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Gestion des déchets à Cotonou: A Aïbatin, les ordures ont encore droit de cité

Environnement
La gestion des déchets demeure un véritable casse-tête à Aïbatin La gestion des déchets demeure un véritable casse-tête à Aïbatin

Malgré les campagnes de sensibilisation et les efforts répétés des autorités municipales, la gestion des déchets reste problématique à Aïbatin, quartier populaire de la commune de Cotonou. Entre dépôts sauvages, incivisme notoire et non-respect des jours de collecte, le quartier peine à se débarrasser durablement de ses vieilles habitudes.

Par   Bihoul FANOU (Stag.), le 28 mai 2025 à 07h46 Durée 3 min.
#Urbanisme au Bénin #Gestion des déchets

Les ordures ménagères s’entassent dans les coins reculés d’Aïbatin, dans les fossés, sur les domaines abandonnés et parfois même aux abords des habitations. Dans ce quartier, l’un des plus peuplés de Cotonou, la gestion des déchets demeure un véritable casse-tête. Les maisons inachevées sont devenues de véritables dépotoirs à ciel ouvert. « On jette les ordures dans la cour non bâtie d’à côté parce qu’il n’y a pas de bac à ordures ici », confie un jeune du quartier. Une habitude qui, au fil du temps, est devenue presque ''normale'', malgré les dangers évidents pour la santé publique et l’environnement. Dans certaines ruelles, il suffit de quelques gouttes de pluie pour qu’une odeur repoussante envahisse tout le voisinage, rendant l’air irrespirable.

Depuis l’avènement de la Société de gestion des déchets et de la salubrité (Sgds), la collecte des ordures est censée se faire deux fois par semaine, les mardis et vendredis. Mais ce calendrier n’est pas toujours respecté par les prestataires et les populations elles-mêmes. Certains ne sortent pas leurs poubelles aux jours indiqués, d’autres abandonnent leurs ordures sur les voies publiques ou dans des concessions inhabitées, souvent à la faveur de la nuit.

Dame Huguette A., riveraine depuis plusieurs années, témoigne : « Avec l'avènement de la Sgds, j’avais remarqué une nette diminution des ordures autour de ma maison. Mais depuis que les paiements ont été instaurés, certains ont recommencé à jeter leurs déchets n’importe où. Je ne comprends pas ce qu’ils ont dans la tête ! »

Même frustration chez Didier, un autre habitant: « Ces gens sont de mauvaise foi. Tu te réveilles le matin et tu trouves un tas d’ordures devant chez toi. Certains vont jusqu’à déféquer en plein air ! Pourtant, les agents de la Sgds passent régulièrement les mardis et les vendredis ».

 

Situation aggravante

Lorsque les premières pluies tombent, les habitants d’Aïbatin redoutent le pire. Les ordures non ramassées, mêlées aux eaux stagnantes, dégagent une odeur nauséabonde. Les caniveaux bouchés deviennent alors des nids de moustiques et des foyers d’infections. Selon Paul, la zone devient invivable dès qu’il pleut. L’odeur est insoutenable. Le pire, souligne-t-il, ceux qui déposent les ordures ici et là, ne vivent pas parfois dans le quartier. «Ils n’en subissent donc pas les conséquences. », a-t-il ajouté. La situation à Aïbatin illustre un mal plus profond notamment le manque de conscience collective face aux enjeux environnementaux. Si la Sgds peine à couvrir toutes les zones, l’incivisme d’une partie de la population aggrave la crise. La salubrité d’un quartier ne dépend pas uniquement de la municipalité ou des sociétés de collecte. Elle repose avant tout sur la discipline et la responsabilité de chacun. En attendant un éventuel renforcement du système de gestion des déchets et une application plus stricte des sanctions prévues, le quartier d’Aïbatin continue de subir au quotidien les effets néfastes de pratiques banalisées, mais dangereuses.