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Zone Uemoa: Un repli salutaire des prix mais préoccupant

Economie
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Le taux d’inflation ressort négatif (-0,2 %) dans l’Uemoa en juin dernier, selon la Bceao. Ce fléchissement du niveau général des prix, induit par la forte baisse des coûts des denrées alimentaires importées, soulage les ménages mais interpelle sur les risques de déflation.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 06 août 2025 à 11h20 Durée 3 min.
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L’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a enregistré en juin dernier une inflation annuelle négative, une première inquiétante mais révélatrice d’un retournement de tendance durable sur les prix. Selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), le taux d’inflation s’est établi à -0,2 % en glissement annuel, après une légère hausse de 0,6 % en mai. C’est donc pour la deuxième fois consécutive cette année que le niveau général des prix dans l’Union s’est situé sous la cible de stabilité des prix fixée entre 1 % et 3 % par la Banque centrale dans le cadre de la conduite de la politique monétaire, souligne le Bulletin mensuel des statistiques au titre de juin 2025 (Bceao, août 2025).

La forte baisse de l’inflation s’explique principalement par le recul des prix des produits alimentaires importés par les Etats membres de l’Union. En effet, l’indice des prix de ces denrées a chuté à nouveau de 18,3 % en juin, après une baisse de 22,1 % le mois précédent.

Des replis particulièrement marqués ont été enregistrés sur les marchés internationaux pour le riz (-28,8 %), le sucre (-18,8 %) et le blé (-14,6 %). En revanche, certains produits alimentaires ont vu leurs prix flamber, notamment les huiles (+31,2 %) et le lait (+12,8 %), ce qui limite en partie les effets bénéfiques de la désinflation pour les ménages.

Vigilance !

Malgré le net ralentissement, le taux d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits frais et l’énergie, reste stable à 0,7 % au mois de juin. Ce niveau relativement bas témoigne d’une modération des tensions structurelles sur les prix, mais confirme un essoufflement de la demande dans certaines branches de l’économie.

Si la baisse de l’inflation dans l’Union soulage temporairement les ménages en réduisant certaines charges, elle révèle aussi des risques déflationnistes dans un contexte de ralentissement de la demande mondiale. Face à cette tendance, la Bceao reste vigilante et ajuste sa politique monétaire pour soutenir la croissance sans compromettre la stabilité macroéconomique et ce, conformément à son mandat de stabilité des prix. Le 16 juin dernier, l’institut monétaire a abaissé de 25 points de base ses taux directeurs, faisant passer le taux minimum de soumission de 3,50 % à  3,25 %, et le taux du guichet de prêt marginal de 5,50 % à 5,25 %. Cette baisse des taux devrait induire un assouplissement des conditions de financement de l’activité économique au sein de l’Uemoa, selon la Banque centrale. Ainsi, la demande intérieure serait stimulée pour favoriser l’investissement productif dans un contexte de faiblesse prolongée de l’inflation.