La Nation Bénin...
Après des mois de ralentissement lié à la fermeture de la
frontière nigérienne, le Port autonome de Cotonou renoue avec une dynamique
vigoureuse. Le premier trimestre 2025 affiche une forte hausse du trafic, grâce
à l’envol des importations de transit et des exportations agricoles et
industrielles.
L’année 2025 a démarré sous de bons auspices pour le Port
autonome de Cotonou (Pac). Le trafic global de marchandises a atteint 3,52
millions de tonnes au premier trimestre, contre 1,99 million de tonnes un an
plus tôt, soit une progression spectaculaire de 76,1 % en glissement annuel et
de 14,6 % par rapport au dernier trimestre 2024, selon les données du Pac
contenues dans le Rapport d’exécution du budget (Rapex) au premier trimestre.
Cette performance replace le port sur une trajectoire de
croissance équivalente à celle d’avant les crises diplomatiques et logistiques
ayant affecté la plateforme. Elle repose essentiellement sur une hausse
conjointe des importations et des exportations.
Le nombre de navires commerciaux accostés, indicateur clé
de l’activité portuaire, s’est établi à 194 sur les trois premiers mois de
l’année, contre 159 à la même période en 2024, soit une hausse de 22 % sur un
an. Toutefois, ce volume reste inférieur aux quelque 285 à 300 navires
enregistrés par trimestre avant la crise. Le retour progressif des flux
maritimes témoigne d’un redémarrage, mais la reprise reste partielle. La réouverture
effective de la frontière nigérienne, encore attendue, devrait relancer
pleinement les échanges régionaux et le trafic de transit.
Forte reprise du commerce extérieur
Le redressement du trafic est largement soutenu par une
forte reprise des importations. Celles-ci ont bondi à 2,22 millions de tonnes
au premier trimestre 2025 contre 1,26 million de tonnes au premier trimestre
2024, soit une hausse annuelle de 76,8 %. Selon le Rapex, cette croissance
traduit les effets des efforts du gouvernement pour relancer le corridor
béninois, notamment via des mesures d’accompagnement du secteur logistique et
des opérateurs portuaires. Ces efforts visent à dynamiser le trafic de transit,
notamment en direction des pays de l’hinterland.
En ce qui concerne les exportations, la dynamique est tout aussi soutenue, avec 1,17 million de tonnes de marchandises expédiées au premier trimestre 2025 contre 607 204 tonnes un an plus tôt, ce qui représente une progression de 92 %. Cette évolution est attribuée à la bonne campagne agricole 2024-2025, mais aussi à la montée en puissance des unités de transformation installées dans la zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). Tournant désormais à plein régime, elles participent à la valorisation des matières premières locales, faisant progressivement de la Gdiz un levier important pour l’exportation de produits à plus forte valeur ajoutée.
Transbordement et compétitivité en question
Le segment du transbordement, toujours en convalescence après plusieurs trimestres difficiles, montre des signes de reprise. Le volume traité s’est établi à 40 307 tonnes au premier trimestre 2025, en baisse de 43,5 % par rapport aux 71 308 tonnes du premier trimestre 2024. Toutefois, comparé au creux du quatrième trimestre 2024 (chiffré à 10 480 tonnes), le rebond est spectaculaire : +284,6 % en variation trimestrielle.
La hausse générale du trafic de 14,6 % sur un trimestre
est portée principalement par les importations, mais aussi par ce rebond
ponctuel du transbordement et par une légère amélioration des tarifs, qui
confirment un regain d’attractivité du port de Cotonou comme hub sous-régional.
Malgré ce tableau encourageant, plusieurs défis restent à
surmonter pour garantir une relance durable. Il s’agira de moderniser les
infrastructures portuaires, fluidifier les procédures douanières, et renforcer
la compétitivité logistique dans un environnement régional de plus en plus
concurrentiel. Le Port autonome de Cotonou doit également capitaliser sur cette
dynamique, notamment à travers une meilleure insertion dans la Zone de
libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Toutes choses auxquelles le port s’est engagé lors de la célébration de ses 60 ans d’existence. Ainsi, il pourrait non seulement consolider sa place dans le paysage maritime ouest-africain, mais aussi jouer un rôle moteur dans la relance économique du pays.