La Nation : Comment se porte l'ananas bio au Bénin ?
Bertille Guèdègbe Marcos: L'ananas bio se porte bien. La matière première est d'une qualité très élevée et très appréciée, surtout sur le marché international. Cependant, sur le marché local et régional, les gens ont du mal à l'acheter en raison de son coût élevé. Il y a des frais supplémentaires liés aux certificats, qui s'ajoutent à nos coûts de production. Je pense aussi, sans avoir mené d'enquête, que nos populations veulent consommer des aliments sains, mais elles ne prennent pas toujours le temps de vérifier si les produits sont bio ou non. Il n'y a pas encore une réelle culture du bio, en dehors de quelques personnes informées et conscientes de ce dont il s'agit. L'ananas bio est unique en termes de goût. Il est cultivé dans un environnement respectueux du sol et de l'environnement, ce qui contribue à une meilleure santé et à un bien-être accru. De plus, la production d'ananas bio offre une source de revenus améliorée aux producteurs, par rapport à leurs cultures habituelles.
Néanmoins, les producteurs bio rencontrent certaines difficultés. Comment les décideurs peuvent-ils vous aider à respecter les normes de qualité ?
Je travaille avec un réseau de producteurs d'ananas certifiés depuis des années, qui sont familiers avec la certification bio. Le réseau compte environ 1600 producteurs, dont 300 sont spécialisés dans le bio, tandis que les autres pratiquent l'agriculture conventionnelle. En ce qui concerne les difficultés, les réglementations bio exigent que les terres en friche destinées à la culture soient certifiées avant la production. Les auditeurs doivent venir certifier ces terres pour s'assurer qu'elles n'ont pas été exposées à l'utilisation de pesticides. Or, l'ananas est du terroir du sud du Bénin, où l'urbanisation galopante entraine des problèmes fonciers pour le producteur qui souhaite posséder sa propre parcelle tout en disposant de terres en réserve pour obtenir la certification à l'avenir. Il est essentiel que les décideurs veillent à sécuriser les terres en friche pour la production d'ananas bio. Cette mesure devrait être mise en place rapidement.
Outre cette difficulté, quels autres obstacles entravent les efforts des producteurs d'ananas bio ?
L'État a déployé de nombreux efforts d'accompagnement en faveur des producteurs. En particulier, lorsque l'utilisation du carbure de calcium a été interdite dans l'une des réglementations récentes sur le bio. Le ministère de l'Agriculture a réellement soutenu la mise en place d'un système de traitement à base d'induction florale qui n'utilise plus de carbure de calcium. Il a même veillé à ce que des entreprises au Bénin produisent l'élément nécessaire pour cette induction florale sans recourir au carbure de calcium. Nous sommes soulagés de cette avancée.
En tant que présidente honoraire de l'interprofession de l'ananas, quel est votre point de vue global sur le secteur ?
Selon moi, le secteur de l'ananas se porte bien. Nous constatons une certaine croissance. Il est vrai que toute activité comporte des difficultés, et nous ne pouvons pas dire que ces difficultés freinent l'évolution de notre secteur. Il est nécessaire de travailler à les corriger. Comme pour toutes les autres filières, les acteurs du secteur de l'ananas s'efforcent de résoudre ces difficultés.