La Nation Bénin...
Le
Rapport 2024 sur le développement économique en Afrique, publié par la
Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), met
en lumière l’importance du commerce intra-africain pour renforcer la résilience
économique du continent.
L’Afrique
a le potentiel de devenir un moteur majeur du commerce mondial, selon les
Nations Unies. Cependant, pour libérer pleinement ce potentiel, elle doit
accélérer son intégration économique et investir stratégiquement dans ses
infrastructures et son industrie. Une politique commerciale ambitieuse et des
investissements ciblés seront essentiels pour renforcer sa résilience et
stimuler une croissance inclusive. C’est le rapport 2024 sur le développement
économique en Afrique, présenté lundi 10 février par Rebeca Grynspan,
secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement (Cnuced), qui le révèle. Le Rapport met en lumière les défis et
opportunités du continent sur le plan commercial. Il examine la résilience
économique de l’Afrique face aux crises mondiales et propose des
recommandations pour renforcer le commerce. Selon le rapport, le commerce intra-africain
ne représente que 16 % des exportations du continent, loin derrière l’Europe
(68 %) ou l’Asie (59 %). Pourtant, le commerce intra-africain constitue un
puissant moteur de croissance et un outil clé pour réduire la vulnérabilité aux
chocs économiques mondiaux. Le rapport note que les infrastructures
commerciales du continent sont insuffisantes et le coût élevé du commerce
freine la compétitivité des entreprises locales.
Selon
la Cnuced, les déficits en infrastructures de transport, d’énergie et de
connectivité numérique rendent les échanges 50 % plus chers que la moyenne
mondiale. Ce manque de facilités impacte particulièrement les petites et
moyennes entreprises (Pme), qui représentent pourtant 80 % des emplois sur le
continent. Ainsi, la Cnuced trouve que le développement des infrastructures,
notamment par des investissements publics et privés, est crucial pour améliorer
la fluidité des échanges et attirer davantage d’investissements étrangers. Le
rapport montre que près de la moitié des pays africains dépendent du pétrole,
du gaz ou des minéraux pour au moins 60 % de leurs revenus d’exportation, les
rendant vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux. Face à ce diagnostic,
la Cnuced estime que la diversification des exportations vers des produits
manufacturés et agricoles transformés doit être une priorité. Pour cela,
l’amélioration des chaînes de valeur, la formation des acteurs du secteur
industriel et la mise en place de financements adaptés aux entreprises
manufacturières sont des mesures indispensables.
Levier
sous-exploité
On note dans le rapport que la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pourrait générer un marché d’environ 2 000 000 de milliards de Fcfa. Toutefois, des investissements massifs dans les infrastructures et une harmonisation des politiques commerciales restent nécessaires pour en tirer pleinement profit. La simplification des procédures douanières, la réduction des taxes à l’importation et l’harmonisation des réglementations commerciales entre les pays membres sont des actions prioritaires pour stimuler le commerce intra-africain. Des efforts sont faits et d’autres en cours dans plusieurs pays pour moderniser le commerce. Par exemple, le Bénin a renforcé ses infrastructures portuaires et mise sur la digitalisation des procédures douanières pour fluidifier les échanges. De plus, des mesures incitatives, comme des allégements fiscaux pour les entreprises manufacturières, visent à diversifier l’économie et réduire la dépendance aux matières premières. Par ailleurs, le Bénin cherche à se positionner comme un hub logistique pour l’Afrique de l’Ouest en développant ses corridors commerciaux avec ses voisins, notamment le Nigeria.
Pour renforcer les capacités commerciales de l’Afrique, le rapport recommande plusieurs stratégies. Il souligne notamment la nécessité de réduire les barrières non tarifaires qui augmentent le coût des échanges et d’améliorer l’environnement réglementaire afin de favoriser les investissements. Il met également en avant l’importance de mécanismes de gestion des risques commerciaux et du renforcement des capacités financières des Petites et Moyennes entreprises afin de leur permettre d’accéder aux marchés régionaux. Enfin, l’accélération de l’industrialisation, soutenue par des incitations fiscales et des financements préférentiels est essentielle pour dynamiser le commerce africain et renforcer sa compétitivité sur le marché mondial. L’Afrique dispose d’un potentiel économique immense, mais pour le libérer, elle devra surmonter les obstacles au commerce régional. Une intégration économique réussie permettra non seulement de stabiliser la croissance, mais aussi de créer des millions d’emplois et de renforcer la résilience face aux chocs extérieurs. Une politique commerciale ambitieuse et des investissements ciblés sont les clés d’un avenir prospère pour le continent.