La Nation Bénin...
Après
quatre décennies de commémoration de la Journée nationale de l’arbre (Jna) et
de la Campagne nationale de reboisement, les acteurs des ressources forestières
et de l’environnement marquent une pause pour évaluer le chemin parcouru. Il
résulte de cet exercice effectué à la faveur d’un atelier bilan et de
réflexion, organisé mardi 27 mai 2025 à Cotonou, que des efforts doivent être
davantage fournis pour contrer la déforestation et les dégradations.
Que
retenir des efforts du Bénin en matière de restauration et de reboisement de
l’écosystème forestier ces 40 dernières années? Le bilan vert du Bénin
réjouit-il ? Est-il un échec ou encore mitigé ? Comment agir à l’avenir pour
plus d’impact ? C’est à ces questions que gouvernement, société civile,
partenaires techniques et financiers et acteurs impliqués dans la gestion des
ressources forestières et la sauvegarde de l’environnement ont répondu, ce
mardi, à l’occasion d’un atelier. Le bilan dressé n’est pas reluisant malgré
les efforts fournis qui sont d’ailleurs encourageants dans certains
départements.
«
Ces résultats reflètent que des efforts de reboisement et reconstitution naturelle
de 62,7 km²/an ne compensent pas le rythme de disparition des formations
forestières de 702,17 km²/an », renseigne le Conservateur de première classe
Fiacre Codjo Ahononga, directeur de la Télédétection et du Suivi Écologique à
la direction des Eaux, Forêts et Chasse, lors de sa présentation. Les chiffres
dévoilés montrent aussi que le Bénin a bien fait d’initier la Journée nationale
de l’arbre et la Campagne nationale de reboisement pour lutter contre la
déforestation et les dégradations du couvert végétal sur son territoire, sinon
le constat serait pire. Dans le département de l’Alibori, seulement 34,83 % des
87 sites de reboisement identifiés sont en bon état. Les communes de Banikoara
et de Karimama sont au rouge avec zéro sites en bon état sur une douzaine
identifiée. Dans le Borgou, c’est la commune de Tchaourou qui est au rouge. Sur
13 sites, trois sont en bon état. Le département lui-même compte 39,25 % de
sites en bon état sur les 107 recensés.
La
situation est encore moins reluisante dans l’Atacora.
18,06 % de sites en bon état sur 216 dont le plus vieux, date de 2005. Cobly, Matéri, Tanguiéta et Toucountouna sont les communes classées dans la zone rouge pour peu ou pas de sites en bon état. Dans la Donga, 46,46 % de sites de Jna et de Cnr sont en bon état. Djougou reste le mauvais élève. Les Collines possèdent 70,34 % de sites en bon état sur 101 répertoriés, le Zou 51,38 % sur 327, l’Ouémé 46,72 % sur 244, le Plateau 27,88 % sur 165, le Couffo 53,70 % sur 203, le Mono 43,37 % sur 196 et l’Atlantique/Littoral compte 49,25 % de sites en bon état sur un total de 201.
Facteurs de dégradation
Plusieurs
raisons expliquent la déforestation et la dégradation des sites de la Jna/Cnr
depuis 1985. Le conservateur de première classe Fiacre Codjo Ahononga cite,
entre autres, l’exploitation, la divagation des animaux, les réalisations de
routes et autres ouvrages, les variabilités climatiques, l’activité de
pâturage, la destruction humaine, le mauvais entretien, etc. A l’issue des
bilans départementaux effectués, les acteurs ont formulé des recommandations
suivant les défis de chaque département, afin que le tir soit rectifié à partir
de l’édition prochaine des Jna et Cnr.
Des impacts écologiques et socio-économiques
De
2005 à 2015, selon les statistiques présentées, la dynamique de plantation
forestière a bondi de 65 % et la formation non forestière a progressé de 41 %,
contrairement à la formation forestière naturelle qui est en régression de 22
%. De 2015 à 2022, la tendance est également haussière.
6,53
% pour les plantations forestières et 8,54 % pour les formations non
forestières, contre une chute de 7,94 % pour les formations forestières
naturelles. Clairement, l’impact écologique est marqué par l’augmentation des
plantations. La tendance baissière des formations forestières s’explique
surtout par des facteurs anthropiques, selon les cadres de la direction des
Eaux, Forêts et Chasse.
Toujours
en matière d’impacts écologiques, la Jnr et la Cnr ont contribué à l’atteinte
des Odd, l’amélioration du bilan carbone, l’amélioration de la fertilité des
sols et récupération de terres incultes, la sécurisation foncière. Elles ont
aussi contribué à la promotion de la faune : cas de Bassila avec le retour des
buffles de forêt grâce aux plantations réalisées par la Sonab, la récupération
des berges et protection des cours d’eau, la lutte contre l'érosion éolienne et
fixation des sols en milieux pentus. D’autres impacts écologiques sont liés au
verdissement des villes (artères et espaces verts), de lieux publics (notamment
écoles et centres de santé), des casernes et aux créations de plantations
privées.
Les
Jnr et Cnr génèrent aussi des impacts socio-économiques. Plus de 1000
pépiniéristes, des techniciens et ouvriers de reboisement, des professionnels
du bois et autres ont fait leur entrée sur le marché de l’emploi. Elles
améliorent en outre le bien-être des populations à travers la lutte contre la
faim, etc.
Au terme de l’atelier de ce mardi, les participants ont formulé des recommandations pour insuffler un nouvel dynamisme aux Jnr et Cnr dans la perspective de résultats meilleurs. Ils ont recommandé, entre autres, l’institutionnalisation d’une compétition de reboisement sur le plan national entre les 77 communes, la réalisation d’une évaluation annuelle de la Jna/Cnr ainsi que d’une étude de référence pour un bon suivi des actions de reboisement. Ils suggèrent également de mettre en place un comité technique pour affiner leurs propositions d’amendement, explorer la proposition de création d’une agence de reboisement, commanditer une étude socio-économique approfondie sur les impacts de la mise en œuvre de la Cnr.