La Nation Bénin...
Les
forêts sacrées, considérées comme un trésor de biodiversité et un héritage
culturel à préserver, subissent l’assaut des populations qui les détruisent
sans crainte pour des usages multiples. Pourtant, elles jouent un rôle
important dans la régulation du climat.
Les
forêts sacrées du Bénin ont été désignées comme des Aires et territoires du
patrimoine autochtone communautaire (Apac), en 2003 lors du Congrès mondial des
parcs nationaux et sont désormais un modèle de gestion des aires protégées.
Mais cela n’empêche pas les assauts répétés des populations qui les détruisent
pour diverses raisons. Planète urgence Ong en identifie l’expansion des terres
agricoles pour la culture du coton et de l’igname, la coupe de bois destiné au
chauffage et à la production de charbon, la pression démographique ainsi que la
pauvreté qui poussent les communautés à exploiter les ressources forestières
pour répondre à leurs besoins essentiels. Ce qui suppose que la forêt, une
ressource naturelle qui contribue à réguler le climat est en déclin.
Le
déclin des forêts sacrées au Bénin peut aussi s’expliquer par l’expansion des
religions monothéistes, selon Planète urgence, qui a conduit à
l’affaiblissement des croyances traditionnelles et des mécanismes culturels de
protection. « Ces sanctuaires naturels, autrefois préservés par des rituels et
des interdits ont vu leur statut sacré remis en question, entraînant une
dégradation rapide, massive et réduisant leur superficie. La perte d’influence
des chefs traditionnels a amplifié cette vulnérabilité, menaçant l’existence
même de ces forêts».
Face
à cette situation, les communautés locales doivent être associées aux efforts
de conservation. « Une approche participative incluant des activités de
sensibilisation continue est essentielle pour assurer la durabilité des forêts
sacrées », a expliqué l’Ong.
Selon
les données de Global forest watch, le Bénin a perdu environ 44 000 hectares de
forêt, soit 26 % de son couvert forestier entre 2001 et 2022. Et 14 % des
forêts sacrées du Bénin ont disparu entre 2001 et 2012, selon le Cercle pour la
sauvegarde des ressources naturelles. D’autres chercheurs soulignent que près
de 85 % de la population béninoise dépend du bois-énergie pour la cuisson et le
chauffage, arguant que les alternatives énergétiques, telles que les
hydrocarbures ou l’électricité restent largement inaccessibles pour les
populations rurales, en raison de leur coût élevé.
Le Bénin dispose d’environ 2 900 forêts sacrées qui couvrent 18 400 hectares, renseigne le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Elles jouent un rôle important dans la biodiversité comme le souligne l’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn). Cette institution évoque le rôle à la fois culturel et écologique des forêts sacrées qui servent de refuges à des espèces rares. On compte des forêts fétiches (59,62 %) qui sont des espaces dédiés aux divinités et aux pratiques vodun, les forêts de sociétés secrètes d’environ 20,82 % qui abritent des rites initiatiques et des cérémonies des confréries. Les forêts communautaires d’environ 9,80 % conservées par les villageois pour des usages spirituels, culturels et écologiques et les forêts cimetières de 8,33 %.
Il faut dire que les forêts fournissent aux communautés locales des ressources à savoir des plantes médicinales, des fruits et des produits animaux essentiels à leur subsistance. Elles régulent le climat, et contribuent à la séquestration du carbone, à la protection des sols contre l’érosion. Face aux défis et enjeux environnemenaux, des initiatives de restauration des forêts constituent des options à privilégier dans les communes qui abritent lesdites forêts.