La Nation Bénin...
Le préfet du Littoral, Modeste Toboula, précise dans cet entretien les objectifs de l’opération de déguerpissement des espaces publics qui suscite la polémique au sein des populations. Selon lui, il n’est pas question de penser que l’Etat doit passer au relogement des occupants illégaux avant qu’on opère le déguerpissement. Interview...
La Nation : L'opération de déguerpissement des espaces publics est-elle uniquement destinée à la ville Cotonou ?
Modeste Toboula : Le déguerpissement est une opération nationale. La décision prise par le gouvernement depuis le 15 juin dernier concerne l’ensemble des chefs-lieux de département et certaines villes secondaires. Ce n’est pas une activité spécifique au département du Littoral. La ville de Cotonou étant la capitale économique du Bénin, les activités commerciales sont beaucoup plus concentrées ici que dans les autres départements. Du coup, le regain par rapport à ces activités à Cotonou n’est pas le même qu'au niveau des autres chefs-lieux. C’est ce qui justifie certainement les prises de position sont observées de part et d’autre depuis quelques temps lorsque cette mesure a commencé par être mise en œuvre, ne serait-ce que dans la phase de marquage des édifices à enlever.
Quel est le but visé par cette opération ?
L’objectif de l’opération se situe à trois niveaux. Au premier niveau, il s’agit de l’occupation du domaine public. Le domaine public est un domaine de prédilection du droit public ayant des principes qui le caractérisent comme le principe de l’inaliénabilité et de l’imprescriptibilité. Dans cette dynamique, l’Etat a donné six mois pour permettre aux populations de prendre leurs dispositions et d’opérer des déplacements qui s’imposent. L’Etat n’a pas voulu intervenir avant la fête de fin d’année pour permettre aux populations de faire les dernières recettes de l’année. Histoire de bien fêter et au même moment où les fêtes se déroulent que les intéressés puissent prendre les dispositions utiles afin d’opérer par eux-mêmes leur déplacement. Du point de vue social, c’est une mesure maîtrisée.
Quelles solutions préconisez-vous au sujet du relogement ?
Quant au relogement, il faut noter que certaines personnes ont des contrats avec la mairie. Des contrats où ils payent des redevances. Je voudrais rappeler qu’en matière d’occupation publique, il n’y a pas de contrats qui prévalent dans la mesure où le domaine en lui-même n’est laissé que pour une jouissance précaire. Il n’est pas question de penser que l’Etat doit passer au relogement des occupants illégaux avant qu’on opère le déguerpissement. Cela est fondamental à comprendre. Maintenant pour des questions uniquement sociales, l’Etat peut être amené à faire un certain nombre de propositions. Cela ne pourrait pas concerner tout le monde. Cela peut concerner quelques-uns qui auraient émis le vœu d’être relogés et qui sont disposés à en payer le prix.
Cette mesure prise est jugée par les revendeurs de friperie d’arbitraire. Qu’en dites-vous ?
A tort, ils peuvent penser que c’est une décision unilatérale du préfet du Littoral. Ce qui n’est pas le cas. Ce n’est pas la peine de sacraliser le débat à Cotonou et pour commettre des actes d’incivisme. Je voudrais dire que la zone de Gbogbanou et de Missèbo est une zone commerciale par prédilection. Et cela n’est pas une raison pour laisser aller à l’anarchie. Par rapport à leur démarche, je crois que les revendeurs ont intérêt à renégocier au lieu de s’obstiner à faire obstruction à la décision du gouvernement. Ce qui leur revient, c’est d’exécuter les décisions que le gouvernement prend pour le bien-être général. La question, c’est de garantir la justice dans la mise en œuvre de cette action, l’éthique et la transparence. C’est pour cette raison que je voudrais inviter ceux-ci à savoir raison garder. Ils ont certes raison ; mais ce n’est pas fait à dessein contre quelqu’un. Il y a plus de fantaisie par endroits que nous allons corriger avant de commencer l’opération proprement dite. Donc il est prévu une phase de contrôle du marquage et à cette phase, nous allons rectifier le tir et le paysage à ce niveau sera clair avant que l’on aille à la phase répressive.
Propos recueillis par Esther TOFFOUN ( Stag)