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Inondation urbaine en Afrique: Comment Cotonou y fait face

Environnement
Le gouvernement béninois a engagé des efforts considérables pour atténuer  les dégâts du fait des inondations Le gouvernement béninois a engagé des efforts considérables pour atténuer les dégâts du fait des inondations

Les risques d’inondation dans les villes africaines accroissent la vulnérabilité des populations mais aussi des pays face aux changements climatiques. Ces menaces sont dues en partie à un défaut de planification des pays, confrontés à une augmentation très rapide des populations vivant dans les villes. Dans le lot des capitales fortement touchées ou à risques, Cotonou se distingue à travers plusieurs projets de construction.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 19 sept. 2025 à 08h26 Durée 3 min.
#Inondation urbaine

Selon les spécialités, l'Afrique est le continent qui connaît la croissance urbaine la plus rapide au monde. Au cours des trois dernières décennies, le nombre de villes africaines a plus que doublé, passant de 3 300 à 7 600 villes et la population urbaine aurait augmenté d'environ 500 millions de personnes.

Avec un taux d'urbanisation de 4,4 % par an, le plus élevé du monde, près d'un milliard d'Africains vivront bientôt dans des villes. « Plus de la moitié des Béninois vit en ville depuis 2017», informe Ghislain Hounnou, directeur général du Développement urbain, lors de l’atelier de Cotonou sur les villes durables.

Cette urbanisation spectaculaire, non planifiée pour la plupart des villes, accroît dramatiquement l'exposition aux risques climatiques. « Dans la seule décennie écoulée, les inondations ont représenté 65 % des catastrophes administrées en Afrique subsaharienne et causé environ 24 % des décès liés aux désastres. Le nombre d'événements d'inondations a été multiplié par cinq depuis les années 1990. Les zones côtières, qui concentrent déjà la moitié de la population africaine et dont les habitants devraient tripler d'ici 2060, voient la montée des eaux s'accélérer plus vite que la moyenne mondiale. Cette tendance place nos villes en première ligne avec des infrastructures endommagées, des pertes économiques, des risques sanitaires et souffrances humaines », déplore Ghislain Hounnou.

Au Bénin, la vulnérabilité est particulièrement forte. Plus de 55 % de la surface urbanisée du Cotonou est exposée aux inondations. Près de 400 000 habitants sont directement affectés lors des crues du lac Nokoué et à chaque saison pluvieuse, des zones habitées sont inondées, avec des pertes économiques chiffrées à plusieurs milliards de francs Cfa, rappelle le directeur du Développement urbain.

Face à cette réalité et conscient de la gestion durable des villes, le gouvernement béninois a engagé des efforts considérables pour tenter d’atténuer les dégâts subis de plein fouet. Plusieurs projets ont été alors mis en œuvre.

Entre autres projets adaptés à la situation, il y a le Programme d'assainissement pluvial de Cotonou. Ses travaux, réalisés avec l'appui de plusieurs partenaires d’ici et d’ailleurs ont permis de construire et de réhabiliter des collecteurs primaires et secondaires, de mettre en place des bassins de rétention et des dispositifs de drainage innovants. Le projet d'asphaltage, qui est à sa deuxième phase, a permis d'assainir et d'aménager des centaines de kilomètres de rue de façade à façade dans plusieurs villes du Bénin. « Nous pouvons également citer le projet Porto-Novo Ville verte, réalisé avec l'appui de l'Afd, qui a permis de doter la mairie de Porto-Novo d'outils pour la maîtrise du développement de la ville, d'améliorer les conditions de vie des riverains de la lagune en aménageant des rues pour les promenades sur la berge », ajoute Ghislain Hounnou.

Une autre initiative est actuellement en cours de déploiement. Il s’agit du Programme Building Resilient and Inclusive Cities (Bric) qui va accompagner sept des communes chefs-lieux de département (Allada, Aplahoué, Dassa-Zoumé, Djougou, Kandi, Lokossa et Pobè) à relever leur niveau de résilience par rapport aux questions de vulnérabilité climatique. L’on peut aussi relever les prouesses du programme intégré de lutte contre l'érosion côtière, le Projet d'investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l'Ouest (Waca Resip) qui protège le littoral béninois très essentiel à l'économie. Le programme d'adaptation des villes au changement climatique (Pavic) a aussi permis de doter quatre des communes du Bénin de plans directeurs d'urbanisme, renforcé les réseaux de drainage et amélioré un certain nombre de capacités au niveau des communes bénéficiaires.

Pour le directeur de l’Urbanisme, ces initiatives sont des pas décisifs mais elles doivent s'inscrire dans une stratégie plus large, coordonnée à l'échelle régionale et continentale afin de tendre vers la gestion intégrée du risque d’inondation.