques d’intérêt commun. Le plan d’action adopté se concentre sur quatre axes prioritaires. En premier, la transformation digitale et l’inclusion financière. Les deux banques centrales s’engagent à promouvoir des innovations digitales pour renforcer l’accès aux services financiers dans leurs zones respectives. Il s’agit notamment de développer des plateformes numériques accessibles aux populations rurales et marginalisées, afin de réduire l’exclusion financière. Cette initiative vise aussi à stimuler l’adoption des paiements mobiles et à encourager la bancarisation des populations déjà en expérimentation. Le 2e axe concerne l’innovation et la cybersécurité. En réponse à la montée des risques liés aux systèmes d’information, la Bceao et la Beac vont collaborer pour renforcer leurs capacités en matière de sécurité des données et de résilience face aux cyberattaques. Cela inclut la mise en place de protocoles communs de surveillance et d’intervention, ainsi que le partage d’expertises pour prévenir les vulnérabilités des infrastructures financières.
Efficacité
des moyens de paiement
Le troisième axe est la modernisation et l’interconnexion des systèmes de paiement. Une attention particulière sera accordée à l’amélioration de la rapidité et de l’efficacité des moyens de paiement entre les deux zones monétaires. Les deux institutions travaillent sur la mise en place de systèmes interconnectés permettant des transactions transfrontalières sécurisées et en temps réel, favorisant ainsi le commerce intra-africain. Le dernier axe concerne les relations financières extérieures. Les deux banques souhaitent harmoniser leurs positions dans les négociations financières internationales, notamment sur des questions telles que la dette souveraine et les financements climatiques. Elles visent également à renforcer la coopération dans le cadre de l’Association des banques centrales africaines (Abca), afin de parler d’une seule voix sur les enjeux monétaires à l’échelle globale. Les gouverneurs ont réaffirmé leur détermination à promouvoir une stabilité monétaire et financière durable dans leurs zones économiques respectives, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Cette coopération renforcée est perçue comme une étape décisive vers une plus grande intégration monétaire et financière à l’échelle continentale. Elle constitue également un levier essentiel pour renforcer la résilience des économies africaines face aux chocs mondiaux. Les deux parties se sont engagées à maintenir cette dynamique lors de leur prochaine rencontre bilatérale, prévue pour 2026 à Dakar, au Sénégal. Cette réunion symbolise non seulement la continuité d’un partenariat stratégique, mais aussi la volonté commune des deux banques centrales de relever ensemble les défis économiques et monétaires du continent africain.