Zone Uemoa : Des perspectives économiques favorables mais incertaines
Economie
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 20 avr. 2022
à
09h40
Les projections macroéconomiques dans la zone Uemoa sont globalement favorables, selon la Bceao. Cependant, elles restent entourées d’incertitudes relatives aux conditions financières mondiales, à l’évolution de l’inflation, au développement de la crise économique et sanitaire.
La croissance économique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), en termes réels, s’établirait à 6,1 % en 2022 et 7,9 % en 2023, selon les prévisions à moyen terme de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
La croissance serait portée par le secteur tertiaire, dont la contribution s’élèverait à 3,3 points de pourcentage (pdp) en 2022 et 3,7 pdp en 2023, précise le dernier Rapport sur la politique monétaire dans l’Umoa (mars 2022). L’apport du secteur secondaire serait de 1,8 pdp en 2022 et 3,1 pdp en 2023. Quant au secteur primaire, il y contribuerait à hauteur de 1,0 pdp en 2022 et 1,1 pdp en 2023.
En fait, l’accélération de la croissance économique dès l’année prochaine dans la zone émanerait essentiellement de l’exploitation pétrolière au Sénégal, des exportations de pétrole brut du Niger via le Bénin et de la consolidation de l’activité de raffinage de pétrole pour une meilleure satisfaction des besoins de l’Union, indique la Banque centrale. Au plan interne, les projets de construction et de renforcement des infrastructures socio-économiques de base devraient se poursuivre dans la plupart des États membres de la zone. Aussi, il est attendu une hausse des productions agricoles, extractives et manufacturières ainsi que du retour à la reprise de l’activité dans les sous-secteurs du tourisme, des transports ainsi que des restaurants et hôtels. Globalement, les échanges extérieurs de l’Union se solderaient par une amélioration du solde global, avec un excédent global projeté à 627,3 milliards F Cfa en 2022 contre 475,6 milliards en 2021.
Ainsi, les projections macroéconomiques demeurent « globalement favorables» dans l’Union, en dépit d’un accroissement des risques baissiers. En effet, les projections s’appuient sur les perspectives d’évolution de l’environnement international: les cours internationaux des produits alimentaires et du baril de pétrole ainsi que le taux de change euro/dollar des États-Unis d’une part, et la conjoncture économique interne, notamment les programmes économiques des États membres de l’Union et les perspectives d’évolution de la production vivrière, d’autre part.
La situation monétaire sur la période 2022-2023 serait marquée par la consolidation des concours bancaires à l’activité économique. La masse monétaire ressortirait en hausse de 14,0 % en 2022 et de 14,1 % en 2023.
Risques
Les perspectives sont entourées d’un degré d’incertitude élevé en raison des conditions financières mondiales et des développements de la crise économique et sanitaire qui secoue le monde depuis plus de deux ans.
A l’international, mentionne le document de la Banque centrale, les tensions inflationnistes resteraient élevées en 2022 en raison essentiellement des inadéquations entre l’offre et la demande, quoique la hausse ralentirait à mesure que les perturbations des chaînes d’approvisionnement s’estompent. L’inflation ressortirait, en moyenne, à 3,9 % en 2022 dans les pays avancés et à 5,9 % dans les pays émergents et en développement contre respectivement 3,3 % et 5,5 % en 2021.
L’apparition de nouveaux variants du coronavirus pourrait prolonger la pandémie et provoquer à nouveau des perturbations économiques. De nouvelles restrictions perturberaient davantage les chaînes d’approvisionnement, ce qui induirait une hausse de prix et une baisse de la croissance.
Une politique monétaire moins accommodante, en l’occurrence le relèvement des taux directeurs par les pays avancés, compromettrait la stabilité financière et ferait surgir des risques pour les flux de capitaux, les devises et les finances publiques des pays émergents et en développement, avertit la Banque centrale. A tout cela s’ajoutent les tensions géopolitiques qui restent fortes dans le monde.
Selon la Bceao, les cours mondiaux des produits pétroliers devraient connaître une hausse en 2022, suivie d’une baisse en 2023. Le cours moyen du pétrole brut (Wti) passerait de 71,5 dollars en 2021 à 100,0 dollars en 2022, avant de se replier à 92,5 dollars en 2023.
Quant aux principaux produits non énergétiques exportés par les pays de l’Union, leurs prix devraient poursuivre leur raffermissement au cours des deux prochaines années, sous l’effet de la reprise de la demande à l’échelle mondiale et de l’amélioration des perspectives économiques.
En ce qui concerne les produits alimentaires importés par l’Union, les prévisions basées sur les données du Fonds monétaire international (Fmi) indiquent une hausse des cours mondiaux. Après une augmentation de 7,3 % en 2021, les cours progresseraient de 10,0 % en 2022 puis de 5,0 % en 2023.
Toutefois, le déficit budgétaire de l’Union devrait se réduire progressivement, passant de 4,9 % du Pib en 2022 à 3,8 % du Pib en 2023. Il pourrait atteindre l’objectif de 3,0 % au maximum à partir de 2024, grâce à la rationalisation des dépenses publiques et à l’amélioration graduelle du taux de pression fiscale (télépaiement, lutte contre la fraude fiscale, renforcement des capacités des administrations fiscales, limitation des exonérations).