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Fin des travaux de protection de la côte: Grand-Popo retrouve la quiétude

Environnement
Le ministre du Cadre de vie et des Transports, José Tonato,  apprécie les ouvrages réalisés Le ministre du Cadre de vie et des Transports, José Tonato, apprécie les ouvrages réalisés

Autrefois tourmentée par une érosion côtière sévère, Grand-Popo retrouve la tranquillité grâce à la finalisation des travaux de protection de la côte. Le ministre du Cadre de vie et des Transports, José Tonato, s'est rendu, vendredi 16 juin dernier, sur place pour apprécier les impacts.

Par   Fulbert Adjimehossou, le 19 juin 2023 à 06h49 Durée 3 min.
#Grand-Popo #protection de la côte
Si ce n’est pas un épi, c’est un moteur de sable qu’on aperçoit désormais, à Grand-Popo, dans le segment frontalier avec le Togo. Ces structures de protection résistent aux assauts réguliers de l’océan. Abbeyvi Matey, dignitaire religieux, affirme  avoir désormais le cœur tranquille et les pieds au sec lorsqu’il longe ce segment, comme c’est le cas, vendredi 16 juin dernier. « Nous avons enfin les ouvrages que nous espérions tant, et nous en sommes soulagés », confie-t-il. En effet, la côte ouest du Bénin, s'étendant de Hillacondji à Agoué, était confrontée à une érosion sévère, avec une vitesse d'érosion d'environ 15 mètres par an. Cette menace entrainerait la disparition progressive d'une bande de terre longue de 23 km le long du littoral, mettant en péril plusieurs localités dont Hillacondji, Agoué, et Grand-Popo, ainsi que des infrastructures telles que des postes de contrôle juxtaposés, des écoles, des centres de santé et des hôtels de grand standing, voire le corridor Abidjan-Lagos. « Il y a trente ans, quand j’étais encore jeune, la mer était à 4 km. Puis des maisons, des étages, des terrains de football ont été engloutis progressivement », rappelle Abbeyvi Matey.
Des travaux diligents ont été alors enclenchés dans le cadre du Projet d'Investissement, de Résilience des Zones côtières en Afrique de l'Ouest (Waca ResiP). Lesquels ont été financés conjointement par le Bénin et le Togo, ainsi que par la Banque mondiale, pour un coût estimé à 63,4 millions d'euros. Ces travaux démarrés en mai 2022 pour une durée initiale de 22 mois, révisée à 19 mois, couvrent une emprise de 41 km (23 km au Bénin et 18 km au Togo). « Il était prévu la mise en place de huit épis à partir de la borne frontière Bénin-Togo, ainsi que d'un moteur de sable à partir du dernier épi sur une distance de cinq kilomètres, contre quatre initialement. Le comblement du bras lagunaire nord était également prévu, juste à la borne frontière, sur une distance d'un kilomètre, suivi de la végétalisation de toutes ces zones comblées. Nous sommes à 99 % de taux de réalisation. Ce qui importe, c'est la satisfaction des communautés», explique Eliassou Hamidou Seko, coordonnateur de l’Unité intégrée de gestion de Waca Bénin.

« L’angoisse a disparu »

Au cours de sa visite d’inspection, le ministre José Tonato a effectué un premier arrêt à la borne frontière pour observer le comblement du bras lagunaire avec 100 000 m3 de sédiments, ainsi que les épis 1 et 2 et le remplissage des casiers (35 000 m3). Depuis la fin des travaux, on observe une reconstitution naturelle de la plage sur une distance d'un kilomètre, avec une bande diurne estimée entre 80 et 100 mètres. « Je suis globalement satisfait. Aujourd'hui, tout le monde est tranquille. L'angoisse qui régnait à Hillacondji et Agoué, et dans une moindre mesure à Grand-Popo, a disparu», déclare-t-il. Ce sentiment se renforce d’une étape à une autre de la visite, après examen du rechargement massif effectué avec 6 400 000 m3 de sable. Cela a permis de reconstituer un espace de 5,3 km de long sur 200 m de large entre Louis-Condji et Agoué, où l'océan a reculé de 200 m vers l'intérieur par rapport à sa position initiale en novembre 2022. « Avant et après la mise en place du moteur de sable et des épis, les impacts ont commencé à être observés. La plage a commencé à se reconstituer naturellement, et je crois que progressivement, d'ouest en est, dans le sens du transport des sédiments, les populations constateront les effets bénéfiques attendus », ajoute José Tonato.
Étant donné que le dernier trimestre de l’année est connu pour être une période de submersion marine, de crue dans le bassin du Mono et donc d'inondations, l'équipe du projet assure que les populations n'ont rien à craindre. « L'endroit où nous avons effectué le comblement du bras lagunaire était très dangereux pendant la période de novembre et décembre en raison du phénomène de submersion marine. Ce bras se remplissait et inondait les maisons aux alentours. Ce problème est résolu. Sur la côte, de nombreuses maisons étaient menacées, mais aujourd'hui, avec la mise en place du moteur de sable et les effets naturels qui s'accumuleront progressivement, il n'y a pas de souci à se faire », affirme Eliassou Hamidou Seko. Une étude de faisabilité sera réalisée dans la perspective de stabiliser et de maintenir en permanence l'embouchure de la bouche du Roy afin de résoudre le problème des inondations.
Après la stabilisation de la côte, des aménagements récréotouristiques sont prévus. Une piste cyclable est déjà en cours d'aménagement sur 2 km entre Louis Condji et Agoué. Elle sera suivie de la plantation de cocotiers sélectionnés et traités pour le verdissement de la zone■