La Nation Bénin...
Délais et coûts des paiements interbancaires
transfrontaliers réduits, développement des transferts internationaux vers des
comptes de monnaie électronique... L’Uemoa se distingue par des progrès
significatifs en matière de services de paiement, mais des défis restent à
relever.
Les paiements transfrontaliers en Afrique subsaharienne
sont souvent marqués par des coûts élevés, des délais longs et un manque de
transparence. Cependant, l'Union économique et monétaire ouest-africaine
(Uemoa) fait état de progrès notables, comme l’a souligné le gouverneur de la
Banque centrale des États de l'Afrique de l’Ouest (Bceao), Jean-Claude Kassi
Brou, lors de la réunion du Groupe consultatif régional du Conseil de stabilité
financière (Fsb), qui s'est tenue mi-juin à Livingstone en Zambie.
Grâce aux réformes engagées depuis les années 2000, les
délais de traitement des paiements interbancaires transfrontaliers sont passés
de 45 jours à moins de 2 jours, tandis que les coûts des transactions ont été
réduits à quelques dizaines de centimes. Un autre progrès notable est le
développement des transferts internationaux vers des comptes de monnaie
électronique, favorisant ainsi l'inclusion financière des populations qui n’ont
pas accès au système bancaire traditionnel.
Sur le plan réglementaire, la Bceao a renforcé la
transparence tarifaire et lancé plusieurs projets structurants, tels qu’une
plateforme régionale d’interopérabilité pour les paiements instantanés entre
les huit Etats membres de l’Union, ainsi qu’un cadre réglementaire adapté aux
fintechs, permettant d'encadrer leur croissance tout en sécurisant les
transactions. Ces avancées facilitent les transferts d’argent entre différents
pays et différentes devises par le biais d’un réseau de banques ou
d'institutions financières.
La Bceao s’est également engagée dans deux initiatives
panafricaines clés à savoir le Système de paiement et de règlement de la Cedeao
(Epss) et le Système panafricain de paiement et de règlement (Papss), conçus
pour soutenir la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf) et réduire les
délais de traitement à 120 secondes, tout en encourageant l’utilisation des
devises locales.
Des défis à relever
Au niveau international, des obstacles majeurs ont été
identifiés par la Banque des règlements internationaux (Bri), en particulier
les frais de transaction élevés qui dépassent
3 % alors que l’objectif est de 1 %. Aussi, moins de 25 %
des transactions interbancaires sont créditées en moins d'une heure, et le
manque de transparence des prestataires constitue également un problème. De
plus, les divergences réglementaires entre régions et les limitations des
réseaux bancaires représentent des défis importants à surmonter à l’échelle
africaine.
Néanmoins, l'Uemoa montre la voie à suivre grâce à des
réformes pragmatiques. Les prochaines étapes dépendront de la collaboration
entre États et du renforcement des infrastructures numériques. Il convient de
noter que l'Afrique subsaharienne accuse encore un retard considérable, alors
que le G20 vise une amélioration d’ici 2030, avec une feuille de route pilotée
par le Fsb et le Comité sur les paiements et infrastructures de marché (Cpmi).
Selon le gouverneur de la Bceao, « L’intégration des acteurs non bancaires, tels que les fintechs et les institutions de microfinance, est essentielle pour rendre les paiements transfrontaliers plus inclusifs, efficaces et sûrs ». Il appelle à une coordination renforcée autour de cinq priorités: harmonisation des cadres réglementaires, convergence des règles de supervision, gestion des risques de change et de règlement, mutualisation des dispositifs anti-risques et partage d’informations entre autorités compétentes.