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Sécurité alimentaire: 37 % des aliments perdus à cause du transport défaillant

Economie
Pour la Banque mondiale, investir dans les transports et la logistique en Afrique, c’est investir dans la lutte contre la faim Pour la Banque mondiale, investir dans les transports et la logistique en Afrique, c’est investir dans la lutte contre la faim

Plus d’un tiers des denrées alimentaires produites localement sont perdues avant d’atteindre les consommateurs en Afrique subsaharienne, en raison de l’inefficacité des chaînes logistiques, selon un récent rapport de la Banque mondiale.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 25 juin 2025 à 07h48 Durée 3 min.
#denrées alimentaires

En Afrique subsaharienne, 37 % des denrées alimentaires produites localement se perdent en cours de route, bien avant d’atteindre les marchés ou les consommateurs finaux. C’est ce que révèle le rapport Les transports au service de la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne : renforcer les chaînes d’approvisionnement, publié le 20 mai dernier par la Banque mondiale.

Le document met en évidence l’impact critique des goulets logistiques sur la sécurité alimentaire du continent. Les routes dégradées, la lenteur administrative, les postes-frontières congestionnés, les ports saturés sont autant de maillons faibles qui ralentissent les flux et accroissent les coûts, favorisant ainsi le gaspillage.

Aujourd’hui, 58 % des habitants de la région vivent en situation d’insécurité alimentaire. Le problème ne tient pas uniquement à la capacité de production agricole, mais aussi et surtout à la faiblesse des systèmes de transport et de distribution, dans leur capacité à acheminer rapidement, à coût maîtrisé, et sans pertes les récoltes vers les marchés, selon le rapport.

« Remédier à l’insécurité alimentaire en Afrique ne se résume pas à produire plus, il s’agit de réparer les systèmes défaillants qui empêchent les denrées alimentaires d’arriver là où elles sont le plus nécessaires », a souligné Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale.

Les chaînes d’approvisionnement alimentaires en Afrique sont en moyenne quatre fois plus longues que celles observées en Europe. Cette étendue accroît mécaniquement les retards de livraison, favorise les hausses de prix et multiplie les pertes, en particulier pour les denrées périssables.

50 points névralgiques à corriger

Investir dans la logistique s’avère un impératif. Le rapport recommande des investissements ciblés sur 50 points jugés névralgiques : 10 ports, 20 postes-frontières et 20 axes routiers stratégiques. L’objectif est d’éliminer les principaux goulets d’étranglement et de renforcer la résilience des systèmes alimentaires.

« On ne peut pas résoudre la crise de l’insécurité alimentaire en Afrique sans s’attaquer aux problèmes de transport sous-jacents », avertit Charles Kunaka, spécialiste principal des transports à la Banque mondiale et auteur principal du rapport. « Grâce à des investissements coordonnés dans les infrastructures essentielles, il est possible de créer un système alimentaire plus résilient », souligne-t-il.

« En investissant dans les transports et en les améliorant, nous pouvons supprimer les principaux goulets d'étranglement, réduire les coûts et garantir un accès plus fiable à la nourriture pour des millions de personnes », renchérit Axel van Trotsenburg.

Au-delà des infrastructures, le rapport préconise aussi l’amélioration des capacités de stockage, l’extension des réseaux de distribution et la simplification des formalités douanières. Le développement de ces infrastructures ne se contente pas de réduire les pertes agricoles. En filigrane, il s’agit aussi de stimuler l’emploi, en dynamisant les chaînes logistiques, les services de maintenance, la gestion des entrepôts et la transformation agroalimentaire.